Le général Yahya Saree, porte-parole de l’armée de Sanaa, a déclaré dans un communiqué que les forces des Houthis avaient réussi samedi à « déjouer une attaque américano-britannique contre le Yémen ». « Le porte-avions USS Harry S. Truman et plusieurs des destroyers qui l’accompagnaient ont été pris pour cible lorsque l’attaque agressive contre le Yémen a commencé la nuit dernière », a-t-il déclaré. Il a expliqué que l’opération « a été menée au moyen de huit missiles de croisière et de 17 drones, ce qui a entraîné la chute d’un avion de chasse F-18 alors que les destroyers tentaient d’intercepter les drones et les missiles yéménites ».
Tôt dimanche, le Commandement central américain (CENTCOM) a annoncé qu’un avion de chasse F/A-18 de la marine américaine avait été abattu par des « tirs amis » au-dessus de la mer Rouge. Le Centcom a affirmé qu’un avion militaire américain abattu, dimanche au-dessus de la mer Rouge, « par erreur » par un missile tiré depuis un croiseur américain. « De premières analyses indiquent qu’un des membres d’équipage a été légèrement blessé », a relaté le Centcom dans un communiqué. « L’incident n’est pas le résultat d’un tir hostile », a décrit l’armée, et une enquête a été ouverte pour « un cas présumé de tir ami ».
D’après le Centcom, le croiseur de missiles guidés USS Gettysburg « a tiré par erreur (…) et touché » un avion de combat F/A-18 à bord duquel se trouvaient les deux pilotes de la marine américaine qui avaient décollé du porte-avions USS Harry S. Truman.
Le mouvement de résistance yéménite, Ansarullah, a affirmé que ses attaques contre des cibles américaines ont neutralisé et dérouté les systèmes de défense aérienne des États-Unis, entraînant ainsi des « tirs amis » qui ont abattu un avion de combat américain. Mohammed al-Bukhaiti, membre du bureau politique du groupe, a fait ces remarques à la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera. « Nos attaques ont déstabilisé les défenses aériennes américaines et ont provoqué le crash de l’avion de combat américain en raison de tirs amis », a-t-il déclaré. Les remarques de Bukhaiti interviennent après que le ministre yéménite de la Défense, Mohammed Nasser al-Atifi, a averti Washington que le Yémen est capable de couler les navires américains et qu’il est en possession d’armes qu’il n’a pas déployées jusqu’à présent.
Les États-Unis avaient lancé, samedi soir, une agression contre la capitale yéménite Sanaa, et ce quelques heures après que les forces yéménites ont pris pour cible Tel Aviv, en Palestine occupée. La chaîne yéménite Al-Masirah a rapporté qu’« une agression américano-britannique a visé la région d’Attan, dans la capitale Sanaa ». L’armée américaine a pour sa part confirmé avoir frappé Sanaa. Le commandement central a déclaré dans un communiqué que l’armée américaine a lancé des frappes aériennes sur « une installation de stockage de missiles et un centre de commandement et de contrôle ». « Des drones et un missile de croisière ont été abattus au-dessus de la mer Rouge », a-t-on ajouté de même source.
Jeudi, des avions de combat israéliens avaient lancé des frappes aériennes sur la ville côtière d’Al-Hodeïda et sur la capitale Sanaa, en représailles aux attaques de drones et de missiles des Houthis. Il s’agit de la troisième vague de frappes aériennes lancées par Tel-Aviv contre des sites au Yémen depuis juillet.
Les Houthis ont lancé des missiles et des drones contre des cargos israéliens ou associés à Tel-Aviv en mer Rouge, marquant ainsi leur soutien à la Bande de Gaza, où plus de 45 200 personnes ont été tuées dans la guerre génocidaire menée par Israël depuis le 7 octobre 2023.
Les frappes propalestiniennes du Yémen ont exercé une pression énorme sur le régime israélien en forçant les navires qui tentent d’acheminer du matériel militaire et d’autres marchandises vers les territoires occupés à emprunter la route la plus longue autour de l’Afrique. Ces opérations ont notamment entraîné la fermeture du port d’Eilat, situé à l’extrémité sud des territoires occupés. Bukhaiti a déclaré que ces opérations ont imposé par ricochet un siège économique contre le régime israélien et porté atteinte à sa sécurité.
Samedi matin, Y. Sarii a annoncé le lancement d’un missile balistique hypersonique vers « une cible militaire de l’ennemi israélien dans la région occupée de Yaffa (Tel-Aviv) ». Les médias israéliens ont rapporté que 16 personnes ont été blessées suite à ce tir, confirmant que les systèmes de défense aérienne n’avaient pas réussi à l’intercepter.
Plusieurs éléments expliqueraient l’échec de l’interception du missile, d’après le quotidien israélien Yedioth Ahronoth. D’abord, une défaillance technique du système anti-aérien : aucune des trois couches qui composent ce « dôme protecteur » au-dessus d’Israël n’a l’air d’avoir fonctionné.
Ensuite, selon plusieurs experts, le missile aurait été lancé sur une trajectoire balistique plate, le rendant particulièrement difficile à repérer par les systèmes de défense. Enfin, la trajectoire du missile aurait évolué en cours de route. L’Iran qui fournit les Houthis, possède des têtes d’ogives manœuvrables, qui permettent de changer, au dernier moment, la direction de la charge explosive.
Couplé à la vitesse du missile, d’environ 5 000 km/h, l’interception a été rendue presque impossible. La presse locale prévient que cette brèche dans le système anti-aérien doit être colmatée au plus vite et imagine déjà le scénario du pire : si ce missile avait été doté d’une ogive nucléaire.