Paris procède à la répression idéologique des étrangers, a estimé auprès de Sputnik Afrique l’avocate de l’activiste palestinienne Mariam Abbou Daqqa, expulsée de France pour la « menace à l’ordre public » qu’elle représentait, selon la justice hexagonale.
« C’est quand même une escalade dans la répression des étrangers sur le territoire français qui est considérable. La manière dont je l’évalue, c’est ce degré de gravité là, parce que la décision qui a été prise a vocation à museler une parole critique », a déclaré Me Julie Gonidec.
Membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), l’activiste de 72 ans est arrivée en France avec un visa de 50 jours pour une série de conférences au sujet de la condition des femmes à Gaza. Le 10 novembre, elle a été déportée de Paris par avion sous escorte policière vers Le Caire, en Égypte.
« Ce qu’elle disait n’était pas un délit pénal », mais « ne plaisait pas » aux autorités françaises, explique l’avocate. Pour M. Abbou Daqqa, cela constitue « une attaque contre le droit de la Palestine à exister ». « Donc, on assiste à une utilisation des mesures contre les étrangers dans un contexte de répression du débat d’idées. Et ça, c’est extrêmement préoccupant et relativement récent », tranche l’avocate.
Pointant le fait que le visa a été délivré par le consulat général de France à Jérusalem début août, elle note que « le consul était parfaitement au courant de qui était Madame Mariam Abbou Daqqa, des raisons pour lesquelles elle venait en France et de son engagement politique ». C’est ce qui est « extrêmement paradoxal », compte tenu de cette mesure restrictive prise à son encontre le 14 octobre, une semaine après le déclenchement des hostilités.
Motivant sa décision, le juge du Conseil d’État a cependant considéré que l’appartenance de la militante au FPLP « justifiait à lui seul de constater qu’elle était une menace à l’ordre public et donc de prendre un arrêté d’expulsion à son encontre ».
« Ça vise une personne qui a un visa de 50 jours, qui est venu faire des conférences et qui est expulsée manu militari du pays, ça c’est du jamais-vu. Il n’y a aucune jurisprudence précédente », conclut-elle.
Cette expulsion représente « véritablement la honte et la lâcheté » des autorités françaises, a tranché de son côté Christophe Oberlin, auteur de sept livres sur le conflit israélo-palestinien.
Quant à la position générale de Paris à l’égard de ces hostilités, il n’y a pas « une seule déclaration faisant référence au droit international », selon lui, ce qui est « le plus choquant ».
D’ailleurs, Paris « varie énormément » ses déclarations, note C. Oberlin. À titre d’exemple, il a cité les propos d’Emmanuel Macron sur le colonialisme qui « est un crime contre l’humanité », alors qu’il était en visite en Algérie. Ce alors que « le lendemain, il fait dire à son Premier ministre que Jérusalem est la capitale éternelle de l’État d’Israël ». « Parfois même dans la même semaine, on a des déclarations du Président et des rectifications qui viennent du siège et qui sont véritablement une cacophonie qui ne vous fait pas honneur et que l’histoire retiendra », peste-t-il.