Ces attaques quasi-quotidiennes font partie d’une stratégie russe de saturation des systèmes de défense anti-aériens ukrainiens. A signaler qu’en plein cœur de Vilnius, capitale de la Lituanie, Volodymyr Zelensky a entamé son discours par « Slava Ukraini ! » (« Gloire à l’Ukraine », en ukrainien). La foule lui a répondu à l’unisson. Dans son discours en ukrainien, il a surtout remercié les Lituaniens pour leur aide militaire, mais aussi humanitaire. Il y a près de 100 000 ukrainiens qui se sont réfugiés en Lituanie.
« L’Otan donnera à l’Ukraine la sécurité. L’Ukraine rendra l’Otan plus forte », a déclaré V. Zelensky avant d’assister, avec son homologue lituanien, à une cérémonie de levée d’un drapeau ukrainien amené de Bakhmout, ville de l’est où s’est déroulée la bataille la plus rude de la guerre. « Dans les ruines de Bakhmout, sur les champs d’autres batailles en Ukraine, les ambitions agressives russes resteront vaincues », a ajouté V. Zelensky
Concernant l’adhésion de l’Ukraine à l’organisation transatlantique, les dirigeants des pays membres de l’Otan ont convenu mardi d’inviter l’Ukraine à rejoindre l’Alliance « quand les conditions seront réunies », selon Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan.
Mardi soir, V. Zelensky a dîné au palais présidentiel avec les chefs d’État avant de prendre part, mercredi, au tout nouveau conseil Otan-Russie. Dans une guerre dont le front ces derniers mois est resté stable en dépit des efforts offensifs récents de l’Ukraine. A signaler que la France a décidé de renforcer ses livraisons d’armes létales à Kiev. Le cas du missile Scalp est présenté comme un atout contre Moscou. Ces missiles de croisière d’une portée de 250 km vont permettre à Kiev de frapper les arrières russes, les lignes logistiques et surtout les centre de commandement.
Tiré depuis un avion, le Scalp vole très vite et très bas. Il est invisible au radar jusqu’à la phase finale. Il s’agit d’une manœuvre en cloche qui permet au missile de pénétrer à la verticale sur sa cible avec une précision métrique. C’est une arme conçue pour décapiter un centre de commandement durcit et profondément enterré, pointe un officier français de l’armée de l’air. Ces missiles de croisière, assure-t-on, seraient capables de se jouer des défenses aériennes russes.
Pour les spécialistes, le Scalp représente un saut qualitatif. Les missiles Scalp seront livrés « en gardant la clarté, la cohérence de notre doctrine, c’est-à-dire permettre à l’Ukraine de défendre son territoire », a rappelé mardi Emmanuel Macron, excluant ainsi implicitement toute utilisation pour frapper la Russie. Selon une source militaire française à l’AFP, les Scalp sont d’ailleurs déjà sur le terrain. Ils « ont été livrés en même temps que notre président l’annonçait », a précisé cette source en marge du sommet de l’Otan à Vilnius.
De son côté, Moscou a estimé que la livraison à l’Ukraine de missiles à longue portée par la France était « une décision entachée d’erreur et lourde de conséquences pour la partie ukrainienne ». La Russie a annoncé qu’elle prendrait des contre-mesures dans le cadre du conflit actuel. Ce geste de soutien de la France laissera probablement des traces profondes dans la relation entre Paris et Moscou qui ne cesse de se détériorer depuis le début de la guerre.
Concernant l’entrée de la Suède dans l’Otan, le porte-parole du Kremlin a fait le constat suivant : jamais l’infrastructure militaire russe ne s’est déplacée vers l’Europe occidentale, il y a toujours eu un mouvement dans le sens inverse. « Si les européens ne comprennent pas cette erreur, alors, bien sûr, c’est regrettable », a encore déploré Dmitri Peskov.
Dans ces conditions, on ne peut que présager de la poursuite de l’escalade. Moscou l’a d’ailleurs fait savoir il y a quelques mois, à propos de la Finlande, mais aussi de la Suède. Les nouveaux membres du bloc hostile deviendront une cible légitime pour les représailles russes, y compris sur le plan militaire.