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Au parlement, A. Akhannouch va à l’école : De la com pour les cancres et ses ratés…

Le chef du gouvernement multiplie les sorties et prend un malin plaisir à ne pas aborder les questions qui fâchent. Après son déplacement à Laayoune où il a tenté de mobiliser les Rnistes autour du dossier saharien et du développement qu’induirait l’offre atlantique faite aux pays sahélo-saharien, le voilà qui revient depuis l’enceinte parlementaire sur le dossier de l’éducation nationale, encore en proie aux miasmes, pour pérorer sur la réforme du système éducatif public en déliquescence. Le choix de la thématique est des plus étonnants à l’heure où le dossier des enseignants, pierre angulaire dans toute réforme, est oblitéré par les suspensions et autres ponctions sur salaire. Aziz Akhannouch opère ainsi une fuite en avant alors que des questions d’importance méritent de bénéficier de l’intérêt de l’Exécutif et de son chef : sécheresse, chômage, santé, coût de la vie et le yoyo des prix à la pompe. Sur ces sujets, le maestro de la majorité a préféré mettre une sourdine…
Au parlement, A. Akhannouch va à l’école : De la com pour les cancres et ses ratés…

Intervenant lors de la séance mensuelle de questions orales adressées au chef du gouvernement à la Chambre des représentants portant sur « le développement et la modernisation du système éducatif », A. Akhannouch a mis en exergue l’importance accordée par le Roi à la réforme de l’éducation publique et universitaire. Il a souligné qu’il ne s’agit pas simplement de réformes sectorielles, mais plutôt d’une véritable lutte et d’une voie décisive pour répondre au défi du développement du Royaume.

Le chef du gouvernement a précisé que cette vision intégrée englobe l’amélioration de la recherche scientifique, la qualification des ressources humaines, et la création d’un environnement éducatif et universitaire garantissant la justice, l’égalité, et l’équité des chances pour tous les citoyens marocains.

Il fait également savoir que cette attention royale envers les questions éducatives a été manifestée lors du discours royal lors de l’ouverture du Parlement en octobre 2017. Le Souverain a exprimé le désir des Marocains de donner à leurs enfants une éducation allant au-delà de la simple lecture et écriture, assurant ainsi leur participation dans l’univers de la connaissance, de la communication, de l’intégration professionnelle, et contribuant à leur avancement individuel et social.

Dans la mise en œuvre des directives royales visant à réformer le secteur de l’éducation, le gouvernement a fait de l’éducation une priorité nationale urgente, nécessitant la mobilisation de tous pour atteindre ses objectifs les plus élevés, a-t-il affirmé. Il a également mis en avant l’ampleur des problèmes accumulés et de la situation préoccupante dans laquelle le secteur éducatif se trouvait depuis des années, avec des répercussions négatives sur le classement de l’école marocaine dans les indicateurs nationaux et internationaux.

En outre, le chef du gouvernement a précisé que depuis le début de son mandat, l’Exécutif a été confronté à une réalité préoccupante, caractérisée par plusieurs indicateurs imposant la nécessité d’une réforme profonde et globale du secteur éducatif. Et de souligner que plus de 330.000 élèves quittent l’école annuellement, créant ainsi l’un des principaux obstacles au développement du système éducatif. Dans cette perspective, il relève que la situation est désormais préoccupante, mettant en lumière le fait que seuls 23% des élèves démontrent la capacité de lire un texte composé de 80% de mots en arabe avec aisance. Ce constat s’aggrave lorsqu’il est mentionné que seulement 30% peuvent lire un texte en français constitué de 15 mots avec une facilité comparable. En complément de ces constats alarmants, A. Akhannouche a précisé qu’environ 49% des étudiants quittent l’université sans obtenir de diplôme. Ces chiffres confirment les conclusions du nouveau modèle de développement qui met en évidence trois dimensions de lacunes, à savoir la crise de la qualité de l’apprentissage, la crise de confiance des Marocains envers les institutions éducatives et leurs organes, ainsi que la crise de la place de l’école qui ne remplit plus son rôle dans l’avancement social et la promotion de l’égalité des chances.

Le maestro de la majorité a également évoqué l’amélioration des conditions matérielles et statutaires du corps éducatif que le gouvernement considère comme partenaires clés du programme de réforme. Il a ainsi passé en revue les réalisations gouvernementales dans ce domaine, en mettant particulièrement l’accent sur les progrès accomplis depuis le début de l’année scolaire. De plus, le chef du gouvernement a saisi cette occasion pour annoncer la volonté du gouvernement d’initier une nouvelle série de dialogue social, en conformité avec l’engagement de l’Exécutif envers la charte nationale du dialogue social.

Obstination maladive

L’impression qui se dégage du déroulé de la rhétorique développée par A. Akhannouch est qu’il reste sourd à la réalité et ses concerts de tintamarre. Le chef d’orchestre adore s’écouter pérorer… Alors qu’en face, les faits dénoncent la politique suivie par son équipe, comme le montre la colère des enseignants qui remonte à la surface au risque de provoquer un tsunami social aux conséquences incalculables. En effet, la Coordination nationale de l’enseignement est décidée à lancer, à l’approche des examens, un programme de manifestations et de protestations pour dénoncer les suspensions des enseignants et les ponctions sur salaires qui persistent. Comment réussir la réforme du système éducatif alors que les enseignants qui ont déserté les écoles durant près d’un trimestre menacent de mener de nouvelles grèves pour faire aboutir leurs droits ?

Pour l’heure, la Coordination nationale de l’enseignement a décidé de solliciter le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) et l’Institut du Médiateur du Royaume pour mettre en évidence les « infractions » du gouvernement qui a choisi de sanctionner les grévistes parmi les enseignants qui protestaient contre le statut unifié et invitaient la tutelle à la résolution des problèmes sectoriels.

Pour rappel, le nombre des enseignants suspendus s’élève à 543. Aucun d’entre eux n’a été réintégré, et aucune mention des conseils de discipline n’a été faite à leur sujet.

La question qui se pose dès lors serait de savoir qui s’acharne à bloquer le retour à la normale dans les écoles déjà pénalisées par un trimestre de perdu ? La colère qui sourd parmi les enseignants risque de prendre de l’ampleur. D’autant plus que le droit à la grève est prescrit par la loi suprême et que les retenues sur salaire des grévistes relève de l’hérésie introduite par le gouvernement dirigé il y a de cela des lustres par Abdelilah Benkirane. A fortiori les suspensions…

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