Les dernières frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont coûté la vie à au moins 26 Palestiniens supplémentaires, portant le bilan total à 50 912 morts depuis le début de la guerre qualifiée de génocidaire par les autorités locales en octobre 2023, a indiqué vendredi le ministère de la Santé. La même source a précisé que 106 autres blessés ont été transportés à l’hôpital au cours des dernières 24 heures, portant le nombre total de personnes blessées à 115 981 depuis le début de l’offensive. De nombreuses victimes restent coincées sous les décombres ou dans les rues, les équipes de secours étant dans l’incapacité de les atteindre, assure-t-on.
L’ONU a dénoncé, vendredi, l’impact sur les civils des frappes israéliennes ces dernières semaines contre la bande de Gaza, constatant qu’un « large pourcentage des victimes sont des enfants et des femmes ».
« Entre le 18 mars et le 9 avril 2025, il y a eu environ 224 frappes israéliennes sur des immeubles résidentiels et des tentes pour déplacés », a indiqué un communiqué du Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Pour les « 36 frappes répertoriées et corroborées » par le Haut-Commissariat, les victimes « étaient uniquement des femmes et des enfants jusqu’à présent ».
Les actes d’Israël dans la bande de Gaza menacent la « capacité future des Palestiniens à vivre » dans ce territoire, a en outre affirmé Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme. « La mort, la destruction, les déplacements, le déni d’accès aux besoins fondamentaux à Gaza et l’idée répétée que les Gazaouis devraient quitter complètement le territoire soulèvent de réelles inquiétudes quant à la capacité future des Palestiniens à vivre en tant que groupe à Gaza », a-t-elle précisé lors d’un point de presse à Genève.
Fronde parmi les militaires
Des ex-officiers de la marine de l’armée d’occupation israélienne, des militaires de l’Unité 8200, des médecins militaires, ainsis que des professeurs universitaires, ont rejoint le millier de réservistes ayant réclamé la fin de la guerre israélienne contre la bande de Gaza et la restitution des captifs israéliens.
Dans une pétition, les 150 ex-militaires ont affirmé que « la reprise des combats retarde la libération des otages, met les soldats en danger et porte préjudice à des civils innocents », rapporte le Haaretz.
Quelque 59 israéliens sont toujours en captivité dans la bande de Gaza, après que le gouvernement israélien a refusé de passer à la seconde phase de l’accord de cessez-le-feu et d’échange des détenus conclu le mois de janvier dernier, reprenant son offensive génocidaire contre la bande de Gaza. « Au lieu de prendre des mesures ciblées pour faire avancer un accord sur le retour des prisonniers, nous assistons à un comportement du gouvernement qui sape les fondements de l’État, porte atteinte à la confiance du public et suscite de sérieux soupçons selon lesquels les décisions en matière de sécurité sont prises sur la base de considérations illégitimes », condamnent les ex-militaires. Lesquel accusent le gouvernement israélien d’encourager des « politiques discriminatoires : des budgets sectoriels et des exemptions générales du service militaire », notant que « ceux qui servent se sentent trahis » et affirmant que « le fardeau inégal de la responsabilité sape les fondements sociaux de la sécurité nationale et continue de déchirer la cohésion sociale en Israël », selon le journal israélien.
Même position de refus de la poursuite de la guerre a été exprimée par des militaires de l’Unité 8200 des renseignements militaires israéliens, selon lesquels elle « sert davantage les intérêts politiques que les intérêts sécuritaires », rapporte la télévision israélienne Channel 13. La Radio militaire israélienne a en outre rapporté qu’une centaine de médecins militaires de réserve ont lancé un appel similaire. « En tant que médecins militaires servant dans la formation de réserve, et par responsabilité mutuelle dans la société israélienne, nous avertissons que la poursuite des combats et l’abandon des otages contredisent les valeurs et l’engagement du Corps médical à n’abandonner aucun de ses membres. »
2000 membres du corps des enseignants dans les établissements de l’enseignement supérieur ont rejoint ce mouvement de fronde contre la poursuite de la guerre. Assurant que « seul un accord peut permettre de ramener les captifs, alors que la pression militaire conduit souvent à leur mort », et soulignant que la guerre « sert désormais principalement des intérêts politiques et personnels, et non des intérêts sécuritaires », selon Channel 12.
Ce mouvement de contestation à la poursuite de la guerre a été déclenché par environ 970 membres du personnel aérien de l’armée israélienne, dont certains sont en service de réserve actif. Ils avaient signé une lettre dans laquelle ils estimaient que la poursuite des combats « ne sert que des intérêts personnels et politiques étroits » et épuise l’establishment militaire. Ils ont été ultérieurement renvoyés par le chef d’état-major Eyal Zamir.
Par ailleurs, les médias israéliens ont rapporté que 20 députés de la Knesset ont reçu des lettres de menaces dont certaines contenaient des produits chimiques.
Le Premier ministre israélien a affirmé vendredi que ces pétitions protestant contre la guerre en cours dans la bande de Gaza et le gel de l’accord d’échange de prisonniers, signées par des officiers et soldats de réserve et retraités israéliens, « sont initiées par des organisations qui reçoivent des financements étrangers et dont le but est de faire tomber son gouvernement ». Benjamin Netanyahu a dit qu’il s’agit « encore une fois des mêmes pétitions : une fois au nom des pilotes, une fois au nom du personnel de la Marine, et une fois au nom d’autres personnes », affirmant que le public ne croit pas que leur propagande mensongère dans les médias.
Estimant que « ces pétitions n’ont pas été écrites au nom de nos soldats héroïques. Elles ont été rédigées par un petit groupe de personnes mal intentionnées, exploitées par des organisations financées par l’étranger dans un seul but : renverser le gouvernement de droite. Cela n’a pas mobilisé les masses et n’a pas abouti », il a tenté d’en minore la portée. « Il s’agit d’un petit groupe de retraités qui font sensation, ils sont chaotiques et déconnectés de la réalité, et la grande majorité d’entre eux n’ont pas servi dans l’armée depuis des années », a-t-il fait savoir tout en ajoutant que « ces mauvaises herbes tentent d’affaiblir l’État d’Israël et l’armée israélienne, et encouragent nos ennemis à nous prendre pour cible. Ils ont déjà envoyé un message de faiblesse à nos ennemis, et nous ne leur permettrons pas de recommencer. »
A l’occasion de Pessah, la Pâque juive B. Netanyahu a réaffirmé vendredi son engagement à ramener les otages toujours retenus dans la bande de Gaza, dans un message. Ces propos surviennent alors que Donald Trump a fait état des progrès dans les négociations sur la libération d’otages, le président américain ayant déclaré jeudi, lors d’une réunion de son cabinet, que « nous approchons du moment où nous pourrons les récupérer ».
Dans une vidéo envoyée pour la Pessah, qui commémore la libération du peuple juif de l’esclavage qu’il subissait en Egypte, B. Netanyahu a noté que « pour beaucoup de familles, il y aura des chaises vides ». « Ensemble, nous ramènerons nos otages, ensemble, nous vaincrons nos ennemis, ensemble, nous soutiendrons nos blessés, et ensemble, nous inclinerons la tête à la mémoire de nos disparus », a-t-il dit.
Des médias israéliens ont rapporté vendredi que l’Egypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d’otages. Times of Israël a fait savoir que la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de huit otages vivants et de huit corps en échange d’une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d’un grand nombre de prisonniers palestiniens.
D’après la télévision publique Kan, B. Netanyahu a tenu, tard jeudi soir, une réunion d’évaluation de la situation avec l’équipe de négociation et des responsables de l’appareil sécuritaire, « avec le nouveau plan égyptien en toile de fond ».
Une trêve conclue sous l’égide des Etats-Unis, de l’Egypte et du Qatar, entre le 19 janvier et le 17 mars, a permis le retour de 33 otages israéliens incluant huit morts, en échange de la libération par Israël de quelque 1.800 prisonniers palestiniens. Mais Israël a repris ses bombardements dans la bande de Gaza le 18 mars, après avoir refusé de passer à la seconde phase de l’accord. Quelque 58 captifs israéliens dont certains ayant succombé y sont encore retenus.
Le Réseau des organisations non gouvernementales palestiniennes a déclaré, le jeudi 10 avril, que la bande de Gaza soumis à un blocus israélien est entrée dans un état de « famine » après l’épuisement des réserves de nourriture, de médicaments et de carburant, appelant à une intervention internationale pour mettre fin à la crise. Son communiqué note que « la bande de Gaza est entrée dans une phase avancée de famine après que la grande majorité des vivres, de l’aide médicale, du carburant et des produits d’hygiène ont été épuisés, et que les boulangeries et de nombreuses cuisines communautaires ont cessé de fonctionner. »
Le réseau a appelé l’Autorité palestinienne et les Nations unies à déclarer la bande de Gaza zone de famine et à ce que toutes les parties assument leurs responsabilités face à cette « catastrophe sans précédent ». Il a également appelé à « une intervention internationale pour fournir une protection internationale au peuple palestinien, ouvrir tous les points de passage de la bande de Gaza et assurer la mise en place de couloirs humanitaires sûrs pour l’entrée de l’aide humanitaire et du personnel médical et de secours ».
Et de souligner que « cela survient à la lumière d’un silence international honteux et d’une complicité suspecte, alors que le gouvernement d’occupation israélien a violé ses obligations internationales en tant que puissance occupante d’autoriser l’entrée de la nourriture, des médicaments et d’aide humanitaire dans la bande de Gaza ».
La Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt en novembre dernier contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité à Gaza. Israël fait également face à une accusation de génocide à la Cour internationale de Justice (CIJ) pour sa guerre contre l’enclave.