La semaine prochaine, jeudi très précisément, le Hamas doit remettre les corps de quatre autres otages. Cela marquera alors la fin de la première phase de l’accord de trêve. La seconde phase risque d’être compromise, ce qui suscite l’inquiétude du Forum des familles d’otages qui se dit « horrifié et dévasté » que le Hamas n’ait pas rendu à Israël le corps de S. Bibas. Les familles demandent au gouvernement israélien de faire preuve de fermeté, mais aussi de sagesse pour remédier aux violations flagrantes de l’accord de cessez-le-feu.
Par ailleurs, le Shin Bet, service de sécurité intérieur, a arrêté trois suspects dans l’affaire des explosifs dans les autobus de la banlieue sud de Tel Aviv. L’un d’entre est un juif israélien qui aurait véhiculé les poseurs de bombes.
La belle excuse !
Après l’explosion de trois engins de fabrication artisanale dans des bus vides sans faire de blessés et le désamorçage d’une quatrième, au sud de Tel-Aviv, Israël Katz, ministre israélien de la guerre, a annoncé jeudi soir avoir ordonné à l’armée d’intensifier son offensive contre la Cisjordanie occupée, après les explosions de plusieurs bombes ayant touché des bus dans le centre de l’entité sioniste.« J’ai donné l’ordre à l’armée d’intensifier les opérations pour combattre le ‘terrorisme’ dans le camp de réfugiés de Tulkarem et dans tous les camps de réfugiés en Cisjordanie », a-t-il affirmé dans un communiqué.
Selon plusieurs analystes, ces explosions qui n’ont pas fait de victimes sont « une mise en scène et une tentative de tromperie » de la part du gouvernement sioniste, à la lumière des tensions internes israéliennes après le retour des prisonniers dans des cercueils et des accusations contre le gouvernement de les avoir laissés tomber. Toute une série d’arrestations ont eu lieu lors des perquisitions israéliennes dans plusieurs villes et camps de la Cisjordanie occupée…
Sur le terrain, l’armée d’occupation israélienne a décidé de déployer 3 nouvelles divisions pour renforcer ses forces en Cisjordanie suite à l’opération de Bat Yam, où des explosions se sont produites, jeudi soir, dans 3 bus vides.
Selon le journal israélien Yediot Ahronoth, la première explosion s’est produite dans une station d’attente, la seconde dans une autre station d’attente située à 400 mètres de la première, et la troisième à 4 km des deux premières. D’autres engins piégés n’ayant pas explosé auraient été retrouvés dans d’autres endroits à Holon et Bat Yam, ainsi qu’un engin suspect dans une station de gare à Tel Aviv, ont rapporté les médias israéliens. Selon la chaine 12 israélienne, chaque bombe pèse à peu près 5 kg.
Une atmosphère de panique a régné parmi les habitants de Tel Aviv qui ont été priés de ne pas sortir. La radio de l’armée israélienne a rapporté que « tous les chauffeurs de bus de la région de Bat Yam ont reçu l’ordre de s’arrêter immédiatement sur le bord des routes, d’ouvrir les portes et de procéder à un contrôle de sécurité ». Le ministre des Transports a également ordonné la suspension de la circulation ferroviaire. Le correspondant de la chaîne 14 a révélé que « sur certains engins explosifs, des preuves indiquent que les attentats ont été planifiés pour des raisons nationalistes ». Le site Internet Walla a rapporté que les mots Vengeance pour Tulkarem étaient inscrits sur l’un des engins n’ayant pas explosé. Il a ajouté que « les engins explosifs découverts au sud de Tel-Aviv étaient prévus pour exploser simultanément vendredi matin ».
Pour la chaine qatarie al-Jazeera, un analyste n’a pas exclu pas que ces explosions soient « une mise en scène et une tentative de tromperie » de la part du gouvernement. Ihab Jabareen, journaliste spécialisé dans les affaires israéliennes, s’est interrogé sur la conclusion rapide des Israéliens selon laquelle « les explosions ont une motivation nationaliste », se demandant « à qui elles pourraient profiter, alors que tous les yeux sont tournés vers Israël après le processus de remise des corps de ses prisonniers ». Il a rappelé certains attentats réguliers à la bombe qui se sont produits au cours des dernières années, qui n’ont été revendiqués par aucun parti, faisant remarquer que ce qui était frappant à l’époque était leur timing, car le gouvernement israélien les exploitait alors qu’il était en pleine crise politique. Il a dit s’attendre à ce « qu’Israël exploite les bombardements pour réaliser ses convoitises en Cisjordanie », sans oublier « ses velléités de réaliser les objectifs de la guerre dans la bande de Gaza et de désarmer la résistance ». L’expert des affaires israéliennes a aussi stigmatisé « une exagération systématique des capacités palestiniennes sous prétexte qu’elles menacent l’existence de l’État nucléaire ».
Dans la soirée, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé avoir ordonné à l’armée d’intensifier son offensive contre la Cisjordanie occupée, où les régions du nord font l’objet d’une agression sans précédent qui a déplacé des milliers de Palestiniens. Ce qui confirment les craintes qu’Israël met en exécution sa politique de transfert des Palestiniens.
« Les attentats pourraient accélérer la décision du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar », a en outre supposé I. Jabareen, « après que la pression de la coalition de droite au pouvoir a réussi à pousser le chef d’état-major Herzi Halevi à démissionner ». R. Bar dérange le Premier ministre en insistant entre autre sur la nécessité de former une enquête officielle non gouvernementale pour enquêter sur l’échec du 7 octobre 2023, une affaire qui remonte de nouveau à la surface avec les déclarations de quatre soldates, récemment libérées par le Hamas, selon lesquelles elles avaient prévenu l’armée de mouvements suspects à la frontière avec la bande de Gaza bien avant l’attaque.
Barbarie à Gaza
Dans la bande de Gaza, le régime israélien a utilisé les drones comme arme psychologique pour intimider les Palestiniens et semer la peur parmi eux, a affirmé l’Observatoire Euro-Med qui a également averti qu’Israël augmente la pression sur les habitants du territoire palestinien pour qu’ils se soumettent au plan américano-israélien de déplacement forcé.
Dans une vidéo publiée sur la plateforme X, l’Observatoire basé à Genève a documenté des cas alarmants de drones quadricoptères israéliens diffusant des menaces enregistrées contre les civils, mettant en garde contre d’éventuels déplacements et destructions supplémentaires. Un message particulièrement effrayant relayé par les drones israéliens disait de manière inquiétante : « Si vous ne vous réveillez pas de votre sommeil, ils vous feront subir une deuxième et une troisième Nakba », puis on entend la sirène d’une ambulance.
La Nakba ou Catastrophe était le nettoyage ethnique de 800 000 Palestiniens de leur terre, lorsqu’Israël a créé son propre régime en Palestine en 1948. Depuis lors, environ 530 villes et villages palestiniens ont été rayés de la carte par l’entité occupante.
Cette méthode de guerre psychologique utilisée par l’occupant sioniste n’est pas nouvelle ; elle s’inscrit dans le cadre des tactiques employées dans sa guerre génocidaire pendant près de 16 mois contre Gaza, où le régime israélien a tué plus de 48 200 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants. L’armée israélienne utilise des drones quadricoptères contrôlés électroniquement à distance pour diverses tâches, notamment l’espionnage et la surveillance, l’émission d’ordres de déplacement, l’effroi des civils avec des bruits forts et, plus dangereux encore, leur utilisation comme arme pour tuer et blesser des Palestiniens.
En avril 2024, les habitants du camp de réfugiés de Nuseirat ont rapporté que des drones israéliens diffusaient des sons de bébés qui pleuraient et de femmes qui hurlaient. Des témoignages recueillis par l’Euro-Med ont révélé que ces enregistrements avaient pour but d’attirer les habitants à l’extérieur, où ils étaient ensuite pris pour cible par des snipers israéliens. « C’était terrifiant », a déclaré l’un des résidents du camp qui a ajouté. « Nous pensions que quelqu’un était en danger, mais c’était un piège. J’ai vu deux personnes se blesser devant moi, et nous n’avons même pas pu les aider à cause des tirs continus. »
En octobre 2024, juste avant un incident au cours duquel les forces israéliennes ont attaqué et incendié l’hôpital Kamal Adwan, des drones ont été déployés pour ordonner aux personnes à l’intérieur de l’établissement d’y évacuer immédiatement. Le personnel médical a signalé que de nombreux patients, en particulier ceux dans un état critique, y compris les enfants dans des couveuses, ne pouvaient pas être déplacés sans risquer leur vie.
En novembre 2024, le professeur Nizam Mamode, chirurgien britannique à la retraite qui s’est porté volontaire à l’hôpital Nasser de Gaza, a témoigné devant la commission du développement international du Parlement britannique des expériences horribles des enfants blessés. Il a décrit des cas où des drones israéliens ciblaient des civils qui tentaient d’aider les personnes blessées dans les bombardements. « Les enfants nous disaient : “J’étais allongé par terre après qu’une bombe est tombée et un quadricoptère est descendu et m’a tiré dessus” », a-t-il raconté, visiblement ébranlé.
Les tactiques employées par les forces israéliennes ont suscité une condamnation internationale, notamment à la lumière des affaires de génocide en cours.
En novembre 2024, la Cour pénale internationale a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, et de Yoav Gallant, son ancien ministre des Affaires militaires, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. En outre, le régime israélien fait l’objet d’une affaire de génocide devant la Cour internationale de justice concernant ses crimes à Gaza.