Le Hamas déclare qu’en vertu de l’accord, il relâchera 10 prisonniers vivants et remettra à Israël 18 dépouilles d’otages décédés, en échange de la libération d’un certain nombre de détenus palestiniens « à convenir ». Une décision prise « après une série de consultations et par profonde responsabilité envers notre peuple et ses souffrances », selon le mouvement de résistance.

Les États-Unis avaient indiqué plus tôt dans la semaine avoir reçu l’assentiment d’Israël à leur proposition, D. Trump assurant vendredi qu’un accord sur un cessez-le-feu à Gaza était « tout proche ».

Israël considère la réponse du Hamas comme une fin de non-recevoir au plan israélo-américain qui reste évasif sur nombre de questions capitales comme la fin des hostilités et les garanties américaines. La proposition US vise, rappelle le représentant de la résistance palestinienne, à « réaliser un cessez-le-feu permanent, un retrait complet de la bande de Gaza et garantir l’acheminement d’aide » à la population gazaouie. Le Hamas espère ainsi mettre une fin définitive aux hostilités dans le territoire palestinien sur une période allant de 5 à 7 ans, perspective écartée à de nombreuses reprises par le gouvernement israélien.

La réponse du Hamas est « complètement inacceptable et cela ne fait que nous faire revenir en arrière », a déploré samedi S. Witkoff sur les réseaux sociaux. L’émissaire a ajouté que le Hamas « devrait accepter la proposition que nous avons présentée comme base pour des pourparlers, que nous pouvons commencer dès la semaine prochaine », sans autres détails. Le Premier ministre israélien l’a lui aussi jugé « inacceptable » estimant qu’elle faisait « reculer le processus », selon un communiqué de son bureau samedi. La concordance des tons n’est pas pour étonner…

En Israël, on remarque que le Hamas envisage de libérer les otages morts et vivants prévus par l’accord en trois vagues, au lieu des deux prévues par l’accord : ce dernier prévoit des libérations au premier, puis au septième jour de la trêve.

Israël avait déjà sommé le Hamas d’accepter la proposition US ou d’être « anéanti ». Pourtant, les opérations de résistance se poursuivent pour contrer l’occupation israélienne qui contrôle désormais plus de 77% de la bande de Gaza. Surtout dans la région de Khan Younes au sud, où l’armée d’occupation a émis le 26 mai des ordres d’évacuation notamment dans les régions Bani Sahila, al-Qarara et Absane.

Vendredi, les Brigades al-Qassam du Hamas ont revendiqué une opération conjointe avec les Brigades al-Qods du Jihad islamique contre une force israélienne retranchée dans une maison dans la région des Résidences européennes, au sud-est de Khan Younes au sud de la bande de Gaza. Cette force a été prise pour cible par un obus TBG anti blindé et un obus anti-individu, précise le communiqué selon lequel il y a eu des tués et des blessés parmi les militaires israéliens. Le texte rend compte d’accrochages qui ont duré plusieurs heures.

Les Brigades al-Qods ont en outre fait état de tirs d’obus de mortier jeudi sur un groupe d’une dizaine de militaires de l’occupation et ses véhicules sur le rond-point Abou Daqa dans la région al-Fakhari également au sud-est de Khan Younes.

Vendredi, l’armée d’occupation a rapporté que deux soldats israéliens ont été blessés dans deux incidents séparés au nord et au sud de l’enclave.

Vendredi, les Brigades al-Qassam ont diffusé les images de tirs sur des militaires de l’occupation dans l’axe de pénétration dans le quartier de Chouja’iya à l’est de Gaza-ville.

Jeudi 29 mai, elles avaient fait état d’une embuscade complexe à l’est de Khan Younes au cours de laquelle des bâtiments piégés et un tunnel ont été bombardés après y avoir attiré une force israélienne causant des pertes dans ses rangs. Elles ont aussi diffusé les images d’une opération contre un groupe d’agents, les Moustaaribine, à l’est de la ville de Rafah au sud.

Les images montrent ces éléments en tenue civile en train d’exécuter des opérations de ratissage sur le terrain dans une zone frontalière à l’est de Rafah, avec le soutien aérien d’avions de reconnaissance et d’avions de guerre israéliens, avant de prendre d’assaut plusieurs maisons palestiniennes dans la région.

Ces agents avaient pour mission de détecter les tunnels et les mouvements des résistants, selon l’enregistrement des Qassam et de piéger certaines maisons. Ils ont été pris dans une maison piégée d’avance qui a explosé faisant des tués et blessés dans leur rang, selon les Qassam.

Une source sécuritaire de la résistance a rapporté selon l’agence Quds net que les investigations ont montré que ces agents appartiennent au groupe Yasser Abou Chabab qui travaille pour le compte de l’armée d’occupation. Le Hamas accuse ce groupe d’être impliqué dans le pillage de l’aide humanitaire.

Marche mondiale

Face au risque imminent de famine généralisée, aux enfants qui meurent déjà de faim et aux bombardements israéliens incessants qui massacrent les civils dans la bande de Gaza, une coalition internationale composée de syndicats, de mouvements de solidarité et d’organisations de défense des droits humains a annoncé vendredi le lancement d’une initiative appelée « Marche mondiale vers Gaza ». Elle vise à pénétrer à pied dans la bande de Gaza pour tenter de briser le blocus israélien en vigueur depuis près de 20 mois.

Ce mouvement international, « Global March to Gaza », se revendique comme étant un collectif citoyen apolitique, pacifiste et indépendant, sans aucune affiliation partisane, aucune idéologie ni religion. Des comités nationaux se sont constitués dans 37 pays. Les participants se rassembleront en Égypte le 12 juin et marcheront jusqu’au poste-frontière de Rafah, dans le nord du Sinaï, dans le cadre d’une campagne d’une semaine exigeant un accès humanitaire immédiat à Gaza, où l’aide est interrompue depuis le 2 mars.

Saif Abu Kishk, chef de la Coalition internationale contre l’occupation israélienne, a expliqué que la Marche mondiale vers Gaza comprenait plusieurs étapes principales, à commencer par l’identification des points de départ et la coordination avec les militants locaux sur le terrain. La deuxième étape consiste à répartir les participants en groupes, en tenant compte de leurs différences linguistiques et culturelles. Les participants sont originaires de 32 pays. La troisième étape comprend l’arrivée au Caire, le voyage jusqu’à El-Arish, puis le départ à pied vers Gaza, malgré la route difficile du désert. Il a souligné que la souffrance de la population de Gaza, privée des produits de première nécessité depuis plus de 20 mois, est moins importante que la souffrance de la population.

Ce cheminement comprend également la communication avec les parties concernées, notamment les ambassades et le gouvernement égyptiens, afin de coordonner la coopération et de soutenir les efforts visant à mettre fin au génocide en Palestine de manière transparente. La marche se conclura par un sit-in au point de passage de Rafah, un point de pression majeur exigeant son ouverture et l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Pas moins de 200 suisses vont participer à la marche, rapportent des médias helvétiques.

La porte fermée aux Arabes

Un responsable israélien a déclaré que son pays « ne coopérera pas » à une visite en Cisjordanie de ministres arabes des Affaires étrangères, après qu’une source diplomatique saoudienne a indiqué que le chef de la diplomatie du royaume se rendrait dimanche à Ramallah.

L’entité sioniste contrôle les frontières et l’espace aérien de ce territoire palestinien occupé, ce qui signifie que son approbation est nécessaire pour que les diplomates étrangers puissent y entrer.

« L’Autorité palestinienne qui, à ce jour, refuse de condamner le massacre du 7 octobre, comptait accueillir à Ramallah une réunion provocatrice de ministres des Affaires étrangères de pays arabes pour discuter de la promotion de l’établissement d’un Etat palestinien », a déclaré le responsable israélien vendredi soir, selon l’AFP. « Un tel Etat deviendrait sans aucun doute un Etat terroriste au cœur de la Terre d’Israël. Israël ne coopérera pas avec de telles initiatives visant à lui nuire et à porter atteinte à sa sécurité », a-t-il ajouté.

Une source de l’ambassade palestinienne à Ryad avait indiqué vendredi soir que Fayçal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, se rendrait dimanche à Ramallah. La chaîne de télévision américaine CNN a rapporté que des ministres des Emirats arabes unis, d’Egypte, de Jordanie, du Qatar et de Turquie participeraient également à cette visite.

Avant la guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, l’Arabie saoudite avait entamé des discussions avec Washington incluant une normalisation avec Israël, en échange d’un accord de sécurité et un soutien à son programme nucléaire civil. Mais elle a conditionné depuis une telle démarche à l’établissement d’un Etat palestinien, éloignant la perspective d’un accord dans le contexte actuel.

Riyad prépare avec la France une conférence internationale pour reconnaitre l’Etat de Palestine le mois de juin prochain à New York.

Israël Katz, ministre israélien de la Défense, a affirmé vendredi qu’il n’était pas question de laisser advenir un Etat palestinien en Cisjordanie. Israël a annoncé cette semaine la construction de « l’Etat juif israélien » en Cisjordanie et la création de 22 nouvelles colonies israéliennes dans ce territoire qu’il occupe depuis 1967, les colonies étant considérées comme illégales au regard du droit international.

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