« Le Qatar est disposé à s’engager dans tout processus officiel visant à rapprocher les positions entre l’Algérie et du Maroc ». C’est ce qu’a annoncé à Doha, mardi, le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères au quotidien arabophone Al Quds Al-Arabi.
Le diplomate a souligné que le message échangé entre Doha et Alger, la semaine dernière, « a porté sur les relations bilatérales entre les deux pays, et il ne fait aucun doute que combler le fossé entre les frères représente une préoccupation majeure de l’Etat du Qatar ».
Abdelmadjid Tebboune, président algérien, avait adressé, jeudi 10 août, un message écrit à l’émir du Qatar. La lettre a été remise par un membre de l’ambassade d’Alger à Doha à Soltan Bin Saad Al-Muraikhi, ministre d’Etat qatari aux Affaires étrangères, précisait l’agence qatarie de presse. Ce message intervient après celui, écrit, que le roi Mohammed VI avait envoyé, lundi 7 août, au chef d’Etat du Qatar.
Dans son discours du 28 juillet à l’occasion de la fête du Trône, le souverain a assuré que les « frères en Algérie, leur direction et leur peuple n’auront jamais à craindre de malveillance de la part du Maroc. Nous leur confirmons aussi tout le prix que Nous attachons aux liens d’affection et d’amitié, aux échanges et aux interactions entre nos deux peuples ».
L’émir Tamim avait tenté une médiation entre le Maroc et l’Algérie, lors de sa présence à la cérémonie d’ouverture des Jeux de la Méditerranée, organisés à Oran. C’était le 25 juillet 2022. Initiative rejetée par le général Saïd Chengriha, lors de déclarations aux médias internationaux en novembre 2022.
L’Algérie a rompu ses relations avec le Maroc, le 24 août 2021. Officiellement, le pouvoir algérien a rejeté toutes les propositions arabes de médiation : saoudienne, égyptienne, koweïtienne, qatarie et jordanienne. « C’est le régime marocain qui cause des problèmes. Aucun pays ne peut se poser en médiateur entre nous », avait déclaré A. Tebboune, en décembre 2022, au quotidien français Le Figaro.
Déni algérien
Et il faut croire que le voisin de l’Est n’est toujours pas disposé à revenir à de meilleurs sentiments à l’endroit du Maroc. Ainsi, le ministère algérien des Affaires étrangères se déclare très satisfait par la position de l’administration Biden sur la question du Sahara occidental. « L’administration Biden n’a pas du tout approuvé la décision de Trump » de reconnaitre la marocanité de la province, le 10 décembre 2020. « Au contraire, assure Ahmed Attaf à Al Monitor, ils prennent explicitement de la distance par rapport à la position exprimée par le président Trump », s’est félicité le chef de la diplomatie algérienne. Pour appuyer ses dires, il s’est référé au communiqué publié par le Département d’Etat à l’issue de ses entretiens avec le chef de la diplomatie des Etats-Unis, du 9 août à Washington. « Cela signifie que vous ne reconnaissez pas que le territoire est marocain. Si vous le reconnaissez, vous ne demanderiez pas un effort supplémentaire pour trouver la solution », a-t-il assuré.
Pour rappel, le texte du Département d’Etat a précisé que les deux ministres « ont réitéré leur plein soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général Staffan de Mistura alors qu’il consulte intensivement toutes les parties concernées (y compris l’Algérie, ndlr) pour parvenir à une solution politique pour le Sahara occidental ».
A. Attaf a affirmé, par ailleurs, que l’Algérie « demande à cette administration (…) de contribuer à relancer le processus de paix, et c’est précisément ce qu’elle fait à travers des appels comme celui-ci ». Le chef de la diplomatie a fait l’impasse sur l’appel de Washington « à toutes les parties concernées » d’appuyer les efforts de S. De Mistura, alors qu’il assurait dans son communiqué que seuls le Maroc et le Polisario étaient concernés avant de rétropédaler.
Au lendemain de la reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, Matthew Miller, porte-parole de la diplomatie américaine, a souligné que « les Etats-Unis ont franchi ce pas en décembre 2020 sans changer de position depuis (…) la politique (des Etats-Unis) a été annoncée en décembre 2020. Je dis qu’en même temps, nous soutenons pleinement l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, alors qu’il intensifie ses efforts pour parvenir à une solution politique durable et digne pour le Sahara occidental ». Une confirmation claire et explicite de la décision de D. Trump que le ministre des Affaires étrangères algérien ne veut pas entendre.