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50 ans après le putsch du Chili : Même clivée, la société s’accroche à la démocratie

Le Chili a commémoré lundi 11 septembre les 50 ans du coup d’État. Le 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet renversait le président socialiste Salvador Allende et le palais de La Moneda était bombardé.
50 ans après le putsch du Chili : Même clivée, la société s’accroche à la démocratie

Une dictature a ensuite été installée pendant 17 ans, elle a fait des milliers d’exilés, de torturés et de prisonniers politiques. Plus de 3 200 personnes ont été tuées, dont près de 1 200 sont toujours disparues. Dimanche 10 septembre, en prélude aux cérémonies du jour J, une veillée de femmes a eu lieu autour du Palais de La Moneda en mémoire des victimes de la dictature. Des centaines de femmes étaient rassemblées, toutes vêtues de noir et avec une bougie à la main. Un mot d’ordre : « Plus jamais » (Nunca mas).

Par ailleurs, des incidents ont eu lieu lors d’une marche à la mémoire des victimes de la dictature, à laquelle a participé le président Gabriel Boric. Des manifestants ont jeté des pierres sur le palais présidentiel, franchissant les barrières de sécurité. Ils ont endommagé l’accès à un centre culturel situé dans le bâtiment. Des affrontements avec les forces de l’ordre ont également eu lieu le long du défilé et à l’intérieur du cimetière qui abrite un mémorial aux victimes du régime Pinochet, certains mausolées ont été endommagés, dont celui d’un sénateur de droite, rapporte l’AFP.

G. Boric, premier dirigeant à participer à une marche en mémoire des victimes depuis la fin de la dictature en 1990, a condamné ces évènements. Au Palais de La Moneda, le président a reçu les chefs d’État de gauche du Mexique et de Colombie, Andrès Manuel Lopez Obrador et Gustavo Petro notamment. Un acte commémoratif avec un discours de G. Boric était aussi prévu sur la place de la Constitution, juste devant le palais présidentiel.

Rien que dans la capitale, une quarantaine d’activités sont prévues : des marches, des hommages et un grand rassemblement aux abords du stade national, qui avait été un centre de détention et de torture sous la dictature, rebaptisé stade Victor Jara, en hommage au musicien assassiné au lendemain du coup d’État.

En prévision d’éventuels débordements, il n’y aura pas école ce 11 septembre à Providencia et dans le centre de Santiago. Deux communes où la tradition contestataire est forte dans la sphère étudiante. Quelque 2 400 carabiniers, la police chilienne, seront déployés dans tout le pays et plusieurs axes routiers seront également fermés dans le centre de la capitale.

Ce pan de l’histoire chilienne clive la société : d’un côté une partie de la population qui condamne fermement le coup d’État et les violations des droits de l’homme, alors que de l’autre, 36 % des Chiliens disent que les militaires « ont eu raison » de renverser le gouvernement socialiste en place à l’époque, en 1973. Ça va même plus loin, car selon un sondage, 47 % estiment que la dictature a été « en partie bien et en partie mauvaise ». Ils font la différence entre les violations des droits de l’Homme et la modernisation de l’économie avec l’instauration d’un système néolibéral sous le régime militaire.

Le contexte économique compliqué et la crise sécuritaire que vit actuellement le pays peuvent expliquer en partie ce chiffre. L’idée de « la mano dura », la « main ferme », séduit une partie des Chiliens. Le président G. Boric avait lancé un appel général aux partis politiques pour signer, lundi, un grand accord autour de la défense de la démocratie à La Moneda.  Mais la droite a d’ores et déjà dit qu’elle n’y participera pas, par peur que cet acte se transforme en un événement trop idéologique de la gauche. Elle se démarque donc du gouvernement et a signé de son côté un autre document en défense de la démocratie.

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