Les entretiens entre les deux parties ont été qualifiés par l’agence MAP d’ « approfondis » alors que le porte-parole de la diplomatie égyptienne s’est félicité, dans une déclaration à la presse, « des relations fraternelles entre les deux pays et les deux peuples frères », soulignant « l’importance de l’effort commun pour développer les relations bilatérales distinguées entre les deux parties et les orienter vers des horizons plus larges dans tous les domaines. » Il a également mis l’accent sur l’impératif de « la coordination et la coopération sur les dossiers d’intérêt commun afin de réaliser les intérêts des deux pays », selon les médias égyptiens.
Le porte-parole a indiqué que les deux ministres ont échangé leurs points de vue sur un nombre de sujets, « comme la crise libyenne, les développements actuels au Soudan, ainsi que la question des eaux du Nil, la situation dans la Corne de l’Afrique, et le maintien de la sécurité et de la stabilité sur le continent africain en général et dans la région du Sahel et du Sahara en particulier ».
A l’issue des entretiens N.Bourita et B. Abdel Ati, au Caire, le Maroc et l’Egypte ont annoncé la tenue « dans les meilleurs délais de la quatrième session du mécanisme de dialogue, de coordination et de consultation politique et stratégique ». La dernière édition de ce cadre de partenariat entre les deux pays a été organisée en mai 2022 à Rabat.
Ces entretiens interviennent deux semaines après le déplacement du maréchal Birhanu Jula Gelalcha, chef d’état-major des armées de l’Ethiopie, à Rabat, pour une visite de plusieurs jours (25 au 29 août). Séjour qui a soulevé bien interrogations en Egypte. Certes Le Caire ne l’a pas commenté officiellement mais des analystes égyptiens ont abordé le réchauffement des relations entre Rabat et Addis-Abeba avec préoccupation. « Le timing de ce rapprochement n’est pas un bon signal », a estimé Yasser Al-Hawari, universitaire égyptien au micro du site de la chaîne américaine Al Hurra. « Les autorités marocaines devraient peut-être fournir à l’Egypte des explications sur sa position concernant le rapprochement à ce moment précis, et pourquoi l’Ethiopie ? Malgré l’absence d’intérêts communs entre les deux pays », s’est-il interrogé. De son côté, France 24 arabic a consacré le 2 septembre toute une émission sur les « préoccupations égyptiennes », à l’instar de la chaîne allemande DW arabic.
N. Bourita avait déjà assuré, en mai 2022 à Rabat, à Sameh Shoukry, son ancien homologue égyptien, « le plein soutien du Maroc à la sécurité hydrique de l’Egypte en tant que partie intégrante de la sécurité hydrique arabe, appelant à l’abandon des politiques unilatérales en rapport avec les fleuves internationaux et l’engagement envers le droit international », y compris l’accord de principes signé en 2015 en ce qui concerne le remplissage et l’exploitation du barrage de la Renaissance en Ethiopie.
La nouvelle page dans les relations entre le Maroc et l’Ethiopie, pays qui reconnait encore la fantomatique république sahraouie a commencé bien avant la visite du maréchal Birhanu Jula Gelalcha. En juin dernier, une délégation des Forces armées royales (FAR), a fait escale à Addis Abeba sans pour autant susciter d’interrogations au Caire. Plus, le 20 mai 2024, la 1ère session des consultations politiques entre le Maroc et l’Ethiopie, coprésidée par Fouad Yazough, directeur général au ministère marocain des Affaires étrangères, et Mesganu Arga, ministre d’Etat éthiopien aux Affaires étrangères, a eu lieu dans la capitale éthiopienne.