Après l’effondrement du barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, 2 700 maisons dans 15 agglomérations de la région de Kherson ont été inondées. 7 juin : la ville de Novaïa Kakhovka, voisine du barrage « Selon les dernières données, l’eau a inondé environ 2 700 maisons dans 15 agglomérations de la région de Kherson. Au total, 22 000 personnes y vivaient. Près de 1 300 personnes ont été évacuées », a rapporté l’agence TASS, après l’effondrement du barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka. La menace pèse sur 80 agglomérations, qui pourraient être inondées. Les autorités, qui ont déclaré l’état d’urgence dans la région, ont déployé 40 abris temporaires pouvant accueillir jusqu’à 5 500 personnes, 345 civils y ayant déjà été placés. Dans la ville voisine du barrage, le niveau d’eau a dépassé 12 mètres après sa rupture. Ce 7 juin, l’administration du district urbain de Novaïa Kakhovka a signalé sur sa chaîne Telegram que le niveau de l’eau avait baissé dans les rues. Au matin du 6 juin, le barrage hydroélectrique de Kakhovka, situé dans les zones russes de la région de Kherson, a été partiellement détruit. L’effondrement du barrage de l’usine a causé de graves dommages à l’environnement, mais aussi touche les terres agricoles le long du Dniepr, qui ont été emportées.
Le sabotage contre la centrale hydroélectrique de Kakhovskaya a été lancé « sur ordre de Kiev », l’Ukraine doit donc assumer « l’entière responsabilité » des conséquences de cette situation, a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin. Kiev a en retour accusé la Russie d’avoir fait sauter le barrage. « Le monde doit réagir », a lancé Volodymyr Zelensky sur Telegram, accusant de surcroît la Russie « d’écocide ».
Pris dès le début de l’offensive russe en Ukraine, ce barrage permet notamment d’alimenter en eau la péninsule de Crimée, rattachée à la Russie en 2014 par Moscou. Aménagé sur le fleuve Dniepr en 1956, pendant la période soviétique, l’ouvrage est construit en partie en béton et en terre. Il s’agit de l’une des plus grandes infrastructures de ce type dans la région.
Par ailleurs, l’armée russe a reconnu mardi la mort de 71 de ses soldats dans les opérations destinées à repousser des attaques ukrainiennes sur tout le front ces trois derniers jours, et assuré que les Ukrainiens ont perdu 3.700 hommes.
« Au total, 71 militaires ont été tués et 210 ont été blessés » parmi les forces « engagées pour repousser l’attaque ennemie », a déclaré Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense dans un communiqué, alors que Moscou fait rarement état des pertes dans les rangs de ses troupes. De même pour Kiev.
S. Choïgou a aussi fait état de 15 chars et neuf blindés endommagés, ainsi que deux voitures et neuf pièces d’artillerie.
Selon lui, l’Ukraine a lancé « une grande quantité d’équipements et de forces » sur différentes parties du front à partir de dimanche et a subi des pertes dans ces attaques. « Les tentatives d’attaque ont été déjouées (…) l’ennemi n’a pas atteint ses objectifs, il a subi des pertes importantes », a-t-il ajouté.
La Russie avait déjà affirmé lundi 5 juin avoir contré des attaques ukrainiennes d’ampleur. L’Ukraine a de son côté revendiqué des gains territoriaux près de la ville dévastée de Bakhmout, l’épicentre des combats. Sans indiquer le chiffre de ses tués et pertes.
Selon le ministre russe de la Défense, ces trois derniers jours, les forces armées ukrainiennes ont perdu plus de 3.700 soldats, ainsi que 207 blindés, 134 autres véhicules, cinq avions, deux hélicoptères, 48 pièces d’artillerie et des drones. Les militaires russes ont également réussi à détruire huit chars Leopard de conception allemande et trois à roues, des AMX-10RC de conception française. Ceci sans compter 136 équipements militaires, dont 79 de production étrangère, poursuit-il, selon l’agence russe Sputnik.
Selon le New York Times, dont les données recueillies à partir de responsables américains rendent compte du lancement de la contre-offensive ukrainienne, il n’est pas clair comment ces gains ont été réalisés.
S. Choïgou a également accusé les forces ukrainiennes d’être responsables de la destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka, situé à 150 km de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine. Cette centrale est occupée par les Russes mais supervisée par l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA)
Selon le ministre russe, ce « sabotage » vise à « empêcher les actions offensives de l’armée russe sur cette partie du front », alors que Kiev serait selon lui en train de transférer des troupes depuis ce secteur pour renforcer son potentiel d’attaque ailleurs.
En décembre 2022, le général ukrainien Andriy Kovalchuk expliquait au Washington Post que le barrage de Kakhovka était une cible importante pour Kiev. « Les Ukrainiens ont même mené une frappe d’essai avec un lanceur HIMARS sur l’une des vannes du barrage ». « Le test a été un succès », se réjouissait-il.
« Il n’y a pas de danger nucléaire immédiat », a affirmé sur Twitter l’AIEA dont les experts présents sur le site « surveillent de près la situation ».
Le niveau d’eau dans le réservoir de refroidissement de la centrale nucléaire de Zaporojié a sérieusement diminué suite à la destruction du barrage de Kakhovka, a déclaré le directeur général de l’AIEA.
Un manque d’eau continu pourrait perturber le fonctionnement des générateurs diesel d’urgence, selon Rafael Grossi. La centrale utilise l’eau du fleuve Dniepr pour refroidir le combustible des cœurs des réacteurs.
Même diagnostic du côté de l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui écarte par ailleurs « tout risque d’inondation puisque le barrage est en aval, et non en amont », à 150 kms, a précisé à l’AFP Karine Herviou, directrice générale adjointe. « La bonne nouvelle est que les réacteurs sont à l’arrêt depuis plusieurs mois. La puissance est donc plus faible », et les calories à évacuer moindres par rapport à un site en fonctionnement, ajoute-t-elle.
Cette centrale, la plus grande d’Europe, produisait auparavant 20% de l’électricité ukrainienne. Elle a continué à fonctionner les premiers mois de l’opération russe avant d’être stoppée en septembre. Depuis, aucun de ses six réacteurs ne génère de courant.
Seule l’Ukraine s’est montrée alarmiste. « Le monde se retrouve une fois de plus au bord d’une catastrophe nucléaire car la centrale a perdu sa source de refroidissement » et « ce danger augmente désormais rapidement », a déploré Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne dans un message adressé à des journalistes.