Les manifestants expriment leur colère face à la coalition de B. Netanyahu qui tente de circonscrire le pouvoir de la Haute Cour de justice. Si les manifestations ont secoué tout le pays, celle de Tel Aviv est la plus massive, comme le rapportent la Douzième et Treizième chaînes en faisant valoir que 80 000 personnes ont pris part à ce rassemblement. Soit deux à trois fois moins de participants qu’au début de la colère qui s’est emparée de la rue israélienne. Moshe Yaalon, ancien ministre de la Défense, était parmi les orateurs, aux côtés de Shikma Bressier et Shay Bramson de Havruta, organisation qui travaille avec des membres de la communauté LGBTQ+ observant la religion.
Des milliers de personnes ont également participé à des rassemblements à Al-Qods, Beer Sheva, Raanana, Kfar Saba, Netanya, Hod Hasharon, Ness Ziona, Rehovot, Zichron Yaakov, Karmiel et Karkur.
Depuis fin mars, le processus de réforme avait subi un coup d’arrêt et B. Netanyahu avait déclaré qu’il donnait une chance aux pourparlers avec l’opposition pour trouver un compromis largement accepté pour la réforme judiciaire. Mais les mois de discussions n’ont pas abouti, et la pression s’est accrue au sein de la coalition pour reprendre le processus législatif.
Mercredi dernier, l’actuel patron de l’Exécutif a déclaré que la réforme était « bien sûr » de nouveau à l’ordre du jour.
S’adressant au rassemblement à Ness Ziona, Dan Halutz, ex-chef d’état-major de l’armée, a affirmé que B. Netanyahu cherchait à « établir une dictature » en Israël. « Nous ne le permettrons pas », a-t-il ajouté.
À Tel Aviv, M. Yaalon a déclaré aux manifestants que le budget approuvé par la Knesset cette semaine était « un budget pour une dictature ». « Nous sommes ici pour dire haut et fort : Israël ne sera pas une dictature, seulement une démocratie. Nous n’oublierons pas vos mensonges répétés et la machine à venin que vous avez construite », a-t-il déclaré.
À Beer Sheva, Limor Livnat, ex-ministre de l’Éducation du Likud, a félicité les manifestants de s’être mobilisés contre le gouvernement « arrogant, opaque et dangereux » et ses projets. « Certains pensaient que c’était fini, que nous avions gagné, mais il y a trois jours, une seconde après l’adoption du budget, Netanyahu a clairement déclaré que ce qu’il appelle la ‘réforme judiciaire’ reviendrait. Nous ne pouvons pas baisser la garde », a-t-elle déclaré. « Ils me traitent de gauchiste et de traîtresse et m’insultent. Le Likud n’est plus ma maison. »
Benny Gantz, chef du parti d’opposition HaMahane HaMamlahti, a déclaré aux manifestants à Hod Hasharon qu’ils avaient réussi à « arrêter le galop d’Israël vers le désastre ». « Nous ferons tout pour parvenir à des accords tout en protégeant nos principes afin de préserver la démocratie israélienne », a-t-il déclaré.
Colère aux USA
A signaler que les circonvolutions de B. Netanyahu trouvent un écho défavorable aux USA, principal allié d’Israël. En effet, la majorité des délégués du Congrès sioniste mondial ont voté en faveur de multiples résolutions qui critiquent les politiques avancées par l’actuel gouvernement en Israël. Ils ont contourné les tentatives des alliés du gouvernement visant à bloquer ces mesures.
Dans un vote qui a eu lieu sur internet et qui a rassemblé plus de 500 délégués, une majorité a soutenu quatre résolutions appelant le gouvernement Netanyahu à ne pas amender la Loi du retour et critiquant la campagne de réforme du système judiciaire israélien lancée par la coalition au pouvoir. Les délégués ont recommandé un renforcement des liens entre les communautés LGBTQ en Israël et dans la diaspora et ils se sont opposés aux révocations par les autorités ultra-orthodoxes des conversions des mouvements massorti et réformé.
« Les réformes judiciaires actuelles… ont été poursuivies avec précipitation et au mépris des effets que ces changements auront sur la relation entre Israël et les Juifs du monde entier », affirme une résolution.
Peuplement…
La réforme voulue par B. Netanyahu n’est pas le seul point de discorde opposant l’actuelle majorité à ses appuis internationaux. La question des colonies et des démolitions n’en finit pas défrayer la chronique. Ainsi, un groupement de missions diplomatiques de toute l’Europe, avec à leur tête le bureau du représentant de l’Union européenne (UE) en Cisjordanie et à Gaza, a sommé Tel-Aviv à stopper toutes les démolitions des écoles et autres structures construites avec l’aide humanitaire de l’UE en Cisjordanie. Ils ont aussi demandé que les employés des organisations humanitaires aient le droit de se déplacer librement sur tout le territoire de la Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Dans un communiqué de presse qui a été émis vendredi, les consulats-généraux de Belgique, de France, d’Espagne, de Suède et du Royaume-Uni, aux côtés des bureaux de représentation du Danemark, de la Finlande, d’Allemagne et d’Irlande – en plus du bureau de l’Union européenne en Cisjordanie et à Gaza – s’en sont pris à Israël pour la démolition récente – elle avait eu lieu au début du mois – d’une école qui avait été financée par les Européens dans le village de Jubbet al-Dhib, aux abords de Bethléem, et pour « les menaces de démolition qui pèsent sur 57 autres écoles de Cisjordanie ».
Quant au département d’État US, il a réagi vendredi, en tirant la sonnette d’alarme face « à une tendance à la hausse des violences commises par les partisans extrémistes du mouvement pro-implantation ». Les États-Unis ont également condamné une attaque au couteau manquée, où un Palestinien avait tenté de prendre pour cible un résident d’implantation devant une synagogue.