En discussion depuis plusieurs années, cet accord bilatéral porte sur la construction d’une ligne ferroviaire d’une longueur de 164 km dans le nord-est de l’Iran, entre les villes d’Astara, à la frontière avec l’Azerbaïdjan, sur la mer Caspienne, et Rasht.
L’objectif des deux pays – soumis à d’importantes sanctions imposées par les pays occidentaux, en particulier les Etats-Unis – est de finaliser le projet de corridor Nord-Sud, un réseau de routes maritimes, ferroviaires et terrestres devant permettre aux marchandises russes d’atteindre l’océan Indien sans passer par les voies maritimes de l’ouest et le canal de Suez.
« Cette artère de transport unique Nord-Sud, dont le chemin de fer Rasht-Astara fera partie, aidera à diversifier considérablement les flux de transport internationaux », a déclaré V. Poutine, qui a participé par vidéoconférence à la signature de l’accord entre les ministres des Transports des deux pays à Téhéran, rapporte l’AFP. « Le transport des marchandises par le nouveau corridor aura un avantage concurrentiel considérable. Ainsi, la livraison de marchandises de Saint-Pétersbourg (Russie) à Bombay (Inde) prendra environ 10 jours. À titre de comparaison, le trajet via les routes commerciales traditionnelles prend jusqu’à 30-45 jours », a-t-il ajouté.
E. Raïssi, présent à la cérémonie, a souligné que l’accord était « une étape stratégique importante dans la coopération entre la République islamique d’Iran et la Fédération de Russie ». Le « potentiel » entre les deux pays « est immense », a-t-il précisé.
A Washington, un porte-parole de la Maison Blanche a déclaré mardi que l’Iran et la Russie étaient « en train d’amplifier leur coopération militaire sans précédent ».
Le pétrole de la partie
Téhéran compte aussi sur Moscou pour l’aider à mettre en valeur ses gisements d’hydrocarbures dont une dizaine de nouveaux champs. Les deux pays souhaitent également créer une plateforme d’échange électronique pour le gaz et étudient la possibilité de faire des transactions en yuans.
L’exploitation des hydrocarbures continuent de cimenter les relations entre l’Iran et la Russie. Téhéran entend une nouvelle fois se tourner vers Moscou pour l’aider à exploiter une dizaine de gisement de gaz et de pétrole, a ainsi déclaré Javad Owji, ministre iranien du Pétrole.
Le responsable a rappelé que le partenariat avec la Russie avait déjà porté ses fruits, expliquant que des discussions étaient en cours pour collaborer sur les nouveaux gisements. « Dans le secteur pétrolier et gazier, nous avons une étroite coopération avec des entreprises russes réputées. Au cours des deux dernières années, des contrats ont été signés et certains de nos champs sont déjà développés par des partenaires russes […] En plus des champs précédents, nous avons 10 autres gisements pour lesquels nous avons décidé d’impliquer des collègues russes », a-t-il ainsi expliqué.
Alexander Novak, vice-Premier ministre russe, a par la suite précisé la nature de ces nouveaux projets. Il a détaillé que six gisements étaient considérés comme pétrolifères par les sociétés russes. Côté gaz, le géant russe Gazprom pourrait collaborer avec des compagnies iraniennes sur les champs de South Pars et de Kish.
Moscou et Téhéran envisagent par ailleurs de créer une plateforme d’échange électronique pour les ventes de gaz dans le sud de l’Iran, a par ailleurs annoncé le vice-Premier ministre russe. Le processus pourrait néanmoins prendre un certain temps, puisqu’il nécessite d’attirer partenaires et fournisseurs sur ce nouveau réseau.
Enfin, les deux pays discutent de la possibilité de réaliser des transactions en yuans. Plus de 80% des paiements irano-russes se font déjà devises nationales, a précisé le responsable russe.
Au-delà des hydrocarbures, l’Iran et la Russie continuent d’entretenir des relations diplomatiques étroites. Les deux pays essaient notamment de jouer les médiateurs pour recoller les morceaux entre la Syrie et la Turquie. Fin avril, des pourparlers avaient eu lieu en ce sens à Moscou.
L’Iran s’est par ailleurs rapproché du groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) ces derniers mois et songe à l’adhésion en vue de bâtir « un monde multipolaire », comme l’avait récemment expliqué le Président iranien. En 2021, Téhéran avait par ailleurs rejoint l’Organisation de coopération de Shanghaï, où siège aussi Moscou.