À Niamey, des milliers de personnes, essentiellement des hommes et des jeunes, qui se sont retrouvées pacifiquement place de la Concertation pour deux heures de meeting pendant lesquelles plusieurs discours ont été prononcés, notamment par des membres de la société civile issus de la coalition M62, connue pour ses positions contre la présence militaire française.
Dans la foule, des vêtements aux couleurs du Niger ou à l’effigie du général Abdourahamane Tchiani commandant de la Garde présidentielle à l’origine du coup d’État et président de la junte du Comité national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) – et quelques drapeaux russes.
Beaucoup de slogans contre la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont également été entendus. Cette dernière a lancé un ultimatum d’une semaine aux putschistes pour déposer les armes. D’autres slogans ont aussi été scandés contre la présence militaire française. Des manifestants ont d’ailleurs défilé pacifiquement devant l’ambassade de France, sans heurts. Des éléments de la Garde nationale du Niger avaient assuré un cordon de sécurité entre la représentation française et les manifestants.
A l’intérieur du pays, à Agadez, là aussi des centaines de personnes sont sorties en soutien à la junte. C’est une première dans cette ville emblématique du centre du pays qui n’avait pas pris parti depuis le début de la crise.
La situation très calme pour l’instant à Maradi, capitale économique située à quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec le Nigeria. Elle subit de plein fouet les sanctions de la Cédéao.
A signaler que le général Salifou Mody, numéro deux du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), organe qui a renversé le 26 juillet le président du Niger Mohamed Bazoum, est arrivé au Burkina Faso mercredi 2 août 2023, après une visite au Mali. Deux pays qui ont affiché leur soutien aux putschistes nigériens et leur hostilité à des sanctions prises par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) à la suite du coup d’État du CNSP. S. Mody, conduisant une délégation de quatre personnes, a rencontré Ibrahim Traoré.
L’émissaire du CNSP s’est félicité du « très fort soutien du Burkina Faso », « dans le contexte où certains pays de la Cédéao appliquent des mesures de sanctions sévères et où il est question d’une intervention militaire ». « Nous ne souhaitons pas que le Niger devienne une nouvelle Libye », poursuit le haut gradé nigérien, en allusion à l’intervention militaire occidentale qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. « Nous allons conjuguer nos efforts pour que cette situation n’arrive pas », « en coordination avec nos frères du Burkina Faso, nous avons décidé d’entreprendre un certain nombre d’activités pour pouvoir faire face à la situation pour sécuriser nos populations et pour sécuriser nos deux pays », annonce-t-il sans plus de précisions.