L’Ukraine brûle ses dernières cartouches. Dans le secteur de la défense antiaérienne en tout cas, les missiles sont sur le point de manquer, comme le révèlent des documents confidentiels ayant fuité du Pentagone, divulgués par le Wall Street Journal et le New York Times.
Un de ces documents évalue ainsi que les stocks de missiles de la défense antiaérienne ukrainienne seront « complétement réduits » d’ici le 23 mai, mettant en péril la protection des lignes de front contre l’aviation russe.
Les missiles sol-air S-300 devraient être épuisés encore plus tôt, aux alentours du 3 mai, souligne un document évaluant les taux de consommation au 28 février. Les munitions pour les systèmes Bouk frôleront aussi des niveaux critiques dès le 13 avril.
Yuri Ihnat, porte-parole du Commandement de l’armée de l’air ukrainienne, n’a pas nié que la défense antiaérienne connaissait des pénuries de missiles. Interrogé par le New York Times, il a dit espérer que les systèmes livrés par les Occidentaux puissent remplacer l’armement soviétique à court de stocks. « La question, ce sont les chiffres. Pour les remplacer complètement, nous avons besoin de nombreux systèmes, et je ne vous dirai pas combien », a-t-il déclaré au quotidien américain.
Alors que l’Occident a décidé d’armer les forces ukrainiennes depuis plusieurs mois, les demandes commencent à devenir si exorbitantes que les partenaires de Kiev ne peuvent plus y répondre. L’UE a ainsi promis d’envoyer un million d’obus de 155 mm en Ukraine d’ici un an, mais de nombreux experts restent sceptiques sur la capacité des Vingt-Sept à rassembler ce matériel.
Côté chars, l’Allemagne a déjà admis que ses stocks n’étaient pas « illimités » et que l’Otan avait déjà poussé les livraisons à l’Ukraine à leur maximum, compte tenu des engagements pris jusqu’à présent.
Ces prélèvements sur les réserves occidentales ont d’ailleurs fragilisé la défense de certains pays européens. L’armée allemande voit notamment ses stocks de munition lessivés par l’« énorme consommation » induite par le conflit ukrainien, rapportait récemment Die Welt. Berlin pourrait devoir sortir un chèque de 20 milliards d’euros pour reconstituer ses réserves.
L’armée française serait pour sa part incapable de conduire une guerre de haute intensité, avait admis le chef d’état-major Thierry Burkhard en août dernier.
Les fichiers divulgués parlent aussi de faiblesses clés dans l’armement ukrainien, la défense aérienne et l’état des bataillons, alors que les forces ukrainiennes se préparent à lancer une contre-offensive.
Ainsi, selon des documents cités par le New York Times, des unités d’élite ont notamment été envoyés à Artiomovsk (Bakhmout en ukrainien) sur demande et sous le commandement de Kirill Boudanov, directeur du renseignement militaire ukrainien. Sa demande s’expliquait par une situation « catastrophique » dans la ville. Il voulait essayer de repousser les troupes russes à l’aide de ces unités. Le commandement prévoyait cependant de conserver ses soldats les mieux entraînés et équipés pour une contre-offensive prévue dans les semaines ou les mois à venir.
La semaine dernière, le New York Times avait fait savoir que le Pentagone enquêtait sur la fuite sur les réseaux sociaux de documents secrets détaillant l’état des troupes ukrainiennes et des plans américains et de l’Otan visant à les renforcer. Ces informations dateraient de début mars. Dans la foulée, une autre fuite contenant une centaine de documents classifiés est apparue.
Dimanche, l’agence Reuters, se référant à de hauts fonctionnaires américains, n’a pas exclu que des fichiers secrets aient été falsifiés. Quant au Kremlin, son porte-parole a déclaré ne pas avoir de doutes quant à l’implication, directe ou indirecte, des États-Unis et de l’Otan dans le conflit en Ukraine.
En kiosque
Défense anti-aérienne en Ukraine : Kiev bientôt sous pénurie, selon les fuites US
Continuer la lecture
Add A Comment
Maroc
Services
Subscribe to Updates
Get the latest creative news from FooBar about art, design and business.
© 2024 Pm-Editions. | Réalisation & Seo : Digitaltransformer.ma.