L’autorité de radiodiffusion israélienne a rapporté que le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est sorti de la réunion du cabinet pour approuver l’attentat au Liban.Commentant cet assassinat, Tamir Hayman, ancien chef de la division du renseignement militaire israélien, a déclaré que l’attaque à Saïda est liée à la situation en Cisjordanie plutôt qu’à celles à Gaza ou au Liban.
Dimanche,« le bombardement perfide mené par un drone sioniste ce matin à l’est de la ville de Rafah, visant des policiers chargés de sécuriser l’entrée de l’aide [humanitaire], est considéré comme une grave violation de l’accord de cessez-le-feu » en vigueur depuis le 19 janvier après 15 mois de guerre, avait annoncé un communiqué du Hamas.
En dépit de cette escalade contre le Hamas, le Premier ministre israélien a ordonné l’envoi d’une délégation de négociateurs au Caire lundi 17 février pour discuter de « la poursuite de la mise en œuvre de la première phase de l’accord » de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, a indiqué dimanche son bureau. « Benyamin Netanyahu a donné pour instruction à la délégation de négociateurs de se rendre au Caire demain, afin de discuter de la poursuite de la mise en œuvre de la première phase de l’accord. Après la réunion du cabinet [de sécurité israélien] prévue demain, l’équipe recevra des instructions pour la poursuite des négociations concernant les sujets de la deuxième phase », a ajouté son bureau.
Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine, a assuré dimanche depuis Tel-Aviv que le Hamas doit être « éliminé ». A l’entame depremière tournée au Moyen-Orient qui a démarré par Israël, il a indiqué que « le Hamas ne peut pas continuer à être une force militaire ou gouvernementale (…) il doit être éliminé », réitérant ainsi la position américaine qui le considère comme une organisation terroriste notamment par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.
Le secrétaire d’État américain dit avoir discuté avec B. Netanyahu de « la vision audacieuse de Trump pour l’avenir de Gaza ». les deux responsables ont affiché un front uni face à leurs ennemis communs, menaçant « d’ouvrir les portes de l’enfer » au Hamas et de « finir le travail » avec l’Iran, première « source d’instabilité » régionale. B. Netanyahu a fait état d’une « stratégie commune » avec le président américain pour l’avenir de Gaza et a salué « la vision audacieuse de Donald Trump », qui a proposé de prendre le contrôle de la bande de Gaza et d’en déplacer ses habitants vers l’Égypte et la Jordanie. « Nous nous efforcerons de faire en sorte que cette vision devienne réalité », a ajouté B. Netanyahu. « Le président Trump et moi-même œuvrons en pleine coordination », a proclamé le Premier ministre israélien. « Tous les otages doivent être libérés », a souligné de son côté M. Rubio. Lors de leur rencontre, ils ont tous les deux affirmé que le problème le plus crucial est celui du nucléaire iranien, Israël « finira le travail » contre la menace iranienne avec le soutien des États-Unis, a ajouté B. Netanyahu aux côtés de M. Rubio, qui a souligné que l’Iran était la plus grande source « d’instabilité » dans la région et que le pays ne pourra « jamais avoir d’arme nucléaire ».
Sur le sort à terme du territoire palestinien un sommet de cinq pays arabes est prévu le 20 février à Ryad pour répondre au projet américain. Le plan de D. Trump de faire du territoire palestinien une « Côte d’Azur du Moyen-Orient », en déplaçant ses 2,4 millions d’habitants pour l’essentiel vers la Jordanie et l’Égypte, fait l’unanimité contre lui dans le monde arabe et a suscité un tollé international.
Le secrétaire d’État américain a tenté de persuader ses interlocuteurs israéliens de relancer la négociation sur la seconde phase de l’accord signé avec le Hamas. De son côté, Israël, après une série de consultations sécuritaires, propose d’accélérer la phase 1 de l’accord pour récupérer au plus vite six otages toujours vivants.
Les entretiens de M. Rubio en Israël se tiennent au lendemain du sixième échange d’otages à Gaza contre des prisonniers palestiniens depuis le début de la trêve. La première phase de la trêve, qui doit s’achever le 1er mars, a déjà permis la libération de 19 otages israéliens et 1 134 Palestiniens. L’accord prévoit qu’elle permette au total le retour en Israël de 33 otages, dont huit décédés, et la libération de 1 900 détenus palestiniens. Une deuxième phase du processus est ensuite censée déboucher sur la libération de tous les otages et une fin définitive de la guerre. Selon une source proche des négociations, les médiateurs espèrent entamer « la semaine prochaine à Doha » les pourparlers en ce sens, avant une étape finale dédiée à la reconstruction de Gaza, un chantier titanesque estimé par l’ONU à plus de 53 milliards de dollars.
B. Netanyahu a indiqué qu’il allait convoquer une réunion du cabinet de sécurité pour décider des prochaines étapes. Une temporisation qui fragilise encore plus le cessez-le-feu. La double frappe israélienne à Rafah et à Saïda a de quoi faire dérailler le processus.
Le ministère israélien de la Défense a envoyé à la presse des images de nuit, sur lesquelles l’on peut voir des containers débarqués d’un bateau et chargés sur des camions. Cela se passe au port d’Ashdod à une trentaine de kilomètres de la bande de Gaza. Ces cargaisons contiennent des bombes lourdes de type MK84, selon le ministère, des bombes à fragmentation particulièrement destructrices. Ces dernières sont soupçonnées d’être à l’origine des dégâts considérables à Gaza et du nombre très élevé de victimes, plus de 48 000 morts, en majorité des civils. Joe Biden avait suspendu la livraison de ce type d’armes lourdes mais D.Trump a apparemment levé cette interdiction. Il a approuvé début février la vente de bombes, munitions et missiles d’une valeur de 7,4 milliards de dollars à Israël.
En communiquant sur cette livraison, Tel-Aviv envoie un double message. Le soutien des États-Unis est indéfectible. C’est aussi un avertissement au Hamas alors que la trêve reste fragile à Gaza et que la guerre peut reprendre à tout moment.