R. Sunak a livré un discours offensif à Manchester, dans le Nord de l’Angleterre. Devant une salle comble, le chef du gouvernement a tenté de faire oublier que les conservateurs dirigent le pays depuis treize ans. « Pendant des décennies, nous n’avons pas formé assez de docteurs ni d’infirmières. Nous y mettons fin et j’annonce le tout premier plan main d’œuvre pour notre hôpital public. Ça en dit long sur le court-termisme de nos politiques, que pendant 75 ans, aucun gouvernement ne s’est penché sur le nombre de soignants dont nous aurions besoin ! »
Premier ministre depuis un an, R. Sunak dit entendre « la fatigue » vis-à-vis des politiques. Il promet une réforme du baccalauréat et annonce une mesure anti-cancer pour les plus jeunes. « Je propose qu’à l’avenir, nous relevions l’âge minimum légal pour fumer d’un an, chaque année. Cela veut dire qu’un jeune qui a 14 ans aujourd’hui ne pourra jamais acheter légalement de cigarettes ».
Revenant sur un sujet de controverse au sein du parti, il a estimé que « la meilleure baisse d’impôts qu’on puisse accorder dès maintenant est de diviser par deux l’inflation et faire baisser le coût de la vie ». Il a par ailleurs réitéré son soutien à l’Ukraine pour qu’ils « finissent le travail » face à l’invasion russe et répété qu’il ferait « tout ce qui est nécessaire » pour arrêter les embarcations de migrants qui traversent illégalement la Manche.
Entre deux références à la « Grande Dame » du parti, Margaret Thatcher, l’ancien ministre des Finances annonce l’annulation de la ligne à grande vitesse entre Londres et le nord du pays, promise depuis 2009. « Je mets fin à cette vieille saga. À la place, nous réinvestirons chaque centime, 36 milliards de livres, dans des centaines de projets de transports dans le nord et les Midlands », a-t-il lancé sous des applaudissements nourris de la salle, contrastant avec la colère des élus locaux.
La question, symbole des promesses de rééquilibrage au profit des régions défavorisées du nord de l’Angleterre, est d’autant plus délicate que le basculement à droite de ces terres traditionnellement travaillistes avait joué un rôle clé dans le triomphe historique des conservateurs sous Boris Johnson en 2019. Depuis, la majorité dont disposent les Tories au Parlement s’est émoussée au fil de plusieurs élections partielles – trois autres doivent se tenir tout prochainement – dans un climat économique et social difficile face à la crise persistante du coût de la vie.
Les sondages pronostiquent une large victoire des travaillistes aux prochaines élections. Une large partie du discours a été consacrée à critiquer les promesses de Keir Starmer, leader de l’opposition.
L’une des leçons de ce congrès, c’est aussi le décalage du parti vers la droite. Les élus ont souligné leur attachement aux valeurs famille et travail. L’immigration s’annonce aussi comme l’un des thèmes de la campagne à venir. R. Sunak a d’ailleurs confirmé que Londres n’hésiterait pas à sortir des traités internationaux sur les droits humains, au risque d’endommager les relations diplomatiques. Cette droitisation de la position générale du parti n’est pas au goût de tous les adhérents – un élu a été escorté par la sécurité après avoir interpellé la ministre de l’Intérieur sur ses positions sur les personnes transgenres. Mais ce décalage semble plaire au très conservateur Nigel Farage, chef de file des pro-Brexit en 2016, qui pourrait rejoindre le parti.