Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé, dimanche, que le dirigeant du régime baasiste déchu en Syrie a décidé de démissionner et de quitter le pays. Profitant du coup de force jihadiste en Syrie, des frappes israéliennes ont touché des bâtiments gouvernementaux à Damas. Tsahal a également bombardé la base aérienne de Khalkhala et pris le mont Hermon. Quelques heures après la chute du président Assad, Israël a lancé des frappes aériennes sur des bâtiments gouvernementaux à Damas, entraînant un incendie qui a ravagé des édifices des douanes et des services de renseignement, selon le journal syrien Al-Watan. Dans l’après-midi, des raids ont soufflé le carré sécuritaire de Kafar Soussé, au centre Damas qui comprenait les bâtiments des renseignements et des douanes. La télévision syrienne contrôlée par les factions armées ont fait état de raids israéliens sur le centre de recherches scientifiques CERS à proximité de Damas.
Toujours selon le quotidien syrien, des frappes aériennes israéliennes ont touché dimanche le district de Mazzeh à Damas décembre. D’après l’agence Reuters, Israël a aussi bombardé la base aérienne de Khalkhala dans le sud de la Syrie, évacuée par l’armée pendant la nuit. L’armée sioniste a également pris le contrôle du mont Hermon, situé dans le sud-ouest de la Syrie, selon la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya. Ce site géographique est connu pour ses importantes fortifications du côté syrien et a déjà été le théâtre de combats avec Israël. Une grande bataille s’y est notamment déroulée durant la guerre du Kippour (1973).
Le Premier ministre israélien a déclaré ce 8 décembre que la chute du président syrien avait été rendue possible par les frappes contre l’Iran et le mouvement chiite libanais Hezbollah. Tel Aviv « tend la main de l’amitié à tous les Syriens », a-t-il souligné, mais reste prêt à se défendre et ne permettra pas à des forces hostiles à Israël de se renforcer à la frontière. Dimanche, les forces antigouvernementales sont entrées à Damas et ont annoncé la chute du régime du président Assad. Le Premier ministre syrien, Mohammed Ghazi al-Jalali, a évoqué des négociations avec les islamistes et son intention d’organiser une transition pacifique du pouvoir.
Dans un communiqué, la diplomatie russe a abordé les derniers développements en Syrie. Selon le communiqué, la situation en Syrie est « dramatique et inquiétante » et « des négociations ont eu lieu entre Bachar al-Assad et les forces participant au conflit armé. »
« À l’issue de ces négociations, Bachar al-Assad a décidé de quitter ses fonctions et a quitté le pays en ordonnant le transfert pacifique du pouvoir. La Russie n’a pas participé à ces négociations », peut-on lire. La Russie est en contact avec toutes les forces d’opposition en Syrie, précise la même source. « Nous appelons toutes les parties prenantes à éviter l’usage de la violence et à régler tous les problèmes par le dialogue politique. À cet égard, la Russie entretient des relations avec l’ensemble des forces d’opposition en Syrie. Nous appelons au respect des opinions de toutes les forces ethniques et religieuses en Syrie et soutenons les efforts visant à établir un processus politique inclusif dans le cadre de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), adoptée à l’unanimité », indique le communiqué.
Le communiqué souligne que les bases militaires russes en Syrie sont dans « un état de préparation élevé » et qu’aucune menace sérieuse ne pèse sur leur sécurité. Et précise également que toutes les mesures nécessaires ont été prises pour assurer la sécurité des citoyens russes sur place.
M. G. al-Jalali a annoncé être prêt à collaborer avec toute direction que le peuple va choisir. Il a lancé un appel pour des élections libres qui permettent au peuple de choisir son leader.
Le chef de Hayat Tahrir al-Cham (ex-front al-Nosra branche armée d’al-Qaïda) Abou Mohamad al-Jolani alias Ahmed al-Chareh a déclaré que Jalali devra superviser provisoirement les institutions étatiques. Il a ordonné à toutes les factions déployées dans les rues de Damas de s’abstenir de les attaquer.
Des médias ont rapporté que l’armée syrienne s’est retirée de ses positions sécuritaires et militaires dans le centre de la capitale et de l’entourage de l’aéroport international de Damas qui a été évacué et tous ses vols annulés. Elles ont aussi retiré la force qui protégeait le bâtiment de la radio et la télévision publiques. Les officiers et les militaires de l’armée ont aussi quitté le siège du ministère de la Défense et du commandement de l’état-major à Damas, après avoir été démobilisés par le commandement de l’armée.
Le leader de guerre de HTC avait auparavant envoyé un message aux militaires et officiers et de l’armée syrienne les appelant à déserter, à livrer leurs armes et à se rendre. « Aux soldats du régime d’Assad et ses officiers, celui qui rentre chez lui, ferme sa porte et tient sa langue sera en sécurité, celui qui annonce sa dissension du régime criminel rendra son arme et se rend sera en sécurité », a-t-il dit sur les plateformes de « La direction des opérations militaires » de l’offensive « Dissuasion de l’offensive ».
Les factions armées ont aussi déclaré être entrées dans les villes de Madaya, Zabadani et Baqine dans la province sud de Damas, ainsi que dans la ville d’al-Qousseir au sud-ouest de Homs. Elles avaient auparavant déclaré avoir pris le contrôle de la totalité de la ville de Homs et de la région d’al-Sakhna dans sa province Est.
L’armée syrienne s’était retirée dans la nuit de samedi à dimanche de tous ses fronts sans aucun combat et les ont livrés aux factions armées, selon des sources locales. Les forces auxiliaires de l’armée et ses alliés étaient sur les premières lignes de front samedi jusqu’à 20 heures, heure locale, avant de recevoir l’ordre d’évacuer les points et de les remettre à l’armée syrienne, selon les correspondants sur place.
Ces factions avaient indiqué avoir pris durant les 24 dernières heures les villes de Deraa, Quneitra et Soueïda dans le sud syrien. Il est aussi question que l’armée syrienne se serait retirée des montagnes de Lattaquié en direction du littoral syrien.
Des vidéos postées sur les réseaux sociaux ont montré des jeunes attaquer le palais présidentiel et voler son contenu. Depuis la télévision publique syrienne dont elles ont occupé les locaux, les factions armées syriennes présentées sous le nom « Conseil national de transition » ont diffusé leur communiqué N 1, dans lequel elles ont annoncé avoir pris le contrôle de Damas et le renversement du pouvoir de Bachar al-Assad. Elles ont annoncé avoir libéré tous les détenus des prisons et « vouloir punir tous ceux qui ont agi contre le peuple syrien ». Le Conseil de transition a aussi appelé les Syriens qui ont quitté le pays à y revenir. Assurant vouloir leur garantir les conditions de leur accueil.
Dans les régions nord-est de la Syrie contrôlées par les milices kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), le conseil d’administration kurde a déclaré l’état d’alerte maximale de toutes ses forces de sécurité et de ses institutions.
Les factions ont annoncé avoir lancé une offensive contre les FDS dans la ville de Manbij à l’est de la Syrie. Dans un communiqué signé « le ministère de Défense du gouvernement syrien provisoire », elles ont sommé les miliciens des FDS de se rendre « pour échapper à un destin noir ». Une source sécuritaire turque a dit pour l’agence Reuters que « les combattants de l’opposition contrôlent 80% de Manbij ».
L’ambassade d’Iran à Damas a été attaquée par des miliciens ont rapporté les agences internationales. L’ambassade irakienne a quant à elle dit avoir évacué son personnel vers l’Irak. L’agence russe Tass a pour sa part déclaré que le personnel de l’ambassade russe à Damas est « bien ».
L’armée d’occupation israélienne a déclaré « zone militaire fermée » la région du Golan syrien occupé. Le chef d’état-major de l’armée d’occupation israélienne Herzi Halevi a déclaré que la Syrie est devenue le 4eme front de combat de l’armée d’occupation. « L’armée combat désormais sur 4 fronts, la Cisjordanie, Gaza, le Liban et la Syrie à partir de cette nuit », a-t-il dit en s’adressant aux éléments de l’unité Golani. Après avoir déclaré la région du Golan syrien occupé comme étant « une zone militaire fermée », l’armée d’occupation israélienne avait auparavant déployé ses forces dans la zone tampon dans le Golan syrien. Des médias israéliens ont fait état que des chars israéliens escortés d’une force d’infanterie sont entrés dans la région de Quneitra dans le sud syrien et dans la région Khan Arnaba. Une autre force de l’unité des commandos Shaldag a occupé la position de l’armée syrienne sur Jabal al-Cheikh qui avait été désertée par les soldats syriens. Dans la soirée, l’armée israélienne a adressé des avertissements à 5 localités dans le sud syrien : Ofaniyeh, Quneitra, Hamidiyeh, Samadaniyeh, et Qahtaniyeh. Elle a sommé leurs habitants de rester dans leur maison. Le site Walla a rapporté qu’Israël est en contact direct ou via des médiateurs avec plusieurs factions syriennes dont Hayat Tahrir al-Cham indiquant qu’il leur a envoyé un message leur faisant part que leurs miliciens ne devraient pas s’approcher de la frontière.
L’une de ces factions, le Front de Salut syrien a tenu à remercier l’entité sioniste pour sa contribution. Son chef, Fahd al-Masri a accordé une interview au média israélien i24, reconnaissant « le soutien crucial d’Israël dans la lutte contre le gouvernement Assad ». Il a notamment salué les frappes israéliennes contre des cibles clés du Hezbollah et de l’Iran. « Sans les coups que vous avez portés au Hezbollah et à l’Iran, nous n’aurions pas pu libérer la Syrie. Merci Israël. C’est une victoire israélienne, nos frères et voisins… », a-t-il déclaré.
Les États-Unis ont mené dimanche « des dizaines de frappes aériennes » dans le centre de la Syrie visant « plus de 75 cibles » du groupe État islamique (EI), a annoncé le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom). « Il ne doit y avoir aucun doute: nous ne laisserons pas l’EI se reconstituer et tirer profit de la situation actuelle en Syrie », a déclaré le général Michael Erik Kurilla dans le communiqué du Centcom, après l’offensive éclair de groupes rebelles qui a provoqué la chute de Damas. Le Pentagone a assuré vouloir « préserver sa présence à l’Est de la Syrie qui a pour objectif de garantir la défaite de Daech ». A signaler aussi que l’ambassade des Etats-Unis à Damas a demandé aux ressortissants américains de quitter la Syrie.