Le véto américain, le 8 décembre, à une résolution sans précédent du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » ne passe pas. Il a été condamné par les organisations humanitaires, Médecins sans frontières (MSF) déclarant que l’inaction du Conseil de sécurité des Nations unies le rend « complice du massacre » dans la bande de Gaza. Ce texte, qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre et une abstention (Royaume-Uni), avait été préparé par les Emirats arabes unis après l’invocation sans précédent par Antonio Guterres de l’article 99 de la Charte des Nations unies permettant d’attirer l’attention du Conseil sur un dossier qui « pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
« Les actions du Hamas le 7 octobre ne justifient pas les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité massifs et systématiques qui sont commis dans la bande de Gaza », a fustigé Dmitri Polyansky, représentant permanent de la Russie à l’ONU. Estimant que la création d’un Etat palestinien était indispensable pour régler le conflit israélo-palestinien, il a indiqué que la Russie était prête « à y travailler ». Cependant, « la tâche principale consiste désormais à mettre un terme aux hostilités et à sauver les civils palestiniens de la destruction », a-t-il ajouté.
Mohammed Shtayyeh, Premier ministre palestinien, a également fustigé « l’échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution visant à mettre fin à l’agression contre notre peuple dans la bande de Gaza en raison de l’utilisation par les Etats-Unis de leur droit de véto », qu’il a qualifié de « honte » et de « nouveau blanc-seing donné à l’Etat occupant pour massacrer, détruire et déplacer ». Selon lui, l’utilisation du véto montre le « mensonge » des Etats-Unis lorsqu’ils disent se préoccuper des pertes civiles.
Ce texte, qui a recueilli 13 voix en faveur, une contre et une abstention (Royaume-Uni), avait été préparé par les Emirats arabes unis après l’invocation sans précédent par A. Guterres de l’article 99 de la Charte des Nations unies permettant d’attirer l’attention du Conseil sur un dossier qui « pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales ». Le Hamas a aussi « fermement condamné » le 9 décembre le véto américain, le qualifiant de « position immorale et inhumaine » et de « participation directe » aux « massacres », selon Ezzat al-Rishq, haut-responsable politique du mouvement.
L’Iran a quant à lui mis en garde contre « la possibilité » d’« une explosion incontrôlable » au Moyen-Orient si les Etats-Unis continuaient à soutenir Israël dans la guerre contre le Hamas à Gaza. «Tant que l’Amérique soutiendra les crimes du régime sioniste et la poursuite de la guerre (…) il y a la possibilité d’une explosion incontrôlable de la situation dans la région », a déclaré Hossein Amir-Abdollahian, ministre des Affaires étrangères au cours d’une conversation téléphonique avec le secrétaire général de l’ONU, selon un communiqué du ministère publié ce 9 décembre.
A l’ONU, Robert Wood, ambassadeur américain adjoint, a justifié le véto américain. « Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre », a-t-il déclaré le 8 décembre, dénonçant l’ « échec moral » de l’absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre. Eli Cohen, ministre israélien des Affaires étrangères, a estimé de son côté que le cessez-le-feu « empêcherait l’effondrement de l’organisation terroriste Hamas, qui commet des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, et lui permettrait de continuer à diriger la bande de Gaza ».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé le Conseil de sécurité des Nations unies devenu selon lui le « Conseil de protection d’Israël ». « Depuis le 7 octobre, le Conseil de sécurité est devenu un conseil de protection et de défense d’Israël », a ainsi dénoncé le chef de l’État turc à l’occasion du 75e anniversaire de la déclaration des droits humains, rapporte l’AFP.
L’armée israélienne a déclaré le 8 décembre avoir frappé « plus de 450 cibles » en 24 heures à Gaza, montrant des images de frappes effectuées depuis des navires de guerre en Méditerranée. Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 40 morts près de la ville de Gaza, au nord, et de dizaines d’autres à Jabalia et à Khan Younès, au sud. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait 17 487 morts, pour plus des deux tiers des femmes et des moins de 18 ans, selon un dernier bilan publié le 8 décembre par le ministère de la Santé. Sur la ville de Khan Younès, dans le sud du territoire, une frappe israélienne a tué six personnes, tandis que cinq autres sont mortes dans une attaque distincte à Rafah, a affirmé le ministère.
Selon l’ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans le territoire, où 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont fui leur foyer. Après deux mois de conflit et de bombardements, le chef de l’ONU a déclaré que « la population de Gaza regarde vers l’abîme ». « Les gens sont désespérés, effrayés et en colère », a-t-il déploré le 8 décembre, soulignant que « tout cela se déroule dans un contexte humanitaire cauchemardesque ». Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis déplacés par la guerre se sont dirigés vers le sud, transformant Rafah, le long de la frontière fermée avec l’Egypte, en un vaste camp de réfugiés.
Pendant que le nombre de décès de personnels médical et humanitaire dans le conflit s’alourdit, un projet de résolution soumis à l’OMS par 17 pays membres et la Palestine, au statut particulier, a exigé vendredi qu’Israël respecte pleinement ses obligations de protection envers ces travailleurs dans la bande de Gaza. Ils ont demandé à Israël de « respecter et protéger » les travailleurs médicaux et humanitaires chargés exclusivement de tâches médicales, ainsi que les hôpitaux et autres installations médicales. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), seuls 14 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnaient encore tant bien que mal jeudi.
Israël a déclaré le 8 décembre que « de nombreux terroristes » avaient été tués au cours de l’opération. Des pièces de roquettes, des lanceurs et d’autres armes du Hamas, ainsi qu’un tunnel d’un kilomètre, ont été découverts à l’université Al-Azhar, dans la ville de Gaza, a indiqué l’armée, qui a conseillé aux habitants de se déplacer vers l’ouest. Le Hamas a affirmé qu’un otage avait été tué au cours de l’opération et a diffusé une vidéo montrant le corps, qui n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante.
A rappeler que Jon Finer, conseiller adjoint américain à la Sécurité nationale, a été interpellé jeudi à la Conférence sur la sécurité d’Aspen sur ce que l’administration Biden pense des objectifs militaires d’Israël dans le cadre de sa guerre à Gaza. Tout de go, il a répondu qu’Israël s’est engagé à « ce que le Hamas ne puisse plus gouverner, ne puisse plus être en charge de Gaza. Nous pensons que c’est un objectif très légitime, compte tenu de ce qui s’est passé le 7 octobre et depuis ». Le deuxième objectif principal d’Israël est que le du Hamas ne puisse plus représenter le type de menace qu’il a fait peser sur Israël le 7 octobre. « Franchement, si la guerre cessait aujourd’hui, elle continuerait à poser [une menace], c’est pourquoi nous n’avons pas encore demandé à Israël un arrêt ou un cessez-le-feu », a déclaré J. Finer.
Dès lors, devait-il ajouter, « ces deux objectifs sont légitimes. Nous pensons qu’ils travaillent dans cette perspective, mais ils ne les ont pas encore atteints », a-t-il relevé. Interpellé, enfin, sur Finer le troisième objectif que Benjamin Netanyahu a pris l’habitude de souligner – à savoir que Gaza soit démilitarisée et déradicalisée, l’assistant principal de Biden a relevé que « les détails auront leur importance ici ». Ajoutant qu’« il faudrait absolument que le Hamas n’ait plus la capacité armée qu’il a montré le 7 octobre lorsque plus de 1200 civils israéliens ont été brutalement massacrés. » Enfoi de quoi, « ce n’est pas quelque chose qu’un gouvernement laisserait se perpétuer à ses frontières, donc l’ampleur de la démilitarisation signifierait que ce ne sera plus possible, c’est un objectif très légitime », a -t-il conclu. On comprend dès lors pourquoi Washington s’agite à l’ONU pour perpétuer une agression israélienne flagrante contre le peuple palestinien déporté à Gaza.