« L’Italo-Sudéois aurait confié à plusieurs parties à New York qu’il n’écarte pas la possibilité de rendre son tablier. Il est très déçu du peu d’engagement des parties à reprendre le processus politique », a-t-on fait valoir.
S. De Mistura se heurte aux refus de l’Algérie et du Polisario de reprendre leurs places dans le cadre des tables rondes de Genève, initiées par son prédécesseur l’Allemand Horst Köhler, avec la tenue des rounds en décembre 2018 et mars 2019. Les deux alliés exigent, en revanche, des négociations directes entre le Maroc et le Front séparatiste.
Une condition rejetée par Rabat qui exige, à son tour, l’impératif de la présence d’Alger à la table des négociations. « Sans la participation de l’Algérie, il n’y aura pas de processus politique », avait souligné Omar Hilale, représentant permanent du royaume aux Nations unies, lors d’une réunion du Comité spécial des 24 de l’ONU tenue en août 2021 en République dominicaine.
S. De Mistura est aussi très remonté contre des membres permanents du Conseil de sécurité, à qui il reproche de ne pas exercer de réelles pressions sur les parties afin qu’elles acceptent de renouer le fil du dialogue, rompu depuis mars 2019.
La frustration exprimée par le haut diplomate onusien aura été perçue à sa juste valeur par les Etats-Unis qui ont réagir en exprimant l’appui sans concession aux efforts de S. De Mistura. Le communiqué du 14 mai sanctionnant l’échange téléphonique entre Antony Blinken et son homologue marocain, Nasser Bourita, en fait foi. « Le secrétaire Blinken a affirmé que les Etats-Unis soutiennent l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, alors qu’il intensifie le processus de l’ONU sur le Sahara occidental vers une solution politique durable et digne pour le peuple du Sahara occidental et de la région », a indiqué le porte-parole du Département d’Etat. Pas besoin d’être clerc pour affirmer que ce soutien officiel de l’administration Biden visait surtout à rassurer le messi dominici onusien.
L’Italo-Sudéois qui a pris officiellement ses fonctions le 1er novembre 2021 n’a pas réussi à réunir les parties dans un cadre de négociations. Une démission de S. de Mistura s’ajouterait à une longue série de départs justifiés par l’échec des efforts de médiation. En effet, tous ses prédécesseurs ont dû se résoudre à jeter le tablier, à commencer par l’Américain James Baker (1997-2004), le Néerlandais Peter van Walsum (2005-2008), l’Américain Christopher Ross (2009–2017) et l’Allemand Horst Köhler (2017-2019).
Dans les jours à venir, le sort de la mission dévolue à S. De Mistura devrait être fixé. Le médiateur onusien est appelé à discourir lors d’une conférence politique organisée en Italie. Franchira-t-il le Rubicon ?
