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Réfugiés éthiopiens tués à la frontière yéménite : Ryad nie toute implication

L'ONG Human Rights Watch accuse les garde-frontières saoudiens d'avoir tué, depuis l'an dernier, des centaines de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer en Arabie saoudite en passant par sa frontière avec le Yémen. Ryad dément.
Réfugiés éthiopiens tués à la frontière yéménite : Ryad nie toute implication

Dans un rapport de 73 pages, l’ONG dénonce la situation de centaines de milliers d’Éthiopiens empruntant la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen.

L’ONG s’appuie sur des entretiens effectués avec 38 migrants ayant tenté de pénétrer en Arabie saoudite depuis le Yémen. Ils évoquent la présence d’« armes explosives », des tirs à bout portant de la part des gardes-frontières saoudiens qui demandent aux Éthiopiens « sur quelle partie de leur corps, ils préféreraient que l’on tire ».  Des survivants racontent comment ils ont été emmenés dans des camps de détention, frappés à coups de pierre. Un jeune homme affirme avoir été forcé de violer deux filles de 15 ans pour ne pas être exécuté.

Des images satellites, des vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources » viennent étayer les témoignages des Éthiopiens. On peut y voir des personnes fuyant à travers les montagnes, certaines sont blessées. Il s’agit, selon l’ONG, de migrants éthiopiens qui ont quitté leur pays pour des raisons économiques ou parce qu’ils se sentaient en danger.

Les autorités saoudiennes contestent les faits rapportés par l’ONG. « Les allégations contenues dans le rapport de Human Rights Watch selon lesquelles des garde-frontières saoudiens auraient tiré sur des Éthiopiens traversant la frontière entre l’Arabie saoudite et le Yémen sont infondées et ne reposent pas sur des sources fiables », a déclaré à l’AFP une source gouvernementale saoudienne. Le meurtre « généralisé et systématique » des migrants éthiopiens pourrait même constituer un crime contre l’humanité, estime HRW.

Les États-Unis se sont alarmés lundi du rapport de l’ONG et ont appelé à une enquête saoudienne. « Nous avons fait part de nos inquiétudes concernant ces allégations au gouvernement saoudien, a précisé un porte-parole du département d’État. Nous appelons les autorités saoudiennes à conduire une enquête approfondie et transparente et à respecter leurs obligations en vertu du droit international. »

Le rapport de Human Rights Watch est « très inquiétant », a déclaré un porte-parole de l’ONU, notant toutefois qu’il est difficile de « confirmer » ces allégations. Le rapport porte « des accusations très graves. Je sais que notre bureau des droits de l’Homme est au courant de la situation et a eu des contacts mais il est très difficile pour eux de confirmer la situation à la frontière », a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, soulignant que d’une manière générale, « empêcher les migrations avec le canon d’un fusil est intolérable ».

L’année dernière, l’ONU avait fait état de tirs d’artillerie transfrontaliers et des tirs d’armes légères par les forces de sécurité saoudiennes ayant tué 430 migrants dans le sud de l’Arabie saoudite et le nord du Yémen durant les quatre premiers mois de 2022.

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