Un porte-parole de la Maison Blanche a mis en garde mercredi contre toute « escalade » après une vague d’explosions d’appareils de transmission du Hezbollah mardi et mercredi, imputée à Israël par le mouvement chiite libanais. Les Etats-Unis ne sont « pas impliqués » dans ces opérations, a dit John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, qui n’a pas voulu faire plus de commentaire sur l’origine de ces explosions.
Depuis la base aérienne de Ramat David (nord de la Palestine occupée), Yoav Gallant, ministre israélien de la défense, avait assuré mercredi, que Tel-Aviv était au « début d’une nouvelle phase de la guerre », selon la radio de l’armée israélienne et la société de radiodiffusion publique KAN. « Le centre de gravité se déplace vers le nord. Nous réorientons nos forces, nos ressources et notre énergie vers le nord », a ajouté le ministre de la défense. « Je pense que nous sommes au début d’une nouvelle phase de cette guerre et que nous devons nous adapter. Nous devrons faire preuve de constance au fil du temps, car cette guerre exige beaucoup de courage, de détermination et de persévérance », a-t-il insisté, soulignant que l’objectif était de permettre aux habitants du Nord, évacués en raison de l’escalade avec le Hezbollah, de retourner dans leurs foyers.
Plus tôt, la 98e division de l’armée israélienne, jusqu’ici engagée dans la bande de Gaza, a reçu l’ordre de se redéployer dans le nord d’Israël, alors que Tel-Aviv reste en état d’alerte maximale dans l’attente d’une éventuelle riposte du Hezbollah, après l’explosion de bipeurs portés par les membres du parti au Liban, selon la radio de l’armée israélienne.
Le gouvernement libanais et le Hezbollah ont accusé Israël d’être responsable de l’explosion des pagers (bipeurs). Le parti de Hassan Nasrallah avait déclaré qu’Israël « recevra assurément le juste châtiment pour cette agression criminelle ».
De son côté, le premier ministre israélien a désavoué dans un communiqué son conseiller Topaz Luk qui avait laissé entendre dans un message posté sur X qu’Israël serait derrière l’attaque ayant visé les communications du Hezbollah au Liban, avant de le supprimer.
Le 14 février, le secrétaire général du Hezbollah a appelé les combattants du mouvement, leurs familles et la population du Liban-Sud à se débarrasser de leurs smartphones. Il les avait qualifiés non sans raison d’ « appareil d’espionnage » qui fournit gratuitement des informations précises à Israël.
Ces derniers jours, B. Netanyahu a accentué la pression pour lancer une opération militaire contre le Liban, alors que le Hezbollah ne cesse d’intensifier ses attaques contre des positions militaires israéliennes ce qui empêche des dizaines de milliers d’Israéliens déplacés à retourner vers le nord, près de la frontière avec le Liban.
Depuis le 8 octobre 2023, la frontière israélo-libanaise est le théâtre de tensions, de bombardements et d’échanges de tirs entre l’armée israélienne d’une part, et le Hezbollah et les factions palestiniennes de l’autre, qui ont fait des morts et des blessés des deux côtés. Après la déclaration de guerre israélienne au Hamas, le Hezbollah a déclaré à maintes reprises qu’il ne restera pas neutre et soutiendra la résistance palestinienne à travers des opérations lancées contre des positions israéliennes près de la frontière avec le Liban.
Les hostilités entre le Hezbollah et Tel Aviv ont entraîné le déplacement de près de 150 000 habitants des zones frontalières du sud du Liban et du nord d’Israël (environ 60 000 côté israélien et 95 000 côté libanais).
Israël occupe depuis plusieurs décennies des terres libanaises au Liban-Sud. Un conflit meurtrier avait déjà opposé Tel Aviv au Hezbollah en 2006.
A signaler aussi que plusieurs représentants de la diplomatie américaine, française, allemande, italienne et britannique devaient se rencontrer, jeudi 19 septembre, dans la capitale française, Paris, afin d’évoquer la situation au Proche-Orient.
Les diplomates européens se réuniront avec le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, pour faire le point sur l’état des négociations pour une trêve à Gaza et la situation au Liban, a indiqué la presse française qui cite des sources diplomatiques.
La cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock sera représentée lors de cette réunion. Pour l’heure, Londres n’a pas encore confirmé officiellement sa participation. A. Blinken, devrait y prendre part selon le département d’Etat, et devrait également être reçu par le président français Emmanuel Macron, ajoute la même source.
Paris a exprimé, jeudi, ses inquiétudes « que les récents développements sécuritaires au Liban contribuent à une escalade dangereuse des tensions dans la région », selon un communiqué émis mercredi par la diplomatie française sur son site officiel.
La France a appelé les autorités israéliennes à « faire preuve de la plus grande retenue », affirmant qu’elle avait pris note de leurs déclarations concernant les opérations militaires au Liban.
La France a également appelé le Hezbollah à cesser « immédiatement ses attaques contre le territoire israélien », précisant que le maintien de la paix « nécessite que l’ensemble des partis libanais fassent prévaloir l’intérêt national et se tiennent à distance des conflits ouverts dans la région ».
A rappeler que le chef de la diplomatie européenne a condamné mercredi les « attaques » aux bipeurs contre les membres du groupe terroriste libanais chiite du Hezbollah. « Je ne peux que condamner ces attaques qui mettent en danger la sécurité et la stabilité du Liban, et augmentent le risque d’escalade dans la région », a déclaré Josep Borrell après la série d’explosions de bipeurs. Et, « même si ces attaques semblent avoir été ciblées, elles ont fait de graves dommages collatéraux sans discrimination parmi les civils, y compris des enfants » comptant parmi les victimes, a encore déploré le chef de la diplomatie de l’UE, se disant « extrêmement préoccupé » par la situation au Liban.
« L’Union européenne appelle toutes les parties prenantes à éviter une guerre totale, qui aurait des conséquences pour toute la région et au-delà », a-t-il ajouté.
« Les développements d’aujourd’hui marquent une escalade extrêmement inquiétante dans un contexte déjà (…) volatil », a déclaré Jeanine Hennis-Plasschaert, coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, dans un communiqué. Elle a exhorté « toutes les parties concernées à s’abstenir de toute nouvelle action (…) qui pourrait déclencher une conflagration plus large ».
Les « objets civils » ne doivent pas être transformés en armes, a insisté mercredi Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. « Il est très important qu’il y ait un contrôle efficace des objets civils, de ne pas les transformer en armes. Cela devrait être une règle pour tout le monde dans le monde, que les gouvernements devraient être capables d’appliquer », a déclaré A. Guterres devant la presse.
Les responsables de l’attaque meurtrière aux bipeurs contre les membres du mouvement pro-iranien Hezbollah au Liban mardi, « devront rendre des comptes », a réclamé mercredi Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme.« Le ciblage simultané de milliers de personnes, qu’il s’agisse de civils ou de membres de groupes armés, sans savoir qui était en possession des engins ciblés, où ils se trouvaient et dans quel environnement ils se trouvaient au moment de l’attaque, constitue une violation du droit international des droits de l’homme et, dans la mesure où il est applicable, du droit international humanitaire », a-t-il souligné dans un communiqué.