Il y a plusieurs raisons qui expliquent cet endettement excessif. Profitant des taux d’intérêt faibles, instaurés après la crise financière de 2008, les États mais aussi les entreprises et les ménages se sont endettés massivement. Autre raison ; lors de la pandémie de Covid-19, les États ont adopté des mesures de soutien budgétaire pour répondre à la chute brutale de l’activité économique et stimuler la croissance. A cela s’ajoute l’inflation qui s’est accélérée avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie ; de nombreux gouvernements ont dépensé davantage pour répondre à la flambée des prix des produits alimentaires et de l’énergie. Toutes ces mesures ont été financées par la dette qui, ainsi, grandit.
Les perspectives d’une crise financière sont plus faibles dans les pays développés, qui ont des mécanismes de surveillance, des marges de manœuvres et des banques centrales solides.
En revanche, il y a un réel danger pour les pays en développement à faibles revenus. « La dette pour les pays notamment africains a, par exemple, plus que doublé ces dix dernières années. Et le problème, c’est que la hausse des taux d’intérêts de la Réserve fédérale américaine augmente la valeur du dollar, ce qui augmente automatiquement la dette que les pays africains doivent rembourser, car ils se sont endettés beaucoup en dollars », estime Thomas Grjebine, responsable du programme macroéconomie au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII). Selon lui, « entre 2020 et 2023, il y a eu neuf défauts souverains parmi ces pays, ce qui est un record ».
En effet, selon le Fonds monétaire international (FMI), la dette des pays en développement a augmenté de manière significative au cours des deux dernières décennies. Selon l’institution basée à Washington, plus de la moitié des pays en développement à faibles revenus sont en situation de surendettement. Une dette qui étrangle ces pays et empêche leur développement économique. Une situation dénoncée par l’ONU : « La crise de la dette est une catastrophe pour les pays pauvres », a dénoncé cet été Antonio Guetteres, secrétaire général des Nations unies. Selon lui, l’humanité vit dans des pays qui dépensent plus en intérêts de leur dette que pour l’éducation ou la santé.
L’endettement de la Chine a atteint près de 272 % de son PIB l’an dernier. Selon le FMI, l’empire du milieu a joué un rôle central dans l’augmentation de la dette mondiale au cours des dernières décennies, ses emprunts ayant dépassé la croissance économique. En effet, pour financer sa forte croissance économique, le gouvernement chinois mais aussi les entreprises et les collectivités locales se sont lourdement endettés ces vingt dernières années. Face à ce constat, le FMI appelle de nouveau les responsables politiques du monde entier à « prendre des mesures urgentes pour inverser la courbe de l’endettement à long terme ».