Un papier d’analyse produit par l’ECFR sous le titre « Le labyrinthe du Maghreb : harmoniser les politiques européennes divergentes en Afrique du Nord » revient sur tous les défis économiques et surtout de politique extérieure des Etats membres de l’Union européenne vis à vis du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie.
Le Royaume est présenté comme un pays posant des défis aux Etats européens, notamment grâce à ses acquis diplomatiques sur la question du Sahara. « Il devient plus difficile pour les Européens d’équilibrer le soutien à la Tunisie avec la pression pour améliorer son traitement des migrants et entreprendre des réformes économiques significatives, pour empêcher le Maroc d’utiliser son influence pour obtenir des concessions sur le Sahara occidental et pour encourager l’Algérie vers une plus grande ouverture économique », résume ainsi l’auteur.
Avec le Maroc, « les Européens doivent empêcher le pays de poursuivre une campagne constante visant à accroître les concessions sur le Sahara occidental », indique le papier d’analyse. Il ajoute en ce sens que la prochaine décision d’appel de la CJCE sur l’inclusion du Sahara dans les accords commerciaux et de pêche avec l’UE sera déterminante pour les relations entre les deux parties. La décision pourrait provoquer une crise si elle allait à l’encontre du Maroc et de la Commission européenne, rappelle l’analyse qui estime que malgré tout, il sera à l’avantage de l’Europe que cette décision soit défavorable aux intérêts du Maroc.
Au niveau des relations françaises avec le Maroc en particulier, elles ont connu une période de turbulences ces dernières années, rappelle la publication, soutenant que l’une des raisons en est la position de la France sur le Sahara. « Après que Trump ait modifié la position américaine sur le territoire, la France s’est cristallisée comme le prochain prix à poursuivre par le Maroc dans sa campagne visant à consolider sa revendication de souveraineté », affirme l’analyse.
Et de rappeler que la France est depuis longtemps l’un des plus fervents partisans européens de la solution proposée par le Maroc. Les dirigeants français ont toujours décrit ce plan comme « une base sérieuse et crédible » pour résoudre le différend, mais ce choix de mots, qui semblait autrefois pencher en faveur du Maroc, semble désormais faible par rapport aux positions des États-Unis reconnait l’institut de recherche.
Concernant l’Allemagne, la même source affirme qu’elle « attache une grande importance aux relations avec le Maroc, compte tenu de la stabilité de ce dernier et de sa relative ouverture à la coopération commerciale ».
Par ailleurs, la publication reconnait que la réticence de l’UE à provoquer une crise avec le Maroc « témoigne de l’habileté diplomatique du pays à devenir un partenaire efficace pour l’Europe ». Outre ses liens étroits avec l’Espagne et la France, le Maroc est allé plus loin que ses voisins pour diversifier son économie, attirer les investissements européens et adopter les énergies renouvelables. Le partenariat sur l’énergie verte conclu avec l’UE en octobre 2022, le premier du genre, est destiné à servir de modèle pour les futurs accords. Le partenariat vise à renforcer la coordination des politiques et à favoriser les projets verts. Le Maroc abrite déjà l’une des plus grandes centrales solaires à concentration au monde.
En somme, soutient l’institut de recherche, « l’Europe s’affaiblit dans ses relations avec le Maghreb en poursuivant (une) approche fragmentée », appelant ainsi que les États membres de l’UE aient leurs propres intérêts à défendre, tout en s’encadrant dans une vision européenne plus large pour leur donner un avantage.
« L’approche actuelle risque de permettre aux dirigeants nord-africains de prendre le dessus dans des relations bilatérales axées sur leurs intérêts. Mais les relations variées de la France, de l’Italie, de l’Espagne et de l’Allemagne avec les pays du Maghreb pourraient devenir une source de force pour l’Europe si elles étaient mieux harmonisées », conclut l’auteur.