À Redzikowie, en Pologne, une base américaine de défense antimissile Aegis a été inaugurée mercredi 13 novembre. Le site de cette infrastructure militaire américaine se trouve à 165 km des frontières de la région russe de Kaliningrad, exclave russe située entre la Pologne et la Lituanie. D’après Reuters, Aegis sera la première base antimissile américaine sur le territoire polonais. Elle sera sous le commandement des forces américaines en Europe. Un complexe similaire a déjà été établi à Deveselu en Roumanie. Les bases fonctionnent principalement grâce à des satellites espions spéciaux qui détectent le lancement de missiles. Cette base fait partie du « bouclier » antimissile de l’OTAN, qui, selon l’alliance, est capable d’intercepter des missiles balistiques de courte et moyenne portée. Des représentants des États-Unis ainsi que les plus hauts dirigeants de la Pologne, y compris le président polonais Andrzej Duda, devaient prendre part à l’inauguration. « Cela a pris du temps, mais cette construction prouve la détermination géostratégique des États-Unis », a déclaré Radoslaw Sikorski, ministre polonais des Affaires étrangères, dans une vidéo publiée sur X mardi 12 novembre.
Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a exprimé la position russe à ce sujet clivant. « C’est l’avancement de l’infrastructure militaire américaine sur le territoire européen vers nos frontières. Ce n’est rien d’autre qu’une tentative de contenir notre potentiel militaire », a-t-il fait savoir tout en soulignant que de telles démarches poussent la Russie à adopter des mesures pour assurer la parité. Le 9 septembre 2024, il a été révélé que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord tentait d’établir une nouvelle base militaire en Finlande, sous le commandement de la Suède. Il est à noter que la Finlande a longtemps servi de zone tampon entre la Russie et l’OTAN, coopérant à la fois avec l’alliance et avec Moscou. Cependant, en 2022, le pays a pris la décision de rejoindre l’OTAN et est devenu en 2023, avec la Suède, un membre à part entière de l’organisation.
Soutien à Kiev
Par ailleurs, les dirigeants occidentaux ont confirmé leur engagement à renforcer l’aide militaire et financière à l’Ukraine pour prolonger les combats jusqu’en 2025 ou négocier avec Moscou « en position de force ». La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, a réagi en qualifiant cette stratégie de « véritable appel à prolonger le bain de sang ».
Antony Blinken, secrétaire d’État américain, a déclaré lors de sa visite à Bruxelles mercredi que les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN s’engageaient à renforcer leur aide militaire à l’Ukraine pour lui permettre de prolonger les combats ou d’engager des négociations avec la Russie en position de force. « L’objectif de cette visite est de concentrer nos efforts pour s’assurer que l’Ukraine dispose des ressources financières, des munitions et des forces nécessaires pour se battre efficacement en 2025, ou pour pouvoir négocier en position de force », a-t-il précisé lors de son discours au siège de l’OTAN.
À l’issue de sa rencontre avec le secrétaire général de l’OTAN, il a réaffirmé la détermination de l’Alliance atlantique à fournir une assistance militaire massive à Kiev, soulignant la nécessité de garantir une résilience durable des forces ukrainiennes face à l’avancée russe.
Le Financial Times a par ailleurs rapporté que l’Ukraine prévoyait de renforcer ses effectifs militaires en recrutant 160 000 soldats supplémentaires entre novembre et février, une mesure qui témoigne de l’escalade des préparatifs militaires dans le pays. Le 12 novembre, Mark Rutte avait également appelé les États membres de l’Alliance de l’Atlantique Nord à « réaffirmer leur engagement à maintenir le cours de la guerre ». Selon lui, les membres de l’OTAN « ne doivent pas se contenter de maintenir l’Ukraine dans le combat : ils doivent en faire payer le prix à Vladimir Poutine et à ses alliés autoritaires ».
Dans ce contexte, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a vivement réagi aux propos de M. Rutte. Pour Maria Zakharova, les déclarations de l’OTAN et des États-Unis révèlent une volonté délibérée de prolonger le conflit. « Il s’agit d’un appel à poursuivre le bain de sang », a-t-elle déclaré, accusant les puissances occidentales de privilégier une stratégie de confrontation plutôt que de favoriser une solution diplomatique. Elle a affirmé que cette politique visait à maintenir la pression militaire en Ukraine au lieu d’œuvrer pour une désescalade.
À l’approche de la fin du mandat de Joe Biden, les États-Unis redoublent d’efforts pour consolider l’aide militaire à l’Ukraine et renforcer la coopération au sein de l’OTAN. L’administration américaine semble vouloir garantir une continuité dans le soutien à l’Ukraine, quelles que soient les évolutions politiques internes aux États-Unis.