Peu après la confirmation de la mort du chef du Hamas le 17 octobre dans le quartier Tel Sultan, à Rafah dans le sud de l’enclave palestinienne, l’Occident a félicité Israël. « Une bonne journée pour Israël, les États-Unis et le monde », a lancé Joe Biden dans un message publié sur la plateforme X. « En tant que chef du groupe terroriste Hamas, Sinouar était responsable de la mort de milliers d’Israéliens, de Palestiniens, d’Américains et de citoyens de plus de 30 pays », a par ailleurs déclaré le président américain dans un communiqué de la Maison Blanche. « Il était le cerveau des massacres, des viols et des enlèvements du 7 octobre », a poursuivi J. Biden, insistant sur le fait que les commandos du Hamas ont agi « sur ordre » de Sinouar. J. Biden a également précisé que les États-Unis et Israël ont activement collaboré pour localiser le chef du Hamas. « Peu de temps après les massacres du 7 octobre, j’ai demandé au personnel des opérations spéciales et à nos professionnels du renseignement de travailler aux côtés de leurs homologues israéliens pour aider à localiser Sinouar et d’autres dirigeants du Hamas qui se cachaient à Gaza », a-t-il déclaré. « Avec l’aide de nos services de renseignement, l’armée israélienne a poursuivi sans relâche les dirigeants du Hamas, les faisant sortir de leurs cachettes et les forçant à fuir », a-t-il encore ajouté. Même son de cloche du côté d’Ottawa. « La mort de Sinouar met fin à un règne de terreur », a déclaré sur X Justin Trudeau, Premier ministre canadien, enjoignant le Hamas à « déposer les armes, libérer les otages et ne plus jouer aucun rôle dans la gouvernance de Gaza », tout en insistant sur l’importance d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
En Europe, Emmanuel Macron a également réagi à la mort du chef du Hamas en soulignant qu’« en ce jour, je pense avec émotion aux victimes, dont 48 de nos compatriotes, et à leurs proches ». Le président français a également exigé la libération des otages. Son message a été traduit en anglais et en Hébreu. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a appelé Israël à mettre fin aux hostilités dans la bande de Gaza à la suite de cette élimination. « Cette mort, ce doit être un tournant, ce doit être le moment de tourner la page de la guerre à Gaza : libération des otages, cessez-le-feu inconditionnel, acheminement sans entrave et massif dans l’enclave de Gaza, ce doit être l’occasion de faire cheminer la région vers la paix », a-t-il déclaré ce 18 octobre au micro d’une radio publique.
« Sinouar était un meurtrier brutal et un terroriste qui voulait détruire Israël et son peuple », a déclaré Annalena Baerbock, ministre allemande des Affaires étrangères. « En tant que cerveau des attentats du 7 octobre, il a causé la mort de milliers de personnes et des souffrances incommensurables dans toute une région. Le Hamas doit maintenant libérer tous les otages et déposer les armes, les souffrances du peuple de Gaza doivent enfin prendre fin », a-t-elle insisté. « J’espère que la disparition du chef du Hamas conduira à un cessez-le-feu à Gaza », a pour sa part déclaré Antonio Tajani, son homologue italien. Quant au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, celui-ci a souligné que Yahya Sinouar « était un obstacle à un cessez-le-feu urgent et à la libération inconditionnelle de tous les otages ».
Moscou près de la vérité :
Dans ce concert occidental qui épouse au pied de la lettre les thèses sionistes selon lesquelles la résistance arabe, qu’elle soit palestinienne, libanaise ou de toute autre nationalité, n’a pas droit à l’existence, il y a de quoi tiquer. Même si depuis le lancement de l’opération « Déluge d’al-Aqsa » lancée par Y. Senouar le 7 octobre 2023, le déballage des cartes a permis de voir comment les puissances occidentales, USA en tête, se sont attelées à voler au secours de leur outil de domination dans la région du Machrek.
La diplomatie russe détonne dans ce maelstrom. Moscou estime que la mort du dirigeant du Hamas n’affecterait pas la situation dans la région. « Il y a toujours un remplaçant », a déclaré Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères. Autant dire que cette élimination ne marquera pas un tournant dans la région. Une lecture des plus correctes au regard des déclarations faites par K. Al-Hayya. Mahmoud Mardawi, autre responsable du Hamas, n’a pas manqué, non plus, de réaffirmer que les conditions de la résistance sur « les négociations de la trêve n’ont pas changé après le martyre de Sinouar ». le Hamas a tenu à rappeler que « le martyre du frère leader Yahya Sinouar et de tous les dirigeants et icônes du mouvement qui l’ont précédé sur le chemin de la fierté et du martyre et du projet de libération et de retour ne fera qu’accroître la force, la solidité et la détermination du mouvement Hamas et de notre résistance afin de poursuivre leur chemin et d’être fidèles à leur sang et à leurs sacrifices. »
Les Brigades al-Qassam, celles qui étaient sous le commandement du défunt leader, n’ont pas manqué de réagir. « Nous avons entamé cette grande bataille avec les autres factions tout en étant conscients que le prix de la libération sera couteux. Notre jihad ne s’arrêtera que lorsque la Palestine sera libérée, le dernier sioniste expulsé et lorsque nous restituerons la totalité de nos droits légitimes », ont-ils affirmé. La preuve, dans la journée de vendredi, une embuscade a été tendue à une force israélienne dans la bande de Gaza qui, en s’introduisant dans une maison préalablement piégée par un engin explosif conçu à partir d’un missile largué sur l’enclave sans exploser, a fait plusieurs morts et blessés parmi l’occupant.
Depuis le Liban, pays en prois aussi à la barbarie sioniste, un dirigeant du Hezbollah libanais a par ailleurs assuré que « le commandant martyr Yahia Sinouar a affronté le projet américain et l’occupation sioniste et a offert son sang dans cette voie, atteignant le statut de martyr, et le rang le plus élevé de la dignité et de la perfection humaine ». Et d’ajouter : « Nous, dans la direction du Hezbollah qui affrontons avec le peuple libanais résistant et tenace les séquelles de l’offensive sioniste criminelle, assurons notre plein soutien au peuple palestinien et sommes pleinement confiants de la promesse divine et de la victoire à ses fidèles croyants. »
Depuis le Yémen, les Ansarullah qui ont mobilisé des dizaines de milliers de Yéménites, comme tous les vendredi, ont salué « le grand moudjahid et grand leader Yahia Sinouar » et assuré leur « plein soutien à la résistance palestinienne ».
L’Iran n’a pas manqué de réagir. Aisni, Massoud Pezeshkian, Président iranien, a assuré en rendant hommage au commandant martyr Yahia Sinouar, que « l’ennemi devrait savoir que le martyre des leaders de la résistance n’ébranlera jamais la lutte de la oumma islamique contre l’occupation.» Ajoutant que « le martyr Sinouar a poursuivi sa lutte avec bravoure jusqu’au dernier moment de sa vie et n’a pas capitulé. »
Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères a rendu hommage au défunt leader du Hamas sur X . En saluant le martyr Yahia Sinouar, il a écrit que « les martyrs restent vivants jusqu’à l’éternité. Les aspirations à la libération de la Palestine de l’occupation se maintiendront indéfiniment. Sinouar n’avait pas peur de la mort, il a aspiré au martyre à Gaza et a lutté avec bravoure jusqu’à la fin sur le champ de bataille. Il restera une source d’inspiration pour les résistants de la région, les Palestiniens et les non Palestiniens. Nous, ainsi que beaucoup d’autres dans le monde, saluons sa lutte pour la libération du peuple palestinien. »
En Jordanie, pays qui pactise avec l’entité sioniste, une marée humaine a rendu hommage au leader du Hamas mort au combat. Canal 12 a rapporté, par ailleurs, que l’armée israélienne avait confirmé, dans la journée, l’infiltration d’hommes armés depuis la Jordanie, où ils ont ouvert le feu sur une force israélienne au sud de la mer Morte. Deux des trois assaillants ont été « neutralisés » alors que le dernier s’est volatilisé dans une opération qui fait deux blessés parmi l’armée sioniste. Serait-ce un signe avant-coureur de l’ouverture d’un autre front ?