« Nous n’attendrons pas indéfiniment pour relancer l’accord nucléaire », a déclaré S. Khatibzadeh, lundi 4 avril, lors de sa conférence de presse hebdomadaire à Téhéran. Soulignant que « l’administration américaine n’a pas encore pris de décision politique sur les questions en suspens dans les négociations, et tente de les exploiter en faveur de ses politiques internes ».
« Les pourparlers sur le nucléaire sont devenus l’otage des affaires intérieures américaines », a-t-il relevé tout en rappelant que « Washington n’obtiendra pas de résultats en imposant son autorité, car Téhéran ne lie pas les négociations de Vienne aux questions régionales ». Et de noter que « les États-Unis tentent d’empêcher l’Iran de bénéficier économiquement de l’accord dans les dernières étapes des négociations…L’embargo illégal fait désormais partie de la méthode de Washington, qui se considère responsable du monde et des lois internationales ».
« Nous ne nous rendrons pas à Vienne pour de nouvelles négociations mais pour finaliser un accord sur le nucléaire. Il faut donc attendre la réponse de Washington », aux questions en suspens, a-t-il insisté.
Hossein Amir-Abdollahian, chef de la diplomatie iranienne, a évoqué de son côté, lors d’un entretien avec le secrétaire général de l’ONU, l’accord sur le nucléaire, en affirmant que «la balle est à présent dans le camp des Etats-Unis.» Il a ajouté, dimanche, qu’un accord était «proche» pour sauver le pacte conclu en 2015 entre les grandes puissances et Téhéran sur son programme nucléaire, objet de pourparlers depuis près d’un an. «Nous avons transmis au côté américain via le négociateur de l’Union européenne nos propositions sur les questions en suspens et la balle est à présent dans le camp des Etats-Unis», a affirmé le responsable iranien.
Antonio Guterres a pour sa part mis l’accent sur l’importance des négociations qui se tiennent à Vienne, exprimant l’espoir que les deux parties puissent parvenir à un accord le plus tôt possible, selon le communiqué officiel iranien.
L’Iran négocie dans la capitale autrichienne avec la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne pour relancer l’accord international de 2015 censé empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique, objectif nié par Téhéran, en échange de la levée de sanctions qui asphyxient son économie.
L’accord de 2015 s’est délité après le retrait unilatéral en 2018 des Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, suivi du rétablissement de sanctions contre l’Iran, qui, en réaction, s’est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire.
L’actuel président américain, Joe Biden, veut revenir dans l’accord à condition que Téhéran renoue aussi avec ses engagements. Les Etats-Unis, qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques avec l’Iran, participent indirectement aux négociations de Vienne, via l’UE, qui coordonne les pourparlers. Ces discussions ont permis de lever l’essentiel des obstacles, mais butent toujours sur certaines questions épineuses. Parmi elles, le sort des Gardiens de la révolution, armée idéologique de l’Iran, inscrits par D. Trump sur la liste noire américaine des «organisations terroristes étrangères». Téhéran exige qu’ils en soient retirés, mais Washington n’y est pas favorable.
Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, avait estimé il y a une semaine que la conclusion d’un accord à Vienne était une «affaire de jours». Mais depuis…