Selon le journal britannique, alors que le Liban souffrait d’une crise financière très grave, en juin 2021, « l’ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salameh, a atterri à l’aéroport du Bourget à Paris en avion privé, où les douaniers l’ont trouvé transportant de grosses sommes d’argent non divulguées ». Le média a relevé que « Salameh, qui détient également la nationalité française, avait déclaré aux agents des frontières qu’il ne transportait que 15 000 euros, mais quand ils ont fouillé ses sacs ils ont trouvé 84 430 euros et 7 710 dollars ». Et de poursuivre que « lorsqu’on lui a demandé d’expliquer les montants non divulgués, Salameh a déclaré qu’il avait simplement oublié que son argent était dans son sac, selon les rapports de la police ».
« Il semble que l’auteur principal de l’effondrement financier au Liban ait oublié environ 100 000 dollars, au moment où des millions de Libanais étaient privés de leurs épargnes depuis l’effondrement du système bancaire dans le pays il y a deux ans. Ceci démontre le fossé profond entre son mode de vie et celui de la plupart des citoyens en 2021 », ajoute le quotidien. The Financial Times a souligné en outre que « Salameh avait quitté les bureaux de la Banque centrale en juillet dernier, mais sa réputation est aujourd’hui en lambeaux. Ses trente ans de service à la Banque du Liban ont été ternis par des accusations selon lesquelles il aurait contribué à la ruine du pays ».
« Dans le même temps, Salameh fait l’objet d’enquêtes judiciaires au Liban, aux États-Unis et dans au moins sept pays européens, enquêtant sur des allégations de ses crimes financiers. Deux de ces pays ont émis des mandats d’arrêt à son encontre », selon le journal. Notant avoir aussi appris que le bureau du procureur américain du district sud de New York a également ouvert une enquête sur le cas de Salameh.
Le journal a déclaré que « Salameh est censé rester au Liban pour éviter d’être arrêté et interrogé à l’étranger ». Citant un haut responsable politique, le quotidien ajoute que « cet arrangement convient bien aux politiciens libanais : Tant qu’il reste ici (au Liban), il ne dévoilera pas [leurs secrets] et tout le monde restera heureux ».
« Les banques sont préoccupées par la fuite d’informations liées à l’argent qui a été sorti du Liban pendant la crise par de riches déposants », a renchéri le quotidien.
Le 10 août, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont imposé des sanctions à Salameh pour son implication dans une variété de programmes illégaux d’enrichissement personnel avec l’aide de membres de sa famille proche et d’associés. Des sanctions ont également été imposées contre son fils Nadi, son frère Raja, son assistante Marian Hoyek et sa petite amie ukrainienne, Anna Kozakova.
Il est à noter que R. Salameh (73 ans), qui a assumé la direction de la Banque centrale libanaise pendant 30 ans et dont le mandat a pris fin en juillet dernier, fait face à des accusations au Liban, en France et en Allemagne, pour détournement d’importantes sommes de fonds publics.