Le président syrien Bachar el-Assad s’est rendu le 20 février au sultanat d’Oman, une première en douze ans de guerre en Syrie, au moment où Damas multiplie les tentatives de rapprochement avec les pays arabes après le séisme dévastateur.
Médiateur discret mais important sur la scène diplomatique, Oman est l’un des rares pays arabes, et le seul dans le Golfe, à avoir toujours maintenu des relations diplomatiques officielles avec Damas depuis le début de la guerre en Syrie en 2011. « Le sultan (Haïtham) et le président syrien ont tenu des discussions officielles », annoncé le ministère omanais des Affaires étrangères sur Twitter. Le sultan a réitéré « ses sincères condoléances au président et au peuple syrien frère », après le séisme qui a fait plus de 44 000 morts en Turquie et en Syrie.
Le chef de l’Etat omanais a assuré B. el-Assad de son engagement à « soutenir ses frères pour surmonter les répercussions de ce désastre naturel », a ajouté le ministère sur Twitter, publiant des photos des deux hommes côte à côte.
« La région a désormais davantage besoin du rôle joué par Oman […] pour renforcer les liens entre les Etats arabes sur la base du respect mutuel », a déclaré B. el-Assad, qui a également salué les « politiques équilibrées » du pays, selon un communiqué de la présidence. Des visites de hauts responsables des deux pays ont déjà eu lieu mais c’est la première rencontre officielle à ce niveau. Il s’agit de la deuxième visite de B. el-Assad dans un pays arabe après les Emirats arabes unis en 2022.
Le sultanat d’Oman promeut une politique stricte de non-ingérence dans les affaires régionales, entretenant de bonnes relations avec des puissances rivales et jouant souvent le rôle de médiateur. La Syrie avait été exclue de la Ligue arabe dès fin 2011. Après des années de boycott, plusieurs pays arabes ont récemment montré leur volonté de se rapprocher du régime de B. el-Assad. Fin 2018, les Emirats arabes unis avaient rouvert leur ambassade à Damas. Et en mars 2022, B. el-Assad avait fait sa première visite dans un pays arabe à Abou Dhabi, où il avait été reçu par l’actuel président, Mohammed ben Zayed. Selon des analystes, B. al-Assad chercherait à sortir de son isolement diplomatique en profitant de l’émotion et de l’élan international de solidarité suscité par le séisme. Le 7 février, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi avait appelé, pour la première fois, son homologue syrien. Le 18 février, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, avait évoqué « un consensus dans le monde arabe » selon lequel « le statu quo ne fonctionne pas » en Syrie.