Le départ avec effet immédiat de cette économiste américaine d’origine égyptienne, qu’elle a annoncé dans une lettre à la communauté enseignante et étudiante, est une surprise dans la mesure où elle avait échappé à la vague de démissions l’hiver dernier de ses homologues de l’université de Pennsylvanie, Elizabeth Magill, et de Harvard, Claudine Gay.
« Je fais cette annonce maintenant pour que la nouvelle direction soit en place avant le début du prochain semestre », a écrit « avec tristesse » N.M. Shafik dans un courriel obtenu par l’AFP. « Cela a été une période de crise au cours de laquelle il a été difficile de dépasser les opinions divergentes au sein de notre communauté », déplore-t-elle.
Elle a fait état de « menaces », d’ « insultes » voire de « mauvais traitements » contre elle, « des collègues » et « des étudiants » et a « décidé » que sa « démission permettra à Columbia de mieux faire face aux défis à venir ». « Nous devons toutes et tous faire tout ce qui est en notre pouvoir pour résister aux forces de la polarisation », implore encore la désormais ex-présidente de Columbia.
L’université qu’elle dirigeait depuis juillet 2023 a été l’une des premières à se mobiliser contre la guerre génocidaire menée par ‘Israël’ à Gaza. Columbia a été le fer de lance en avril de manifestations et occupations de campus à travers les Etats-Unis, rappelant le mouvement contre la guerre du Vietnam en 1968.
A l’appel de N. M. Shafik, la police de New York avait délogé manu militari quelques dizaines de militants et étudiants le 30 avril et la grande cérémonie de remise des diplômes avait été annulée. Cette université privée au budget colossal financé par des donateurs et grandes entreprises, dont certains liés à Israël, accueille des dizaines de milliers d’étudiants et professeurs.
La présidence a été accusée de ne pas avoir lutté assez fermement contre des propos ou actes visant des étudiants pro-israéliens, mais aussi d’avoir eu la main trop lourde contre de petits groupes propalestiniens.
N. M. Shafik avait été auditionnée par le Congrès l’hiver dernier avec d’autres présidentes d’universités, la droite républicaine les accusant de pas avoir été assez fermes et univoques face à une montée du soi-disant antisémitisme sur les campus.
Mike Johnson, chef de la majorité républicaine de la Chambre des représentants, venu à Columbia au pire de la crise pour dénoncer le « terrorisme » des manifestations, s’est félicité dans un communiqué mercredi soir du départ de N. M. Shafik.
A signaler aussi que le procureur de la ville américaine de San Francisco a porté plainte contre 26 manifestants qui ont fermé le Golden Gate Bridge pendant des heures le mois d’avril dernier pour exiger un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Le bureau du procureur du district de San Francisco a annoncé des accusations contre les manifestants pour complot en vue de commettre un crime, détention illégale, intrusion, obstruction, rassemblement illégal et non-respect de l’ordre légal d’un officier en uniforme.
Les procureurs ont déclaré que la manifestation avait piégé des centaines de conducteurs « qui n’avaient d’autre choix que de rester coincés sur l’autoroute pendant plusieurs heures ».
La manifestation qui a eu lieu le 15 avril était l’une des nombreuses manifestations organisées par des manifestants propalestiniens qui ont bloqué les routes à travers le pays, provoquant des embouteillages et fermant temporairement les routes menant à certains aéroports. La circulation a été perturbée pendant des heures après que des manifestants ont bloqué les voies de circulation avec des véhicules, entraînant l’arrêt complet de la circulation des véhicules, des piétons et des vélos sur le Golden Gate Bridge.
La manifestation faisait partie de manifestations coordonnées à travers le pays exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la fin de l’aide militaire à Israël.