La présidence tunisienne a exprimé dans un communiqué son « étonnement face à cette campagne, dont les origines sont connues » et « rejette cette accusation contre l’Etat tunisien, qui est l’un des fondateurs de l’Organisation de l’union africaine, devenue plus tard l’Union africaine, qui a soutenu tous les mouvements de libération nationale dans le monde, notamment en Afrique ».
Ces termes sont contradictoires avec ceux tenus par Kaïs Saied lui-même, le 21 février, soutenant que la présence en Tunisie de « hordes » (sic) d’immigrés en provenance d’Afrique subsaharienne était source de « violences et de crimes » et relevait d’une « entreprise criminelle » visant à « changer la composition démographique » du pays. Depuis, les agressions se sont accrues et près de 300 personnes du Mali et de Côte d’Ivoire ont quitté le pays, samedi dernier.
Qualifiés de « racistes et haineux », ces propos ont poussé à la mobilisation des ONG, qui ont manifesté à Tunis contre la sortie du président. Dans son rétropédalage, la présidence a souligné que la Tunisie avait appelé, ces dernières années, « à ce que l’Afrique soit aux Africains ». « Elle a employé tous les moyens pour combattre les crimes de traite des êtres humains auxquels sont exposés les ressortissants des autres pays frères africains », indique le communiqué. Celui-ci rappelle, par ailleurs, l’adoption en 2018 par la Tunisie d’une loi visant à éliminer toutes les formes et manifestations de discrimination raciale. « A ce titre, toute agression physique ou morale contre tout étranger, quel que soit son statut juridique, est punie par la loi », ajoute la même source.
Par ailleurs, la présidence a annoncé des mesures pour « faciliter les démarches des étrangers résidents et de protéger les différentes communautés », notamment en matière de renouvellement des documents pour les étudiants. Une extension du titre de séjour de trois à six mois est ainsi décidée, en plus d’une exonération des pénalités de retard sur la durée de régularisation, dans le cadre du retour volontaire coordonné en amont avec les missions diplomatiques des autres pays d’Afrique.
Au niveau africain, la précédente sortie de K. Saied a fait réagit l’UA. Le 24 février, le président de la commission a « condamné fermement » les propos du chef d’Etat. Des images relayées par les réseaux sociaux font état d’une chasse aux Tunisiens en Guinée. Sanglés de policiers, des ressortissants tunisiens sont ainsi conduit sous bonne escorte vers l’aéroport en prévision de leur expulsion…