Le président russe, au pouvoir depuis désormais près d’un quart de siècle, a récolté 87,28% des voix sur l’ensemble des suffrages dépouillés en Russie, soit 10 points de plus qu’en 2018. « C’est un indicateur record », a proclamé Ella Pamfilova, cheffe de la Commission électorale. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a évoqué un résultat « exceptionnel » et une « confirmation » du soutien du peuple russe « à son président ».
Depuis Pékin, Xi Jinping, dirigeant chinois, a assuré que ce résultat prouvait « le plein soutien des Russes » à V. Poutine, tandis que le président iranien Ebrahim Raïssi y a vu une « solide victoire ». Les dirigeants de l’Inde, du Venezuela, du Qatar, de l’Algérie, du Nicaragua, de Cuba et de Bolivie ont aussi salué la réélection de V. Poutine. Narendra Modi, Premier ministre indien, a également adressé ses chaleureuses félicitations et appelé à renforcer la relation « spéciale » entre les deux pays.
Berlin, Londres, Paris, Bruxelles et évidemment Kiev ont de leur côté fustigé un vote sous contrainte et sans opposition. Le ministère allemand des Affaires étrangères, cité par RIA Novosti, a indiqué qu’il n’utiliserait pas la fonction quand il évoquera le président russe pour ne le désigner que par son seul nom. Le président russe a célébré dès le 17 mars au soir sa victoire en dressant le portrait d’une Russie « consolidée » qui ne se laissera pas «intimider» par l’Occident.
Toute la semaine a été émaillée de bombardements meurtriers et de tentatives d’incursions de combattants armés venus d’Ukraine et neutralisés par les forces russes. Dans la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, ces attaques ont fait au moins 13 morts depuis le 12 mars, selon les autorités locales. V. Poutine a salué le 17 mars les troupes russes, évoquant les « nouvelles terres russes » mais les qualifiant de « territoires historiques de la Russie ». Il a estimé que les forces russes, à l’offensive face à une armée ukrainienne en manque d’hommes et de munitions, avaient « entièrement l’initiative ».
Questionné sur les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’envoi éventuel de troupes occidentales en Ukraine, le président russe a souligné qu’une telle option pouvait mener à « un pas d’une troisième guerre mondiale », avant de faire remarquer que son homologue français avait déjà apporté des « correctifs », le contingent pouvant ne mener que des missions secondaires. Et celui-ci de conclure : « La France pourrait jouer un rôle dans la paix, tout n’est pas perdu.» L’opposition a tenté de se montrer lors de cette présidentielle. Ioulia Navalnaïa, veuve d’Alexeï Navalny, avait appelé ses partisans à aller tous voter au même moment, à midi dimanche. Elle-même a voté à l’ambassade de Russie à Berlin, disant avoir écrit « Navalny » sur son bulletin.
Le ministère russe des Affaires étrangères, a dénoncé le 17 mars, les « fausses informations » circulant sur les réseaux sociaux, voulant faire croire que les électeurs russes qui se sont rendus aux urnes en début d’après-midi avaient répondu à l’appel de I. Navalnaïa. D. Peskov, porte-parole du Kremlin, a lui remarqué lundi 18 mars que cette dernière faisait « de plus en plus partie de ces milieux qui perdent leurs racines, leurs liens avec leur patrie ». « Ils ne comprennent plus leur patrie et ne sentent plus le pouls de leur pays », a-t-il ajouté. La veille, V. Poutine a, pour la première fois, prononcé publiquement le nom d’A. Navalny, qualifiant son décès de « triste événement », et ajoutant qu’il s’était déclaré favorable à sa libération dans le cadre d’un échange de prisonniers avec les Occidentaux.