« Des combattants de l’EI ont tendu jeudi soir une embuscade à un car de l’armée syrienne qui transportait des soldats dans l’est de la province de Deir Ezzor, les ciblant à l’aide d’armes légères et moyennes », a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Selon cette ONG, basée au Royaume-Uni, « au moins 26 soldats ont été tués et onze blessés ». L’OSDH avait indiqué dans un premier temps que des dizaines d’autres soldats qui étaient dans d’autres cars étaient portés disparus, avant de préciser plus tard qu’ils ont pu rejoindre des zones sûres, sains et saufs. Les médias officiels syriens n’ont pas mentionné dans l’immédiat cette attaque.
Vendredi matin, les forces syriennes et leurs alliés, fortement déployés dans la région de Deir Ezzor, étaient en état d’alerte, selon l’OSDH. Il s’agit de la troisième attaque d’ampleur de l’EI contre l’armée syrienne depuis le début du mois d’août, et la plus meurtrière. Lundi, dix militaires avaient été tués dans la province de Raqa, où Daech avait proclamé, dans la terreur, un « califat » en 2014, avant d’en être évincé en 2017. Le 1er août, sept personnes, dont cinq soldats syriens, avaient péri dans une attaque contre un convoi de camions-citernes transportant du carburant dans une zone désertique du centre de la Syrie.
« L’EI a récemment intensifié ses attaques (…) dans un message ayant pour objectif d’assurer que le groupe est toujours présent et actif malgré la mort de ses dirigeants », a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, au nom de l’OSDH.
Depuis 2019, quatre chefs de l’EI ont été successivement tués. Le 3 août, la formation extrémiste avait annoncé la mort du dernier en date, et la nomination d’un successeur. Selon le groupe terroriste, il avait été tué par un groupe jihadiste qui lui est hostile et qui contrôle la province d’Idleb, dernier bastion rebelle dans le nord-ouest de la Syrie.
La semaine passée, l’agence syrienne officielle Sana avait fait état de la mort du correspondant de la chaine de télévision syrienne privée Sama, et de deux éléments de l’armée dans l’explosion d’un engin piégé sur la route menant dans la province de Deraa au sud du pays.
En parallèle, une nouvelle explosion a secoué samedi, la ville pétrolière d’Al-Shaddadi, au sud du gouvernorat de Hassaké, dans l’est de la Syrie, où se trouve l’une des plus importantes bases américaines illégales. La veille, la même base a été l’objet d’une explosion qui a détruit un dépôt de munitions.
Des sources locales de cette province ont déclaré à l’agence russe Sputnik que la détonation de l’explosion était très forte et des panaches de fumée se sont élevées du site. Elles ont ajouté que l’explosion s’est produite dans un grand entrepôt de munitions et d’armes dans un camp adjacent à l’emplacement de la base d’occupation US qui a été touchée par des fragments de la grande explosion. Il appartenait aux cadres du Parti des travailleurs du Kurdistan qui dirigent la milice des Forces démocratiques syriennes (FDS). Il y aurait des pertes humaines et matérielles importantes au sein du site, selon des informations confirmées.
Les causes de l’explosion n’ont pas été explicitées… Samedi, le branle-bas de combat été constaté au niveau des bases US au sud de l’Irak où une noria d’hélicoptères était constatée.
A rappeler que quelques jours plus tôt, depuis le palais Muhajirin à Damas, Bachar al-Assad, président syrien, est notamment revenu sur les causes du conflit. « On aurait pu éviter cette guerre en respectant les conditions qui nous ont été imposées de l’étranger mais cela voudrait dire délaisser les intérêts et la souveraineté syrienne », a-t-il expliqué à la chaîne émiratie Sky News Arabia mercredi 9 août, précisant que ce n’était pas lui qui était visé mais bel et bien la Syrie.
Interrogé par le journaliste sur les raisons des morts au sein de la population civile syrienne, le chef d’Etat a rétorqué en pointant du doigt la responsabilité de « celui qui a financé et soutenu les terroristes ». Des sources estiment entre 160 et 300 000 civils ayant péri depuis 12 ans. Malgré la relative accalmie dans la majeure partie du territoire syrien, B. al-Assad a estimé que les conditions n’étaient pas encore réunies pour le retour des réfugiés. La question des Syriens résidant en Turquie (3,5 millions), en Jordanie (1,8 million) et au Liban (environ 1,6 million) est devenue de plus en plus problématique. « Comment le réfugié syrien peut-il rentrer avant que l’eau, l’électricité et les écoles ne soient disponibles pour ses enfants ? », s’est-il interrogé. Au cours de l’interview, B. al-Assad a abordé sa relation avec les pays arabes en évoquant « des visites officielles et des communiqués ». « Mais nous ne voulons pas résoudre les vrais problèmes », a-t-il ajouté, insistant sur le fait qu’il n’attendait rien « des Arabes ». Il a à ce titre déclaré que la Ligue arabe n’était pas « une vraie institution ». Des propos durs alors que Damas a réintégré l’organisation en mai dernier, signant là une véritable victoire symbolique après en avoir été chassé. Concernant la normalisation avec la Turquie, nonobstant les contacts de plus en plus directs avec des officiels turcs, le président syrien n’a pas mâché ses mots. « Le terrorisme est une création turque », a-t-il lâché. « Le front al-Nusra, Ahrar Shaam, etc., sont différentes dénominations pour un seul groupe. Ils ont tous été créés par la Turquie et ils sont à l’heure actuelle financés par la Turquie », a dénoncé B. al-Assad. Le leader syrien a par ailleurs rejeté l’idée d’une rencontre avec son homologue turc. « Il n’y aura pas de rencontre avec Erdogan sous ses conditions tant que la Turquie n’aura pas retiré toutes ses forces de Syrie », a-t-il précisé. Les forces turques sont toujours présentes dans le nord-ouest du pays et entretiennent des relations officieuses avec des groupes djihadistes.
Pour ce qui est des négociations avec Israël, le chef d’Etat syrien a été clair : tant qu’il n’y aura pas de restitution du Golan, « il n’y aura pas de résultats ». Il a rappelé par ailleurs qu’il se tenait aux côtés « de chaque partie palestinienne qui défend ses droits ». B. al-Assad a également évoqué le problème des sanctions. Malgré le poids des mesures coercitives imposées par Washington, « le Caesar Act n’est pas le principal problème, nous avons trouvé des solutions pour le contourner », précise-t-il. Selon le président syrien, c’est « la destruction » des infrastructures et « l’image d’une Syrie en guerre » qui empêcheraient les investissements étrangers.