L’Allemagne a annoncé mardi 26 avril son intention de livrer des blindés à l’Ukraine, tandis qu’un sommet de l’OTAN s’est ouvert à la base militaire étasunienne de Ramstein. Cette annonce succède à celle du Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, qui a reconnu la veille que son pays avait envoyé des chars à l’Ukraine, sans toutefois en préciser le nombre. Berlin va autoriser la livraison à l’Ukraine de chars antiaériens, a précisé Christine Lambrecht, ministre de la Défense, ce qui constitue un tournant majeur dans la politique prudente suivie jusqu’ici par Berlin dans son soutien militaire à Kiev. «Nous avons décidé que l’Allemagne allait livrer des chars antiaériens Guepard à l’Ukraine», a fait savoir la responsable allemande à l’ouverture d’une réunion avec ses homologues occidentaux sur la base militaire américaine de Ramstein, dans l’Ouest de l’Allemagne.
Le nombre de ces blindés spécialisés dans la défense anti-aérienne n’a pas été précisé. Ces véhicules proviendront des stocks de l’industrie allemande de la défense et non des réserves, limitées, de l’armée allemande.
Une quarantaine de pays se réunissent ce 26 avril sur la base de Ramstein, à l’invitation des Etats-Unis, pour renforcer la défense de l’Ukraine qui, selon le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, «peut gagner» face à la Russie si on lui en donne les moyens. Ce dernier a également souligné que l’objectif de cette réunion était de «générer des capacités supplémentaires pour les forces ukrainiennes».
«Dans un premier temps, nous avons fourni à l’Ukraine de grandes quantités d’armes provenant des stocks de l’armée allemande, comme des lance-roquettes antichar et des missiles antiaériens», a détaillé C. Lambrecht dans le cadre de cette réunion sur la sécurité en Ukraine. «Nous devons cependant constater que les capacités de la Bundeswehr [l’armée allemande] sont limitées», après des «décennies d’économies», a-t-elle également admis. Le principe désormais, a expliqué la même responsable, est que l’Ukraine «passe commande» auprès des groupes industriels et que «l’Allemagne paie».
Les fonds destinés à l’amélioration des capacités militaires ukrainiennes vont ainsi être portés à deux milliards d’euros, a confirmé la ministre. «L’Allemagne a été critiquée, mais les chiffres disent autre chose», a plaidé C. Lambrecht , rappelant notamment les investissements massifs dans la défense annoncée par l’Allemagne fin février.
«Oui, la Pologne a envoyé des chars à l’Ukraine mais pour des raisons de sécurité nous n’allons pas préciser leur nombre», a de son côté déclaré le Premier ministre polonais sur le compte twitter du gouvernement. Quarante chars T-72 feraient partie du matériel fourni par la Pologne à Kiev, selon des médias polonais. Le gouvernement n’a pas confirmé ces informations.
M. Morawiecki avait annoncé le 23 avril le transfert au voisin oriental du matériel militaire pour «une valeur d’environ 7 milliards de zlotys» soit 1,5 milliard d’euros, à l’issue d’une rencontre à Cracovie (sud) avec son homologue ukrainien Denys Chmygal.
Depuis le début de l’offensive militaire russe en Ukraine fin février, le gouvernement polonais a annoncé avoir fourni à l’Ukraine des missiles antichars, des missiles anti-aériens, des mortiers, des munitions, ainsi que des drones.
La France a d’ores et déjà annoncé pour sa part qu’elle envoyait des canons Caesar d’une portée de 40 kilomètres et le Royaume Uni a donné des missiles anti-aériens Starstreak et des blindés.
Moscou condamne ces envois massifs d’armes depuis le début des hostilités, estimant qu’ils sont un obstacle à la résolution rapide de la crise. Sont aussi condamnés les autres types de soutien que les Occidentaux apportent à Kiev : «L’Occident ne soutient pas les nationalistes ukrainiens seulement par les armes, mais aussi par les ressources humaines, en livrant en Ukraine des mercenaires, des extrémistes venus de divers coins du monde», avait notamment déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova le 20 avril.