Ce rapport de la Défense US survient alors que Kiev appelle ses alliés à accélérer la livraison d’armes et à lever les restrictions sur l’utilisation de missiles à longue portée pour effectuer des frappes en profondeur sur le territoire russe. Selon le Pentagone, les États-Unis disposent encore de 5,9 milliards de dollars dans le mécanisme spécial approuvé par le Congrès (PDA) pour accélérer l’aide à Kiev. Toutefois, CNN rapporte que les programmes d’aide ont diminué en raison de la réduction des stocks d’armes.
Le mécanisme de financement du PDA devrait expirer dans les deux prochaines semaines, suite à l’échec de la Chambre des représentants à adopter une prolongation le 18 septembre. Face à cette situation, la Maison Blanche, selon les informations de la chaîne, pourrait être contrainte de réviser sa stratégie, en annonçant des programmes d’aide militaire d’envergure dont la mise en œuvre s’étendra sur plusieurs mois, au lieu de se concentrer sur des expéditions plus limitées. Washington estime que Kiev nécessitera au moins un demi-milliard de dollars du PDA chaque mois durant l’exercice 2025, selon des déclarations d’un haut responsable de la Maison Blanche rapportées par CNN. La semaine dernière, le Wall Street Journal a rapporté que des responsables occidentaux avaient mis en garde Kiev, soulignant qu’une « victoire totale de l’Ukraine » exigerait des ressources considérables, que ni les États-Unis, ni l’Europe, ne pourraient fournir. Volodymyr Zelensky doit présenter cette semaine son nouveau « plan de victoire » au président américain Joe Biden. Selon V. Zelensky, le succès de ce plan « dépendra directement de l’approbation et du soutien des États-Unis ». Les commandants et les responsables politiques ukrainiens ont souvent attribué les retards dans les livraisons d’armes aux pertes sur le champ de bataille et à l’incapacité à ralentir l’avancée des forces russes. Moscou, pour sa part, a déclaré qu’aucune aide occidentale ne saurait empêcher ses troupes d’atteindre les objectifs de l’opération militaire spéciale, ni altérer l’issue finale du conflit.
V. Zelensky a par ailleurs contesté une estimation du Wall Street Journal rapportant que 80 000 soldats ukrainiens ont été tués dans le conflit avec la Russie. « 80 000 ? C’est un mensonge. Le chiffre réel est bien inférieur à ce qui a été publié, et de manière significative », a répondu V. Zelensky lors d’un point de presse le 20 septembre, interrogé par les journalistes sur l’estimation du quotidien américain Wall Street Journal (WSJ) concernant les pertes ukrainiennes.
Le WSJ a rapporté le 17 septembre qu’environ 80 000 soldats ukrainiens ont été tués et environ 400 000 autres blessés dans le conflit avec la Russie citant « une estimation ukrainienne confidentielle » provenant de sources sous couvert d’anonymat. Bien que Kiev ne communique pas régulièrement sur ses pertes militaires, des commandants et des soldats ont reconnu à plusieurs reprises que les pertes sur le champ de bataille étaient lourdes, notamment lors de la contre-offensive infructueuse de 2023 et des récents affrontements dans le Donbass. Février dernier, V. Zelensky a déclaré que 31 000 soldats ukrainiens avaient été tués en deux ans de combats, sans mentionner le nombre de blessés.
Le Washington Post a, pour sa part, cité en avril un député ukrainien sous couvert d’anonymat ayant déclaré que V. Zelensky avait « largement minimisé » le nombre de morts afin de préserver le moral dans un contexte de mobilisation en baisse en Ukraine. Kiev a depuis élargi ses lois sur la conscription pour enrôler davantage d’hommes.
L’estimation du WSJ (80 000 tués et 400 000 blessés) correspond à une estimation antérieure fournie par la Russie, qui a rapporté en avril que l’Ukraine avait perdu environ un demi-million de soldats. Kiev a depuis perdu plus de 15 650 soldats lors de son invasion de la région russe de Koursk, en août dernier, selon les données communiquées par le ministère russe de la Défense.
Moscou n’a pas révélé ses propres pertes. Toutefois, le président Vladimir Poutine a fait savoir en juin dernier que les pertes russes sur le champ de bataille étaient cinq fois inférieures aux pertes ukrainiennes. Le chef de l’État russe avait précédemment déclaré que l’Occident était prêt à « se battre jusqu’au dernier Ukrainien », utilisant Kiev comme un outil dans sa guerre par procuration contre la Russie.