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Doha-Bagdad : Retrouvailles et business

L’émir du Qatar a fait un déplacement jeudi à Bagdad pour une visite de quelques heures aux « dimensions politiques et économiques », assure-t-on. Cette visite intervient au moment où l’Irak, asphyxié, s’ouvre davantage à ses partenaires régionaux pour doper son économie et ses infrastructures défaillantes.
Retrouvailles et business

Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani a été accueilli à sa descente d’avion à l’aéroport de Bagdad par Mohamed Chia al-Soudani, Premier ministre irakien. Les relations entre les deux pays riverains du Golfe ont connu un long froid, notamment à l’époque où Saddam Hussein dirigeait l’Irak, avant de se réchauffer il y a une dizaine d’années.

Aujourd’hui, l’Irak, pays immensément riche en hydrocarbures mais où un tiers de la population vit dans la pauvreté, cherche à nouer des partenariats pour reconstruire ses infrastructures en déliquescence après quatre décennies de guerre.

Au cours de la visite de l’émir à Bagdad, les « dossiers économiques occuperont une place prépondérante », a indiqué une source diplomatique irakienne interrogée par l’AFP. « Nous assisterons à la signature de nombreux protocoles d’accord dans divers secteurs », a prédit ce responsable, sans donner toutefois plus de précisions.

QatarEnergy a accepté, sur invitation du français TotalEnergies dont la participation dans le consortium se monte à 45%, d’entrer à hauteur de 25 % dans le Gas Growth Integrated Project-GGIP, projet à 10 milliards de dollars visant à mieux exploiter les ressources en gaz de l’Irak et améliorer l’approvisionnement en électricité -défaillant– du pays. Dans le tour de table, Basrah Oil Company détient 30% du capital.

Fin mai, le Qatar a aussi participé avec de nombreux autres pays de la région à une conférence à Bagdad où l’Irak a dévoilé un très ambitieux projet de construction d’une route et d’une voie ferrée reliant le Golfe à la frontière turque. La « Route du développement », évaluée à 17 milliards de dollars par le gouvernement irakien, n’en est qu’au stade embryonnaire, puisque le premier coup de pelle de ce corridor long de 1 200 km n’a pas encore été donné.

Le bilan du déplacement de l’émir du Qatar en Irak s’est soldé par la signature d’une « déclaration d’intention conjointe » et un certain nombre d’accords et de mémorandums d’accord dans plusieurs domaines entre les deux parties. Selon l’agence de presse irakienne INA, « la cérémonie de signature a été suivie par le Premier ministre Mohammad Shiaa al-Sudani et l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al Thani ». Les deux parties ont signé un mémorandum d’accord dans le domaine des transports aériens et terrestres, et un autre mémorandum pour annuler les mesures de visa pour les titulaires de passeports diplomatiques.

En ce qui concerne les pourparlers, l’Emir du Qatar a affirmé que sa visite en Irak « reflète la profondeur des relations entre nos deux pays frères ».

Lors d’une conférence de presse conjointe avec al-Sudani, Tamim ben Hamad Al Thani a assuré que « le renforcement des relations dans le domaine de l’énergie, du commerce et de l’économie a été discuté », ajoutant que « des accords ont été signés entre les secteurs privés en Irak et au Qatar », soulignant que « l’importance des initiatives régionales pour renforcer les relations entre les pays de la région, y compris le projet de connexion électrique ». Et de poursuivre : « Nous nous rendons compte de l’importance de l’Irak dans la région », notant que sa sécurité fait partie de la stabilité de la région, tout en relevant « qu’ils ont discuté des derniers développements dans la région et nous avons souligné la nécessité de donner la priorité au dialogue. »

Il a annoncé qu’il avait convenu avec Al-Sudani que « les échanges commerciaux entre l’Irak et le Qatar devraient se développer ».

Pour sa part, Al-Sudani a réaffirmé « la création d’un bloc économique entre les pays arabes et les pays de la région (…) et la coordination des positions concernant les défis communs dans la région ».  L’Irak a retrouvé, devait-il préciser, « sa position et son rôle naturels dans la région, et il est prêt à travailler pour parvenir à la paix et à la prospérité », faisant référence à l’accueil par son pays de la « Conférence Bagdad 2023 pour l’intégration économique et la stabilité régionale » à la fin de l’année, ajoutant que « l’Irak a des réserves de pétrole de 145 milliards de barils », exprimant la volonté de son pays « d’investissements mutuels avec des frères, notamment au Qatar ». Et il a indiqué qu’il avait discuté avec l’émir du Qatar « des opportunités d’investissement dans la construction et la reconstruction à l’intérieur de l’Irak, et la participation d’entreprises qataries dans des projets d’infrastructure ».

Basem Al-Awadi, porte-parole du gouvernement irakien, a révélé le contenu de la déclaration d’intention conjointe entre l’Irak et le Qatar, signée lors de la visite du leader du Qatar à Bagdad.il est question de
poursuivre et maintenir la coordination politique et sécuritaire et la consultation sur les questions d’intérêt commun, d’élargir les horizons de l’investissement et de la coopération commerciale, en particulier dans la voie du développement et de la constitution d’une équipe spéciale pour assurer le suivi des différents projets communs.

Les deux parties ont aussi convenu de booster le niveau d’investissement et de coopération économique dans le domaine de l’énergie (pétrole/gaz/énergies renouvelables) d’activer et faciliter les procédures d’investissement et de circulation entre les deux pays et, enfin, de renforcer la coopération dans le domaine du climat et de l’environnement.

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