Au petit jour de mardi, vers 4h ou 5h du matin (locales), plusieurs installations de Port-Soudan ont été touchées par des frappes de drones attribuées aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) : l’aéroport, tout d’abord, qui se trouve à une dizaine de kilomètres en-dehors de Port-Soudan ; une base militaire à proximité ; et un dépôt de carburant, près du port et proche du centre-ville, une zone qui est densément peuplée. Cette dernière frappe a provoqué un incendie et suscité la panique.

Pour l’instant, les autorités n’ont pas rapporté de victimes. À chaque fois, ce sont des infrastructures qui sont touchées. Sauf hier : deux hôtels dans Port-Soudan ont également été touchés. Est-ce parce qu’ils abritaient des haut-responsables ? Cela fait en tout cas trois jours consécutifs que Port-Soudan est frappé, ce qui est nouveau dans cette guerre. Cette ville portuaire se trouve à plus de 800 km de Khartoum, dans une zone contrôlée par l’armée, et donc loin des positions des paramilitaires.

Selon des chercheurs, ces frappes indiquent plusieurs points. Tout d’abord, les paramilitaires ont désormais les moyens de frapper loin de leur position : ailleurs, depuis plusieurs semaines, ils ont de plus en plus recours à ces drones dit explosifs pour frapper en territoires contrôlés par l’armée (on parle de drones chinois, récemment acquis, dont la portée est d’environ 1 500 km).

Ensuite, l’utilisation de ces drones change la stratégie de cette guerre : les FSR peuvent désormais étendre la guerre dans les zones où ils ne sont pas présents.

Enfin, ils visent des infrastructures : il ne s’agit de prendre la ville de Port-Soudan mais de détruire des installations pour affaiblir les autorités, comme par exemple l’aéroport qui est utilisé par les militaires mais aussi par les civils et notamment par les organisations humanitaires.

La guerre qui oppose depuis le 15 avril 2023 l’armée régulière, dirigée par Abdel Fattah al-Burhan, aux FSR, avec à leur tête son ancien adjoint Mohamed Hamdane Dogolo dit « Hemedti », a fait des dizaines de milliers de morts au Soudan, déraciné 13 millions de personnes et plongé certaines régions dans la famine, provoquant « une des pires catastrophes humanitaires » au monde, selon l’ONU.

Le gouvernement soudanais qui a essuyé une fin de non-recevoir auprès de la CIJ dans sa requête criminalisant les Emirats arabes unis a décidé mardi de rompre ses relations diplomatiques avec les Émirats arabes unis, déclarés  « État agresseur », a annoncé Yassin Ibrahim, ministre de la Défense. Dans un discours à la télévision soudanaise, il a accusé Abou Dhabi de violer la souveraineté du Soudan en soutenant les paramilitaires des FSR, en guerre contre l’armée depuis avril 2023.

Comments are closed.

Exit mobile version