« Une telle option pourrait s’appuyer sur les limites de la partie du Sahara occidental qui était contrôlée par la Mauritanie, dans le cadre de l’accord avec le Maroc, entre 1976 et 1979 ». S. De Mistura se réfère aux accords de Madrid de novembre 1976 entre le Maroc, la Mauritanie et l’Espagne.
« Une telle option pourrait permettre la création d’un État indépendant dans la partie sud, et d’autre part l’intégration du reste du Territoire au sein du Maroc, dont la souveraineté serait reconnue internationalement. Un tel compromis pourrait être un moyen de concilier à la fois les revendications d’indépendance et le plan d’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine, tout en permettant l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, qui aurait dans ce cas la possibilité de décider où il voudrait vivre et dans quel environnement politique », ajoute-t-il dans le paragraphe 18 de son texte.
La proposition de S. de Mistura ne constitue pas une nouveauté. Le projet, initialement soufflé par Alger, avait été au menu d’une rencontre en novembre 2001 aux États-Unis, entre James Baker, alors envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, et Abdelaziz Bouteflika, ex-président algérien aujourd’hui disparu. Un fait que Omar Hilale, ambassadeur marocain, avait rappelé en juin 2019 lors d’une session du Comité 24.
Le Maroc avait rejeté la division du Sahara occidental. « À propos de l’idée de partition de nos provinces du sud, que les autorités algériennes ont initiée et proposée », la qualifiant d’« extrêmement dangereuse pour la stabilité de l’ensemble de la région », indiquait alors un communiqué de la diplomatie marocaine. L’Algérie, « en marquant sa disponibilité à discuter d’une partition territoriale, dévoile au grand jour ses véritables motivations dans ce conflit artificiel qu’elle a créé de toutes pièces et entretenu systématiquement depuis », précisait la même source. En revanche, le Polisario avait observé le silence.
Le Polisario a rapidement réagi à la proposition de partition défendue par S. de Mistura. Le Front s’est empressé d’affirmer, via un communiqué publié jeudi soir, que « lors de la réunion du 3 octobre 2024 (entre Brahim Ghali et De Mistura dans les camps de Tindouf, ndlr), le Polisario a déclaré de manière catégorique et décisive qu’il n’accepte de discuter d’aucune proposition ou idée, de partition ou autre, qui sorte du cadre juridique du conflit du Sahara occidental ». Et de rappeler que « l’État occupant marocain, après son invasion militaire du Sahara occidental le 31 octobre 1975, a divisé le territoire avec la Mauritanie le 14 avril 1976, en violation flagrante des principes du droit international et du statut international et de l’intégrité territoriale du Sahara occidental en tant que territoire soumis à la décolonisation ».
S. de Mistura a annoncé, dans son intervention au Conseil de sécurité, avoir «discrètement» abordé la partition du territoire «avec tous les intéressés» par ce dossier. Pour rappel, le Polisario avait observé le silence, en 2002, lorsque J. Baker avait présenté la même proposition.
Dans une nouvelle lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, le chef du Polisario se plaint du refus des hauts cadres de la MINURSO de rencontrer ses représentants dans « les territoires libérés ». Ce rejet est « dangereux et déplorable, car il fait écho à la position de l’État occupant », souligne B. Ghali. « D’anciens représentants spéciaux du Secrétaire général, dont M. Sahabzada Yaqub Khan du Pakistan, M. Julian Harston du Royaume-Uni et M. Wolfgang Weisbrod-Weber d’Allemagne, entre autres, se sont rendus dans les territoires libérés du Sahara occidental et ont tenu des réunions avec de hauts responsables du Front POLISARIO, principalement à Tifariti et sur d’autres sites », a-t-il expliqué.
« Les rencontres avec les dirigeants civils et militaires de la MINURSO ne peuvent avoir lieu que dans les territoires sahraouis libérés », a martelé le chef du Polisario. En mars 2016, l’ancien secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’était rendu à Tifariti où il avait prononcé un discours avec une tonalité anti-marocaine.
Néanmoins, la donne a évolué depuis. C’est suite à l’élection d’Antonio Guterres, le 1er janvier 2017, au poste de secrétaire général de l’ONU, que la MINURSO a décliné toutes les invitations dans les « territoires libérés » pour y rencontrer des hauts cadres du Polisario.
B. Ghali s’était d’ailleurs plaint dans une lettre adressée en décembre 2019, à A. Guterres, du refus de l’ancien chef de la MINURSO, le Canadien Colin Stewart, de se réunir avec les membres du Front dans les «territoires libérés». Une ligne de conduite suivie par son successeur, le Russe Alexander Ivanko.
Dans sa résolution du 27 avril 2018, le Conseil de sécurité s’est dit « préoccupé par la présence du Front Polisario dans la zone tampon de Guerguerat et demande son retrait immédiat ». Préoccupé également par le fait que le Front séparatiste a annoncé qu’il prévoyait de déplacer des fonctions administratives à Bir Lahlou, le Conseil lui a demandé de s’abstenir de tels actes déstabilisateurs. La même année, en réaction à l’annonce par le Polisario d’organiser un défilé militaire à Tifariti, A. Guterres avait vainement mis en garde le Polisario contre toute action « susceptible de modifier le statu quo ». A signaler qu’au moment où le Conseil de sécurité de l’ONU a commencé l’examen de la question du Sahara occidental, un drone des Forces armées royales (FAR) a avorté une opération menée par des éléments du Polisario, près de la localité de Mijek, située à l’est du Mur des Sables. Pour rappel, A. Guterres, a souligné dans son dernier rapport sur la situation dans la province que les incidents armés « signalés à la MINURSO par les parties se concentrent dans la région nord, près de Mahbas, et la région sud-est, près de Mijek ».