Cette « marche contre la vie chère et l’inaction climatique » a rassemblé 140.000 participants selon les organisateurs, 30.000 selon la police et 29.500 selon un comptage du cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l’AFP.
« C’est la grande conjonction, c’est nous qui la commençons avec cette marche », s’est félicité Jean-Luc Mélenchon, leader du parti d’opposition La France Insoumise (LFI), s’exprimant d’un camion au milieu de la foule, avant d’annoncer « la construction d’un nouveau Front populaire qui exercera le pouvoir dans le pays le moment venu ». Cette coalition de gauche arrivée au pouvoir en 1936 est passée dans l’histoire pour avoir entériné de fortes hausses de salaires et créé les premiers congés payés.
J-L. Mélenchon a aussi appelé à une « grève générale » mardi, relayant des appels lancés en ce sens, notamment dans les transports (chemins de fer français, métro parisien, dockers) et la fonction publique.
Dans le cortège, des représentants de tous les partis de gauche, ainsi qu’Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature 2022, avaient fait le déplacement. « Le message est simple : nous voulons un meilleur partage des richesses », a déclaré le numéro un du Parti socialiste (PS) Olivier Faure.
De nombreux « gilets jaunes » mais aussi beaucoup de retraités étaient également visibles dans un défilé coloré, ponctué par des chants. Si la manifestation a eu lieu sans aucun grave affrontement, quelques échauffourées ont éclaté en marge du défilé, a constaté un journaliste de l’AFP. Les forces de l’ordre ont procédé à plusieurs charges et ont utilisé du gaz lacrymogène, après des jets de projectiles en leur direction. Une agence bancaire a été saccagée par des hommes vêtus de noir et masqués.
En attendant la réaction d’Elisabeth Borne, cheffe de l’Exécutif, Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, a fustigé « une marche des partisans du blocage du pays ». Une allusion à la grève en cours pour les salaires dans les raffineries et les dépôts du groupe pétrolier TotalEnergies, entamée depuis bientôt trois semaines et qui entraîne des pénuries de carburants affectant de nombreux secteurs d’activité. Près d’une station-service sur trois (27,3%) manquait d’au moins un produit samedi, selon le gouvernement. Dans la région parisienne, la situation était plus tendue avec 39,9% des stations-service en difficulté.
Outre les automobilistes et tout particulièrement les professionnels de santé qui continuaient ce week-end leur quête de carburant un peu partout en France, de nombreux agriculteurs redoutent de ne pas être en mesure de réaliser leurs semis de céréales d’hiver à temps, surtout dans le nord.
Malgré un accord salarial avec deux syndicats majoritaires, la grève a été reconduite par le syndicat CGT jusqu’à mardi pour la raffinerie de Normandie située près du Havre (nord-ouest), la plus importante de France, et jusqu’à mercredi pour celle de Donges (ouest).
Attal a jugé dimanche « inacceptable qu’il y ait la poursuite de blocages alors même que des accords majoritaires ont été trouvés pour revaloriser les salaires dans les entreprises ».
« Ce n’est pas une grève normale, le droit de grève a des limites », a tempêté de son côté le président du patronat (Medef), Geoffroy Roux de Bézieux, jugeant que « les 150 personnes des raffineries prennent les Français en otage » et qu’il faut « passer aux réquisitions ».
La CGT compte donc tenir jusqu’à mardi, une journée de « mobilisation et de grève » interprofessionnelle à laquelle ont aussi appelé d’autres syndicats (FO, Solidaires et la FSU).