Lors de sa visite en Chine, G. Raimondo devra faire preuve de diplomatie, car sa mission est quelque peu délicate. La secrétaire américaine au Commerce doit travailler au renforcement des relations commerciales avec Pékin alors que Washington a imposé une série de restrictions sur ses exportations vers la Chine. Des restrictions appliquées par le département dirigé par G. Raimond him self. La responsable a donc pour mission de convaincre Chinois et Américains qu’il est possible d’avoir des relations commerciales tout en appliquant des limites pour « protéger » les intérêts des États-Unis. Accompagnée d’une délégation d’hommes d’affaires US, la secrétaire au Commerce doit s’entretenir avec son homologue chinois ainsi que d’autres hauts responsables du pays.
La presse américaine prête à l’ancienne gouverneure de Rhode Island qui a commencé sa carrière dans la finance, des ambitions à Washington. Ce qui est sûr, c’est que son influence se fait déjà sentir dans la politique de l’administration US puisque Joe Biden l’a recrutée pour qu’elle participe à la réindustrialisation du pays. Et pour que l’industrie américaine soit à nouveau compétitive, G. Raimondo s’est attelée à assécher l’accès des entreprises chinoises aux technologies les plus avancées: c’est pour cela que son secrétariat a imposé une liste noire d’entreprises et de produits sensibles pour lesquels il était désormais interdit de commercer avec Pékin.
Comme les Européens, les Américains investissent massivement pour relocaliser la production de microprocesseurs, des puces indispensables pour tout ce qui contient de l’informatique. Petite complication, si la Chine est en retard sur les technologies, elle contrôle l’immense majorité des terres rares indispensables à la fabrication de ces microprocesseurs. Pékin a d’ailleurs interdit l’exportation de plusieurs d’entre eux en représailles. La visite de G. Raimondo est la quatrième d’un membre de l’actuelle administration US ces derniers mois, preuve de l’importance accordée par le président américain à la relation avec Pékin, plutôt froide en raison des multiples sujets de discorde. À Washington, certains espèrent que cette visite aboutira à des avancées un peu plus concrètes que lors des déplacements des précédents responsables américains. À quelques mois d’une rencontre prévue en novembre entre Xi Jinping et J. Biden, G. Raimondo se prépare donc à un difficile travail d’équilibriste.
Pékin ne lâche pas l’Afrique :
Le jour même de l’arrivée de la responsable US à Pékin, le ministère chinois de la Défense a déclaré que la Chine organiserait le troisième Forum Chine-Afrique sur la paix et la sécurité du lundi 28 août, au 2 septembre. « Le forum vise à renforcer la communication stratégique entre les ministères de la Défense de la Chine et des pays africains et à jouer un rôle actif dans la construction d’une communauté sino-africaine de destin dans la nouvelle ère », selon un communiqué relayé par la chaîne chinoise CGTN. Li Shangfu, conseiller d’État chinois et ministre de la Défense nationale, prononcera un discours lors du forum.
Le deuxième Forum Chine-Afrique sur la paix et la sécurité s’est tenu en juillet dernier, et le président chinois Xi Jinping a déclaré à l’époque que « la Chine a toujours travaillé au développement des relations avec l’Afrique, avec l’engagement de renforcer l’intérêt commun et suivre les principes de sincérité, de pragmatisme, de convergence et de bonne volonté ».
Le président chinois a exprimé la volonté de son pays de travailler avec ses amis africains pour adhérer à la vision « d’une sécurité commune, globale, coopérative et durable ». Il a souligné que « la Chine travaillera avec l’Afrique pour protéger le système international, avec les Nations Unies en son cœur, défendre l’équité et la justice internationales, promouvoir la mise en œuvre de l’initiative de sécurité mondiale et construire une communauté de destin entre la Chine et l’Afrique dans la nouvelle ère ».
Il convient de noter que le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique a dépassé 254 milliards de dollars en 2021, contre 64,33 milliards de dollars entre les États-Unis et l’Afrique.