Au cours de cette réunion, assure-t-on, les participants ont passé en revue les progrès réalisés dans le cadre du programme de construction des hôpitaux universitaires, régionaux et provinciaux, qui totalise désormais 64 projets. Le point a été également fait sur l’avancement du programme de réhabilitation des centres de santé primaires, avec 934 centres rénovés à ce jour, dans la perspective d’atteindre 1.439 centres primaires.
Le déploiement du programme relatif à la création des groupes de santé territoriaux figurait aussi au menu de ladite réunion. Ce programme, qui sera lancé à titre pilote dans l’une des régions, vise à renforcer l’accès aux services de santé au niveau local. Aziz Akhannouch a souligné, à cette occasion, que la réforme structurelle du système de santé, entreprise avec sérieux et responsabilité par le gouvernement en application des orientations royales, ne se limite pas aux mesures relatives aux ressources matérielles et humaines, mais vise également à surmonter les défis liés à la gouvernance et à la gestion institutionnelle, rapporte-t-on.
Voilà donc pour le tableau général que l’on présente, avec satisfaction, côté cour. Côté jardin, les scories ne manquent pas pour orner un décorum des plus alarmants. Dans la région d’Al-Haouz, celle qui a subi le mortel tremblement de terre, la défaillance des structures sanitaires est proverbiale. Les infirmiers de l’hôpital régional Mohammed VI dénoncent l’« interminable retard » du programme de réhabilitation de cet établissement de santé. Près de deux ans après son lancement, les travaux qui trainent laissant plusieurs services dans un état de dégradation avancée.
Le bureau régional du Syndicat indépendant des infirmiers d’Al Haouz qualifie la situation de l’hôpital de « catastrophique ». Il déplore des travaux menés « sans suivi par des spécialistes » et qui « n’ont pas ciblé les infrastructures souffrant dès le départ de dysfonctionnements flagrants ».
Le syndicat s’interroge sur le respect des lois et des procédures en vigueur dans la gestion de l’hôpital et fustige un « manque criant de planification responsable ». « Comment une institution relevant d’un ministère chargé de la protection sociale peut-elle être en proie à de telles défaillances ? Un établissement de santé devrait être exemplaire en matière de respect de la réglementation, de rationalisation des ressources publiques et de bonne gestion », dénoncent les représentants syndicaux.
Abderrahmane Kabboul, secrétaire régional du Syndicat indépendant des infirmiers, affirme que « les travaux de réhabilitation de l’hôpital régional Mohammed VI à Al Haouz connaissent un retard considérable depuis leur lancement après le séisme ». Il précise que plusieurs services hospitaliers sont concernés et accuse l’administration de « suspendre certaines unités au lieu d’accélérer leur remise en état ».
Dans une déclaration à la presse, il décrit un hôpital en pleine déliquescence, devenu « plus proche d’un dispensaire que d’un centre hospitalier régional ». « Les lacunes du système de santé à Al Haouz ne datent pas d’hier, mais le séisme a amplifié les failles et accentué la dégradation des services », souligne-t-il.
Alors qu’un service de consultation et de diagnostic avait récemment été mis en place pour désengorger les services d’hospitalisation, le syndicaliste déplore la décision de l’administration de le fermer brusquement, alors qu’il répondait à un besoin crucial, tant pour les professionnels de santé que pour les habitants vivant loin de l’hôpital.
Bien que l’hôpital dispose du strict minimum en matière d’équipements médicaux, notamment un appareil de radiographie, la gestion incohérente du matériel est la règle, dénonce-t-on. « Ces équipements sont régulièrement mis hors service à certaines heures de la journée ou certains jours de la semaine, sans aucune justification », regrette le syndicaliste. Lequel assure que cette situation, combinée aux dysfonctionnements administratifs et aux retards des travaux, met en péril le suivi médical des sinistrés du séisme. « Les patients souffrant de fractures ou nécessitant une prise en charge médicale continue sont les premiers à en pâtir », alerte-t-il.
Il rappelle que la réhabilitation de l’hôpital régional Mohammed VI figurait pourtant parmi les priorités du gouvernement pour la reconstruction des zones sinistrées. « Comment expliquer un retard qui frôle désormais les deux ans, alors que le nombre de services touchés reste limité ? », s’interroge-t-il. L’un des problèmes les plus graves relevés par le syndicaliste concerne l’absence de médecins aux urgences. « Le service le plus critique pour la prise en charge des blessés se retrouve dépourvu de médecins. Seul un infirmier est présent, et il se voit contraint d’assumer des responsabilités normalement réservées aux praticiens », dénonce-t-il, qualifiant cette situation d’« aberrante et dangereuse ».