Selon le journal libanais al-Akhbar, c’est le Département des renseignements des Forces de sécurité intérieures (FSI) qui a capturé Khalil Abou Maaza dans la rue Dalaa, à Saïda. Il avait été séquestré pendant un laps de temps dans la plus grande clandestinité et avait été soumis à un interrogatoire sans en informer les parties concernées.
Plus tard, le département en question est entré en contact avec le Hamas pour s’enquérir de certains détails sur ce personnage, lorsque les enquêteurs ont appris qu’il avait été recruté par les renseignements israéliens dans le cadre d’une opération sécuritaire qui a pris un certain temps et qui avait pour objectif de l’envoyer au Liban.
Abou Maaza qui vivait dans la bande de Gaza est le fils d’une personnalité palestinienne respectée dans les milieux du Hamas, ajoute le journal libanais. En raison des difficultés financières de sa famille, le Hamas l’a recruté dans l’un de ses secteurs et à un certain moment il était le facteur du camp de Jabalia des Brigades Ezzeddine al-Qassam, branche armée du Hamas. Pendant son interrogatoire, il a avoué avoir travaillé dans le cadre de l’unité de génie des Qassam au nord de la bande de Gaza avant de s’impliquer pleinement dans la branche militaire du Hamas et d’établir un réseau de relations au sein du mouvement.
Le quotidien libanais révèle qu’il a été recruté par les renseignements israéliens depuis quelques années et comme sa situation financière s’était améliorée ils lui ont demandé de prétendre qu’il travaillait pour le compte d’une association caritative turque qui lui offre un bon salaire. Cette dernière, vitrine des renseignements israéliens, lui a demandé de voyager en Turquie pour travailler avec elle. Usant des relations de son père avec le Hamas, il est rentré en contact avec des responsables du Hamas en Turquie et a tissé des liens étroits avec l’un d’entre eux qui résidait à Istanbul. Il a réussi à réintégrer le corps du mouvement et a été chargé d’une mission en lien avec les dossiers des Brigades al-Qassam à l’étranger.
Par la suite, ses employeurs israéliens lui ont demandé d’essayer d’obtenir du Hamas qu’il le dépêche au Liban pour travailler avec les brigades. Comme ses tentatives se sont soldées par un échec, les renseignements israéliens ont alors interféré auprès des autorités turques. Se référant sur un accord préliminaire entre les deux protagonistes interdisant à la branche militaire du Hamas d’agir sur le sol turc, les Israéliens ont présenté un dossier sur Abou Maaza pour pousser Ankara à demander au Hamas de le renvoyer. Il en a été décidé ainsi, comme le projetaient les renseignements israéliens.
Au Liban, rapporte al-Akhbar, il a habité dans le même bâtiment que celui du responsable financier du mouvement. Selon les enquêteurs libanais, il a entamé ses fonctions avec les unités secrètes et a travaillé avec les ingénieurs des Qassam chargés de ateliers destinés à développer les armements de la résistance. Il avait connu Hamza Chahine, tombé en martyr le 10 décembre 2021, dans une explosion dans la mosquée du camp Bourj al-Chamali, près de Tyr, causée par des agents israéliens.
L’enquête a aussi dévoilé qu’Abou Maaza a par la suite travaillé pour le mouvement en Cisjordanie. Il y a dévoilé pour les Israéliens certaines cellules de la résistance, permettant leur arrestation et a contribué à l’échec des certaines opérations sécuritaires du mouvement en Cisjordanie occupée.
Comme il avait travaillé avec le génie du Hamas au nord de Gaza, on lui a confié de former des résistants. Il envoyait des vidéos sur la confection d’explosifs aux membres du Hamas et aux brigades de Jénine et de la Tanière aux lions à Naplouse. Des informations erronées ont causé l’explosion d’engins pendant leur confection. A Beyrouth, il avait révélé pour les Israéliens l’identité des jeunes du Hamas qui quittaient la Cisjordanie et la bande de Gaza vers le Liban ce qui leur a permis de les arrêter. Il leur a aussi désigné des personnes qui pourraient être recrutées par le Mossad.