Le froid qui brûle encore les corps de milliers de nos concitoyens privés de toits depuis le séisme de 2023 dont l’épicentre a été localisé dans la région d’Al-Haouz, n’aura en rien servi de prétexte à l’abandon des charges retenues à l’encontre du Président de la Coordination des victimes du séisme. Poursuivi pour « diffamation, offense et publication d’allégations mensongères visant à porter atteinte à la vie privée », S. Ait Mahdi a été condamné par le tribunal de Première instance de Marrakech à trois mois de prison ferme. Sentence qui, en prime, est assortie d’une amende de 10.000 Dh à verser à titre de « dommages et intérêts » à chacune des parties plaignantes. Trois autres coaccusés, poursuivis pour « offense à des fonctionnaires publics », ont été élargis. Le tribunal n’y est pas allé de main morte dans ce dossier alors que S. Ait El Mahdi n’a fait que répercuter le vécu des victimes du tremblement de terre dont il fait pourtant partie. Victimes qui battent le pavé depuis des mois pour faire valoir leurs droits. Toutes les victimes n’ont pas bénéficié de l’aide de l’Etat, décidée par la plus haute autorité du pays.
Un dysfonctionnement qui a poussé et poussera encore les oubliés de la solidarité nationale à manifester leur mécontentement justifié. Il ne faut pas s’étonner dès lors à ce que des manifestations sporadiques soient organisées devant les sièges des provinces et des Wilayas affectées par cette catastrophe naturelle dont les effets n’ont toujours pas été gérés avec le sérieux et la responsabilité requis. Comme il ne faut pas, non plus, crier à la déstabilisation lorsque les mêmes hères, laissés pour compte, assiègeront le parlement, à Rabat, pour attirer l’attention sur leu calvaire enduré au quotidien.
Une autre approche moins « sécuritaire » et plus humaine devrait prévaloir dans la gestion de ce drame national. Elle doit démarrer, cela va de soi, par l’élargissement de S. Ait Mahdi et de tous les autres inconnus du bataillon parmi les victimes du séisme d’Al Haouz qui ont incarcérés pour avoir crié leur détresse et dénoncé l’injustice. Cela sans compter les victimes des brimades et autres vexations…