Le gouvernement de Gaza a annoncé vendredi qu’Israël retardait la mise en œuvre des dispositions humanitaires de l’accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier. Lors d’une conférence de presse à l’hôpital Al-Ahli Baptist dans la ville de Gaza, Salama Marouf, responsable du Bureau des médias du gouvernement de Gaza, a déclaré que « malgré les 20 jours écoulés depuis l’accord, la situation humanitaire reste catastrophique en raison des entraves israéliennes. » Il a précisé que « l’accord prévoit l’entrée quotidienne de 600 camions d’aide, dont 50 camions de carburant, ainsi que la fourniture de 60 000 unités de logement mobiles, 200 000 tentes, des générateurs, des pièces détachées, des panneaux solaires et des matériaux pour la reconstruction de Gaza. »
S. Marouf a ajouté que « l’accord inclut également l’enlèvement des débris, la réhabilitation des infrastructures sanitaires, des boulangeries, et la garantie de la libre circulation des patients et des blessés via le point de passage de Rafah. » Cependant, ajoute-t-il, seulement 8 500 camions sont entrés à Gaza depuis le 19 janvier, bien en deçà des 12 000 attendus par l’accord. Il a précisé que la majorité de ces camions transportent des colis alimentaires, des fruits et des légumes, tandis que l’aide cruciale, comme les fournitures d’abris et le matériel médical, subit des retards délibérés.
S. Marouf a souligné que « seulement 10 % des tentes nécessaires sont entrées à Gaza, et Israël n’a autorisé aucune unité de logement mobile à être livrée. »
Concernant le carburant, il a indiqué que seulement 15 camions entrent quotidiennement, au lieu des 50 convenus, ce qui impacte gravement les hôpitaux et les services publics essentiels. Le responsable a également noté que des organisations internationales ont informé les autorités de Gaza qu’« Israël refuse de coordonner l’entrée des matériaux de base nécessaires pour réparer les réseaux d’eau et d’assainissement dans le nord de Gaza. » Un appel a été lancé à « la communauté internationale à prendre ses responsabilités et à ne pas rester passive face à cette catastrophe humanitaire, » avertissant que « la politique du siège israélien constitue une forme de génocide et de nettoyage ethnique contre les Palestiniens. » Il a aussi averti que « l’absence de machines lourdes pour enlever 55 millions de tonnes de débris entrave les efforts pour récupérer les corps sous les décombres. »
En attendant, le Programme alimentaire mondial (PAM) a appellé « tous les donateurs » à nourrir et reconstruire Gaza. Pour le cinquième échange depuis l’entrée en vigueur de la trêve le 19 janvier, Or Levy, Eli Sharabi, et l’Israélo-allemand Ohad Ben Ami, doivent en principe rentrer chez eux, a confirmé le Forum des familles d’otages.
A rappeler que l’administration US persiste à vouloir faire valoir son option quant au transfert des Gazaouis. Maroc Rubio, chef de la diplomatie US, a appelé les pays qui critiquent le plan de Donald Trump à « s’impliquer ». Dans sa concrétisation s’entend !
Bernie Sanders, sénateur américain (Démocrate-Vermont) s’en est pris à la proposition du locataire de la Maison Blanche de s’emparer de la bande de Gaza et de transférer les Palestiniens vers d’autres pays. « Nous reconstruirons Gaza pour le peuple palestinien, et non pas pour les milliardaires », a-t-il déclaré.
« Il est difficile de comprendre de quoi parle Donald Trump à propos de Gaza », a déclaré Sanders, dans un clip vidéo diffusé jeudi, sur son compte sur le réseau social X. « C’est totalement incompréhensible ! Voici des personnes qui ont énormément souffert au cours des 15 derniers mois. 45 000 morts et 100 000 blessés, en majorité des femmes et des enfants. Des maisons ont été détruites, les systèmes de santé et d’éducation ont été dévastés. Trump a répondu : ‘Expulsez de force 2,2 millions de personnes de leurs foyers et transformez Gaza en un paradis pour milliardaires’ », a-t-il fait valoir.
« C’est horrible ! », a ajouté B. Sanders. « Nous veillerons à reconstruire Gaza pour le peuple palestinien, et non pas pour les milliardaires. »
D. Trump a annoncé que les États-Unis contrôleraient la bande de Gaza, la développeraient afin de le transformer en « Riviera du Moyen-Orient ». Il a déclaré jeudi « qu’Israël remettrait la bande de Gaza à son pays une fois les combats terminés et ses habitants transférés ailleurs, et qu’il n’y aurait plus besoin de soldats américains là-bas ».
Rappelons que la guerre génocidaire israélienne contre Gaza, lancée en octobre 2023, a couté la vie à plus de 60.000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants. Un accord de cessez-le-feu, comprenant trois phases, est entrée en vigueur, le 19 janvier 2025.
Aux premières loges de la guerre génocidaire menée par son pays, Yoav Gallant, ancien ministre de la Défense, a admis que « l’armée israélienne a reçu l’ordre d’utiliser la procédure dite Hannibal, qui permet de tuer des captifs israéliens avec leurs ravisseurs pendant la guerre ». L’armée d’occupation est confrontée à une série de démissions en raison des échecs du 7 octobre, et la chaîne israélienne 13 a décrit cela comme « un choc dans l’armée israélienne ».
Des médias israéliens dont le Haaretz ont révélé après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 que l’armée d’occupation a eu recours à la directive Hannibal pendant la traque des combattants palestiniens dans l’enveloppe de Gaza, causant la mort d’un nombre indéterminé d’Israéliens. Sachant que la version officielle attribue la mort des 1.189 Israéliens au Hamas.
Herzi Halevi, chef d’état-major de l’armée israélienne, a annoncé sa démission, ses fonctions devant prendre fin le 6 mars, après avoir reconnu sa responsabilité dans l’échec de l’armée le 7 octobre. Cette démission a été suivie par celle du commandant du commandement Sud, le général de division Yaron Finkelman, admettant dans sa lettre de démission que « l’échec du 7 octobre restera gravé dans ma vie pour toujours ».
Dérapage en Cisjordanie
En Cisjordanie, l’armée sioniste persiste dans ses exactions. Les brigades d’Al-Qods- bataillon de Jénine ont affirmé, vendredi, que leurs combattants ont fait sauter un engin explosif contre un véhicule militaire israélien qui traversait l’entrée de la ville, entraînant des pertes confirmées.
Les médias palestiniens ont pour leur part rapporté que des explosions ont été entendues à l’intérieur du camp de Jénine, où les forces d’occupation ont été ciblées avec un engin hautement explosif à l’entrée de la ville de Silat al-Harithiya, à l’ouest de Jénine. Les forces d’occupation poursuivent depuis le 21 janvier 2025 leur agression contre les villes de Jénine, Tulkarem et Tubas : 29 Palestiniens sont tombés en martyre, des dizaines d’autres blessés, des centaines de déplacés et plus de 100 citoyens arrêtés.
Les forces d’occupation mènent depuis une série de perquisitions, de pillage et de destruction des domiciles. Elles ont restreint les déplacements des citoyens, tout en saisissant des bâtiments commerciaux et résidentiels et en les transformant en casernes militaires et en sites pour leurs snipers. Dans ce contexte, les forces d’occupation ont pris d’assaut la localité de Yamoun, à l’ouest de Jénine. Elles ont a également forcé les habitants d’un immeuble résidentiel du quartier est de Tulkarem à l’évacuer, afin de le transformer en caserne militaire. En outre, les forces d’occupation israéliennes ont pris d’assaut les environs du camp d’Al-Ain et de la rue Jaffa dans la ville de Naplouse et la localité de Beit Kahil, au nord d’Al-Khalil Hébron.
Entre-temps, le Club des prisonniers palestiniens a déclaré que « l’occupation israélienne a détenu 174 Palestiniens des villes de Jénine et de Tubas, dans le nord de la Cisjordanie, depuis le début de la récente agression contre les deux villes ». Et d’expliquer que le nombre de détenus à Jénine et dans son camp au cours de 17 jours d’agression n’est pas inférieur à 120 personnes, tandis que le nombre d’arrestations à Tubas a atteint 54, la plupart d’entre elles de la localité de Tamoun.