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Corruption des eurodéputés : Crédibilité entamée de l’institution européenne

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L’affaire de corruption de grande ampleur impliquant des eurodéputés et le Qatar, et l'inculpation de Eva Kaili, vice-présidente du Parlement, nourrit un climat de tension et de suspicion au sein des instances européennes. Pour Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, les soupçons de corruption au sein du Parlement européen sont « très graves ».
Corruption des eurodéputés

Dans le sillage de l’inculpation et de l’arrestation dimanche, à Bruxelles, de E. Kaili, vice-Président grecque du parlement européen, pour des faits présumés de « corruption », l’heure est aux interrogations. Qui était au courant ? Comment la procédure judiciaire va-t-elle se dérouler ?

« Une enquête est en cours et nous la suivons », a précisé, prudent, Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, jugeant « très préoccupantes » les informations sur cette affaire dont l’onde de choc promet de s’étendre.

Roberta Metsola, présidente du Parlement européen, a annoncé une « enquête interne pour examiner tous les faits liés au Parlement » européen et faire en sorte que l’institution se réforme. « Il n’y aura aucune impunité (…) rien ne sera mis sous le tapis », a-t-elle promis.

« Il s’agit vraiment d’un incident incroyable qui doit maintenant être élucidé sans équivoque et avec toute la rigueur de la loi, car il en va aussi et surtout de la crédibilité de l’Europe », a de son côté estimé Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères. « C’est un scandale sur lequel nous devons faire éclater la vérité afin que nous puissions nous assurer que cela ne se reproduise pas », a pour sa part insisté Simon Coveney, chef de la diplomatie irlandaise.

L’affaire porte sur de gros versements qu’aurait effectués le Qatar pour influencer des décisions au sein de cette grande institution de l’Union européenne. Trois autres personnes ont été également écrouées par la justice belge, deux jours après leur interpellation. Selon la presse belge, l’ancien eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri, désormais à la tête de l’ONG Fight Impunity, a, lui aussi, été écroué dimanche.

Dans les rangs du Parlement européen, l’eurodéputé allemand Verts Daniel Freund se dit très surpris par l’ampleur de l’affaire. C’est du jamais vu dans cette institution, selon lui. « On sait que depuis des années, il y a différents États qui ont essayé d’influencer, entre autres avec de la corruption, les positions de l’Union européenne, mais aussi du Parlement européen : on a vu tout ce qu’a fait l’Azerbaïdjan, on a vu la Russie, d’autres États. Mais l’ampleur ici est quand même surprenante, pointe-t-il. Maintenant, on attend de voir ce que les enquêtes vont révéler. » Et il craint que cette affaire touche aussi d’autres députés.

E. Kaili n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire, car l’infraction qui lui est reprochée a été constatée « en flagrant délit» : des «sacs de billets » ont été retrouvés dans l’appartement de l’élue socialiste au cours d’une perquisition.

L’eurodéputé D. Freund espère, en tout cas, que cette affaire poussera le Parlement européen à renforcer les règles contre la corruption et à surveiller plus étroitement les activités de lobbying des États tiers. « Premièrement, il faut faire entrer les États tiers dans le registre des lobbyistes, avance-t-il. Deuxièmement, les réunions avec ces États devraient être publiées, si c’est avec les députés ou avec les commissaires. Et après, je pense que les règles existantes devraient quand même être surveillées indépendamment. J’ai obtenu une grande majorité au Parlement européen, l’année passée, pour une proposition pour une telle autorité indépendante. Maintenant, il faut vraiment la créer. On attend depuis plus d’un an la Commission européenne sur cette question. Et quatrièmement, je pense aussi qu’on devrait quand même réfléchir : est-ce que c’est normal que les députés se fassent inviter à des voyages de luxe payés par des gouvernements qui ne sont pas toujours très amicaux envers l’Union européenne, des dictatures qui paient en fait des voyages de luxe pour les députés ? Moi, je pense qu’on devrait arrêter ça. » Si cette affaire suscite l’indignation chez les eurodéputés français, aucun ne semble vraiment surpris.

En Grèce, l’affaire connaît aussi un grand retentissement. Lundi, l’Autorité grecque de lutte contre le blanchiment d’argent a annoncé geler tous les avoirs d’E. Kaili et ceux de sa famille proche. Dans le viseur de l’Autorité anti-blanchiment se retrouvent en effet « les comptes bancaires, les coffres, les sociétés et tout autre actif financier » appartenant à la vice-présidente grecque du Parlement européen. Une société immobilière à son nom, créée il y a à peine un mois à Kolonaki, quartier chic du centre d’Athènes, suscite la suspicion.

Exclue du Pasok-Kinal, le parti socialiste grec, E. Kaili est devenue en seulement quelques jours un symbole de corruption. Dans un éditorial au vitriol intitulé « la politique et les politiciens », le principal quotidien de gauche, Efsyn, dresse un portrait peu élogieux d’E. Kaili et en profite pour dénoncer le laxisme des institutions grecques à ce sujet.

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