« Il faut poser la question à l’autre partie et non au Royaume du Maroc, sachant que le gouvernement marocain a indiqué, à maintes reprises, que si le dossier des visas est lié au retour des mineurs marocains, il y a des instructions royales claires à cet égard. Il y a eu des instructions adressées, en ce sens, aux ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères », a déclaré Mustapha Baïtas jeudi à l’occasion du traditionnel point de presse.
Le responsable marocain a assuré que la détermination de Rabat à œuvrer pour la concrétisation des directives royales sur ce sujet, s’est heurtée à des « entraves ». Se voulant être plus explicite, il a relevé la présence d’entraves « administratives dans les pays où se trouvent ces mineurs et de la part des acteurs de la société civile. Ces obstacles empêchent ces processus de conduire vers des résultats » positifs, a expliqué le responsable gouvernemental.
Le ministre est revenu sur la « cause » de la crise des visas avec la France pour réitérer qu’il y a « une volonté claire de la part du Roi et du gouvernement » de faciliter le retour des mineurs marocains en situation irrégulière en France et en Europe. « Mais s’il y a une autre raison, il faut s’adresser à l’autre partie », a-t-il insisté.
C’est la première fois que l’Exécutif marocain aborde sans réserve le dossier des visas. Pour rappel, le 25 août, le même ministre s’était contenté de déclarer que « le gouvernement a écouté les préoccupations des citoyens à cet égard, et ce dossier est sur son agenda ».
Cette réaction du gouvernement intervient quelques jours après la sortie médiatique du président français à ce sujet. En marge du sommet de Djerba de l’Organisation internationale de la francophonie, Emmanuel Macron s’est félicité de la « politique de fermeté » dans la délivrance de visas aux pays du Maghreb. « Ce coup de chauffe des derniers mois a eu de l’effet. On voit que les retours (des migrants expulsés) sont facilités ». Le refus de reprendre des ressortissants expulsés « n’est pas acceptable », a précisé l’hôte de l’Elysée.
En septembre 2021, la France avait décidé de réduire le nombre de visas accordés aux Marocains et Algériens de 50% et 30% pour les Tunisiens. Une mesure prise en riposte au « refus du Maroc, l’Algérie et la Tunisie de reprendre des ressortissants » que la France ne souhaite pas et ne peut pas garder sur son territoire, avait expliqué alors le porte-parole du gouvernement français.
Depuis, la France a décidé, le 31 août dernier, de « revenir immédiatement au rythme ordinaire concernant l’octroi des visas pour les ressortissants tunisiens », indiquait le ministère français de l’Intérieur dans un communiqué, à l’issue des entretiens entre Gérald Darmanin et Taoufik Charfeddine, son homologue tunisien. Avec l’Algérie, une issue heureuse serait à portée de main, avait promis Elisabeth Borne, Première ministre française, dans une interview accordée, le 10 octobre lors de sa visite à Alger, à RFI. Mais depuis lors, rien n’est intervenu dans ce sens-là.