Selon Ali Yerlikaya, ministre turc de l’Intérieur critiqué pour n’avoir rien vu venir, 67 suspects ont été interpellés dans 16 des 81 provinces du pays. Le PKK, considéré comme organisation terroriste par Ankara et l’Union européenne, a revendiqué l’attaque lancée dimanche par deux assaillants contre le ministère turc de l’Intérieur à Ankara, la capitale. L’un des deux hommes s’est fait exploser et l’autre a été abattu avant de pouvoir pénétrer dans l’enceinte du ministère.

La Turquie avait déjà lancé en représailles dimanche soir des frappes aériennes contre les combattants du PKK au Kurdistan irakien, où l’organisation, en lutte armée contre Ankara depuis 1984, dispose de bases arrière.

Lundi, vingt personnes, dont des cadres locaux du parti prokurde HDP — accusé par les autorités turques d’être lié au PKK –, avaient également été arrêtées à Istanbul et dans la province de Kirklareli (nord-ouest).

C’est la première attaque dont le PKK revendique la responsabilité depuis septembre 2022 où il avait tué un policier.

Les frappes turques ont visé dimanche soir plusieurs secteurs du Kurdistan autonome dans le nord de l’Irak, a indiqué à l’AFP un responsable local, Ankara confirmant avoir visé « 20 cibles » utilisées par des combattants kurdes turcs du PKK. « Les avions de l’armée turque ont bombardé des secteurs … de la région de Bradost aux environs de 21H20 (18H20 GMT), tout comme ils ont bombardé le village de Badran », a indiqué à l’AFP Ihsan Chelabi, maire de la localité de Sidakan, située non loin des frontières avec la Turquie et l’Iran.

Dans un communiqué, le ministère turc de la Défense a reconnu une « opération aérienne » dans le nord de l’Irak pour « neutraliser le PKK ».

Le président turc avait prévenu un peu plus tôt que « les scélérats qui menacent la paix et la sécurité des citoyens n’ont pas atteint leurs objectifs et ne les atteindront jamais ». Recep Tayyip Erdogan qui s’adressait aux députés pour leur séance inaugurale, s’en est par ailleurs pris à l’Europe. « La Turquie n’attend plus rien de l’Union européenne qui nous fait patienter à sa porte depuis 40 ans », a affirmé le chef de l’Etat devant le Parlement. « Nous avons tenu toutes les promesses que nous avons faites à l’UE mais eux, ils n’ont tenu presque aucune des leurs » a-t-il dénoncé en ajoutant qu’il ne « tolèrera pas de nouvelles exigences ou conditions au processus d’adhésion » de la Turquie. Il a lâché face aux Européens que « s’ils ont l’intention de mettre fin au processus d’adhésion qui n’existe que sur le papier, c’est leur décision ».

La colère du président découle d’un récent arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme qui a épinglé cette semaine la Turquie pour avoir condamné un homme pour terrorisme, sur la seule base de son utilisation de l’application de messagerie cryptée ByLock. Le PKK reste d’ailleurs au cœur de la controverse entre la Turquie et la Suède, à propos de l’entrée de cette dernière dans l’Otan que le Parlement turc, qui reprenait dimanche ses travaux, est supposé valider après dix-sept mois d’attente. Depuis mai 2022, la Turquie traîne des pieds pour confirmer l’entrée de ce pays scandinave en arguant de sa clémence envers les « terroristes » et les mouvements kurdes. R.T. Erdogan maintient une position ambigüe en faisant valoir que le Parlement est souverain et que lui seul peut décider, ou non, de lever ce véto.

Ulf Kristersson Premier ministre suédois a rapidement assuré que son pays « confirme une fois de plus son engagement en faveur d’une coopération à long terme avec la Turquie dans la lutte contre le terrorisme ». De nombreux responsables étrangers ont également apporté leur soutien à la Turquie, exprimant leur « solidarité » et condamnant l’attaque, à commencer par l’Union Européenne. Charles Michel, président du Conseil européen, s’est dit « choqué ».

Ankara a été le théâtre de très nombreux et violents attentats au cours des années 2015-2016 revendiqués par Parti des travailleurs du Kurdistan ou par le groupe Etat islamique. Lors du dernier en date, en mars 2016, une voiture piégée dans le quartier central de Kizilay, avait fait 38 morts et 125 blessés. L’attaque avait été attribuée au TAK, un petit groupe radical proche du PKK. En octobre 2015, un attentat devant la gare centrale d’Ankara attribué à Daech avait fait 109 morts.

Le dernier attentat enregistré sur le territoire turc le 13 novembre 2022, dans une artère commerçante d’Istanbul (six morts, 81 blessés), n’avait pas été revendiqué mais avait été attribué au PKK par les autorités.

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