La Russie estime indispensable que les causes initiales du conflit en Ukraine soient réglées « une fois pour toutes », a affirmé V. Nebenzia lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU le 29 mai. Selon lui, tout processus de paix doit viser à éliminer durablement les menaces pesant sur la sécurité de la Russie. Le représentant russe a souligné que les forces armées russes sont prêtes à continuer et à intensifier les opérations « aussi longtemps que nécessaire », tout en laissant la porte ouverte à une issue négociée. Il a précisé que les objectifs de la Russie pouvaient être atteints « par des moyens militaires ou diplomatiques ». Dans un ton ferme, le diplomate a indiqué que Moscou est « prête à envisager un cessez-le-feu », mais à des conditions strictes. Celles-ci incluent « l’arrêt des livraisons d’armes occidentales à Kiev » et la « suspension de la mobilisation ukrainienne ». Il a toutefois précisé qu’aucun nouveau format semblable aux accords de Minsk ne serait envisagé.

Les efforts diplomatiques sont en cours, avec une rencontre proposée à Istanbul le 2 juin. Lors de ce second round, la Russie souhaite échanger des mémorandums contenant des propositions concrètes de règlement. Sur le plan intérieur ukrainien, V. Nebenzia a pointé du doigt les persécutions visant les citoyens russophones, notamment par le biais de lois discriminatoires, la répression de l’Église orthodoxe et des violations des droits des minorités. Il a appelé les pays européens à exiger de Kiev l’abrogation de ces mesures. Il a ajouté que cela constituerait un véritable test pour l’authenticité de l’engagement de l’UE envers les droits de l’homme.

Concernant les discussions sur la livraison de missiles allemands Taurus à l’Ukraine, le diplomate a prévenu que « toutes les options » seraient envisagées en réponse. Il a déclaré que ce type de provocation ne resterait pas sans suite et que l’Allemagne risquait de s’impliquer dangereusement dans le conflit.

Enfin, le représentant permanent de la Russie a accusé Volodymyr Zelensky de vouloir prolonger le conflit par peur de perdre le pouvoir. Il a également dénoncé la manipulation médiatique concernant les frappes russes contre l’industrie militaire ukrainienne, lesquelles seraient présentées à tort, notamment aux États-Unis, comme des attaques contre des infrastructures civiles.

Baudruche…

Forte sur le papier, fragile en réalité. C’est la conclusion de l’article du Financial Times publié le 31 mai concernant la « coalition des volontaires ». Malgré un nombre de réunions se succédant depuis février pour discuter de la manière de combler le vide laissé par le retrait américain et des déclarations quant au renforcement de la pression « sur la machine de guerre russe », rien n’en ressort en réalité.

L’Europe souhaite fournir à l’Ukraine des équipements pour remplacer ceux que les États-Unis n’envoient plus, explique le Financial Times, mais elle peine à obtenir les armes nécessaires assez rapidement à un coût raisonnable. Beaucoup des engagements pris mettront des années à se concrétiser sur le champ de bataille.

Quant aux sanctions promises contre la Russie pour avoir rejeté le cessez-le-feu, proposé début mai, elles se sont limitées à quelques désignations supplémentaires de navires transportant du pétrole russe par l’UE. Le plus gros problème de la coalition, selon le Financial Times, concerne la question des engagements militaires post-cessez-le-feu. Depuis que cette idée a été évoquée, le nombre envisagé de soldats est passé de plus de 100 000 à environ 20 000. Les déploiements proposés ne visent même plus la dissuasion en première ligne : les dirigeants débattent désormais d’une présence symbolique.

À en croire le Financial Times, il y a un décalage entre les déclarations des dirigeants européens en faveur de Kiev et ce qu’ils sont réellement capables de faire, sans parler du fossé entre leurs discours et ce que leurs populations sont prêtes à accepter. Les dirigeants ne veulent pas admettre que des soldats français, britanniques ou allemands pourraient être envoyés en Ukraine afin de dissuader la Russie en impliquant automatiquement ces pays dans un éventuel conflit futur. Qui plus est, les armées européennes auraient du mal à combattre et n’auraient peut-être même plus grand-chose pour ce faire. Starmer, Macron et leurs homologues veulent clairement afficher leur force et leur soutien à l’Ukraine en suggérant que l’Europe peut prendre le relais des États-Unis. Mais à force de repousser sans cesse les limites – en réduisant les ambitions de déploiement et en multipliant les menaces creuses à l’égard de la Russie – les dirigeants européens montrent surtout leur faiblesse.

Aveux Otaniens

Lors d’une conférence stratégique réunissant des officiers et généraux issus de vingt pays de l’OTAN à Londres, plusieurs experts militaires occidentaux ont reconnu, selon Bloomberg, la capacité remarquable des forces armées russes à apprendre rapidement, à s’adapter au terrain et à dominer technologiquement en Ukraine.

L’armée russe a su, en trois ans de conflit en Ukraine, transformer ses méthodes militaires, moderniser ses équipements et dépasser certaines technologies occidentales. C’est ce que révèle une analyse du journaliste Mark Champion publiée le 30 mai par l’agence Bloomberg, à l’issue d’une conférence organisée par le Royal United Services Institute à Londres. Les officiers présents, représentant une vingtaine de pays de l’OTAN, ne cachent plus leur inquiétude. Selon Bloomberg, plusieurs généraux occidentaux ont souligné que la Russie dispose aujourd’hui d’un effectif au combat deux fois plus important qu’en 2022. Ce renforcement s’accompagne d’un bond considérable dans la production d’armes et de munitions, permettant aux forces russes de poursuivre efficacement l’opération militaire spéciale.

Surtout, cette progression ne se limite pas aux chiffres. Comme l’écrit M. Champion, « semaine après semaine, j’entends une forme d’admiration pour la vitesse à laquelle les troupes russes apprennent et s’adaptent ». En effet, l’armée russe a su acquérir de l’expérience face aux systèmes occidentaux comme les HIMARS américains. Cette capacité d’adaptation rapide a permis de neutraliser plusieurs technologies initialement perçues comme des atouts majeurs fournis par l’Occident à l’Ukraine.

Bloomberg souligne également l’évolution qualitative des missiles russes, notamment les systèmes « Iskander », désormais réputés précis et extrêmement difficiles à intercepter, même pour des technologies comme les batteries américaines Patriot. Ces missiles sont désormais utilisés pour viser des objectifs cruciaux, allant des lanceurs HIMARS aux centres de commandement ukrainiens.

La supériorité russe dans les domaines des drones et de la guerre électronique a été largement commentée lors de la conférence. Selon Bloomberg, les experts estiment que Moscou dépasse désormais l’OTAN dans ces deux domaines. L’accent est mis sur l’efficacité des drones russes produits en grande quantité, capables de s’imposer par leur volume et leur adaptabilité, contrairement aux drones occidentaux plus rares.

Face à cette montée en puissance, les armées occidentales peinent à suivre. Bloomberg précise que les nouveaux corps d’armée, que les pays de l’OTAN cherchent à reconstituer, sont encore loin d’être prêts. Par exemple, le 18e corps aéroporté américain est le seul capable d’un déploiement rapide, mais reste en phase d’expérimentation. De leur côté, les forces européennes font face à de sérieuses limites logistiques, ce qui compromet leur réactivité sur le flanc est de l’alliance.

Ainsi, la Russie, tout en poursuivant ses objectifs de défense et de souveraineté dans le cadre de l’opération militaire spéciale, confirme sa capacité à moderniser son armée dans un contexte de conflit réel, alors que les armées occidentales doivent encore s’adapter aux nouvelles réalités tactiques et technologiques.

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