La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de plusieurs Chefs d’Etat et de gouvernements africains, du président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, et du président de la Banque islamique de développement (BID), Muhammad Sulaiman Al Jasser.
Intervenant à cette occasion, le président du Kenya, William Samoei Ruto, a souligné que les Assemblées annuelles 2024 de la BAD interviennent à un moment important de l’histoire du développement de l’Afrique, relevant que la forte réponse positive des Nations africaines à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine (UA) témoigne d’une intention collective de procéder à une transformation radicale des économies africaines et d’atteindre les objectifs de développement durable (ODD). La réalisation de cette transformation, a-t-il soutenu, nécessite un engagement constant de ressources substantielles pour investir dans les infrastructures et la capacité industrielle afin de produire une croissance rapide. “Cependant, nous faisons face à la barrière rigide d’une architecture financière mondiale fondamentalement mal alignée avec nos aspirations”, a déploré le président kényan. L’architecture financière préconisée pour l’Afrique devrait intégrer les problèmes de développement les plus difficiles du continent, notamment la durabilité de la dette et les vulnérabilités climatiques, afin de permettre la réalisation des ODD et des engagements de l’Agenda 2063, a-t-il estimé. Et d’ajouter : “Nous affirmons qu’il est impératif de transformer l’architecture financière mondiale pour donner à l’Afrique une chance équitable de transformer son immense potentiel en opportunités afin de surmonter de multiples défis et de se développer de manière inclusive et durable”.
De son côté, le président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a affirmé que l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) en Afrique nécessite d’engager une réforme de l’architecture financière mondiale. “La réforme de l’architecture financière mondiale est nécessaire pour mobiliser encore plus de ressources financières afin d’atteindre les objectifs de développement durable de l’Afrique”, a dit A. Adesina qui a fait savoir que le Cadre d’adéquation des fonds propres du G20 (The G20 capital adequacy framework) a appelé les banques de développement multilatérales à optimiser leurs bilans pour augmenter les financements en soutien aux pays, notant que la BAD a répondu à cet appel. “Nous avons été à la pointe de plusieurs innovations financières pour y parvenir. Le mois dernier, la Banque africaine de développement a émis un capital hybride sur le marché mondial des capitaux, une première pour une banque de développement multilatérale, créant une nouvelle classe d’actifs mondiale pour les investisseurs”, a expliqué A. Adesina, soulignant que les 750 millions de dollars de capital hybride seront levés 3 à 4 fois pour augmenter la capacité de prêt de la Banque. L
e président de la BAD a également fait part de sa satisfaction de la récente approbation par le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) de l’utilisation des droits de tirage spéciaux (DTS) en tant que capital hybride, basé sur la proposition développée par la BAD et la Banque interaméricaine de développement. Et de poursuivre : “Si la limite approuvée de 20 milliards de dollars de DTS est canalisée vers des banques de développement multilatérales comme la nôtre, nous pouvons lever cela pour fournir au moins 80 milliards de dollars de nouveaux soutiens financiers. Je demande le soutien de tous les actionnaires pour faire de cela une réalité”.
Pour ce qui est des efforts déployés dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, A. Adesina a relevé que la BAD est en bonne voie pour atteindre son objectif de mobiliser 25 milliards de dollars en financement climatique, précisant qu’en 2023, la Banque a consacré 45% de ses prêts au financement climatique. Lors de ces assemblées, qui englobent la 59ème Assemblée annuelle de la BAD et la 50ème Assemblée du Fonds africain de développement (FAD), les discussions de haut niveau porteront sur la réforme de l’architecture financière mondiale, la vision de la Banque à 60 ans et les stratégies de financement de la transformation de l’Afrique au milieu des changements financiers mondiaux. Cette réforme de l’architecture financière mondiale se veut urgente du fait que l’Afrique aura besoin de pas moins de 13.000 milliards de dollars par an pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030. Dans ce sens, les Assemblées annuelles de la BAD, qui se tiendront jusqu’au 31 mai courant, permettront aux gouverneurs de la Banque de partager leurs expériences sur les progrès réalisés par leurs pays respectifs dans la transformation de leurs économies, les principaux obstacles rencontrés dans ce processus et les réformes clés entreprises pour les surmonter (ou au moins réduire au minimum leurs effets négatifs). Ils exposeront aussi leur position face aux réformes proposées de l’architecture financière internationale et échangeront sur la manière dont le système financier mondial actuel a entravé le financement de leurs ambitions en matière de transformation structurelle.