Le ministère américain de l’Agriculture (USDA) a inspecté et approuvé les systèmes de sécurité sanitaire des entreprises Upside Foods et Good Meat. Ces produits seront rapidement disponibles dans certains restaurants, ont précisé les deux entreprises. Les deux sociétés avaient déjà obtenu en novembre le feu vert de l’agence chargée de la sécurité alimentaire aux Etats-Unis (FDA) tandis que le ministère de l’Agriculture avait déjà approuvé la semaine dernière la conformité des labels.
« Cette autorisation va fondamentalement changer la manière dont la viande atterrit sur nos tables », a affirmé Uma Valeti, PDG et fondateur d’Upside Foods qui a aussi salué « un pas de géant vers un avenir plus durable » dans un communiqué. Josh Tetrick, cofondateur et PDG d’Eat Just, entreprise derrière Good Meat, s’est lui réjouit que la viande cultivée en laboratoire soit désormais « autorisée à la vente dans la première puissance mondiale ». Son entreprise a été la première à recevoir l’autorisation de commercialiser de la viande artificielle à Singapour en 2020.
En mai 2022, Eat Just avait d’ailleurs passé un accord avec un fabricant d’équipements pour développer des cuves géantes dans lesquelles elle espérait produire de la viande de poulet et de bœuf à grande échelle.
Dans la foulée de l’autorisation américaine, Upside Foods a reçu sa première commande de la part du restaurant de la cheffe française étoilée Dominique Crenn à San Francisco. Le célèbre chef José Andrés devrait lui obtenir la première fournée américaine de l’entreprise Good Meat qui sera servie dans l’un de ses restaurants de la capitale Washington.
De nombreuses start-up ambitionnent de produire et de commercialiser de la viande dite « de laboratoire » ou artificielle, pour permettre aux humains de consommer des protéines animales avec un impact moindre sur l’environnement que celui de l’élevage intensif, et sans souffrance animale. Mais la viande de laboratoire reste pour le moment très compliquée et très coûteuse à produire. Ces produits se distinguent des substituts d’origine végétale, comme les « steaks » à base de soja et d’autres ingrédients qui imitent la texture et la saveur de la viande, mais ne contiennent pas de protéines animales.
La fabrication de viande artificielle de poulet consiste à mettre en culture des cellules extraites d’un animal ou d’œufs de poule fertilisés dans des bioréacteurs et de les nourrir avec des nutriments similaires à ceux ingurgités par les animaux réels : protéines, graisses, sucre, minéraux et vitamines. Grâce à ces nutriments, les cellules se développent comme elles le feraient dans le corps de l’animal, et deviennent tissus musculaires et graisses. Le produit obtenu est ensuite « récolté » des cuves et moulé dans certaines formes prédéfinies, comme celle d’un filet de poulet.
Des interrogations persistent toutefois sur le réel impact environnemental de cette alternative, notamment sur sa consommation énergétique ou encore la sécurité sanitaire. Une récente étude de l’Université de Californie à Davis, qui n’a pas encore été examinée par d’autres scientifiques, a ainsi montré que toutes les phases de production de la viande de laboratoire nécessitaient beaucoup d’énergie et émettaient une grande quantité de gaz à effet de serre.